Jeudi 16 mai, la direction de la sécurité informatique de Facebook a procédé à l’élimination de 256 comptes dont les activités suspectes ciblant plusieurs pays d’Afrique, y compris la Tunisie, sont avérées. Gare alors à la propagation de fausses informations, la plus redoutable mais aussi dangereuse arme de la guerre électorale
Parmi les principales règles du journalisme figure le recoupement des informations dans l’objectif de vérifier la véracité de l’info dont dispose le journaliste. Le but ultime est de respecter et garantir le droit universel d’accès à une information juste. Cependant, à l’ère du numérique, la profusion des sources de l’information peut parfois donner le vertige. De surcroît l’absence de contrôle et de régulation des réseaux sociaux — qui par ailleurs optent pour leur autorégulation moyennant les outils technologiques et les techniques avancées pour endiguer le fléau de la désinformation — a laissé la porte ouverte à toutes les parties qui veulent s’en servir pour en faire un moyen de manipulation de masse. Monsieur Tout-le-Monde ne sachant plus à quel saint se vouer est devenu, de facto, en proie aux allégations et fourberies en tous genres. Dès lors, une instrumentalisation politique de ces outils de communication, notamment lors des périodes électorales dans le but d’induire à souhait l’opinion publique en erreur, peut s’avérer dangereuse dans la mesure où elle affecte l’environnement concurrentiel des élections qui doit être transparent et équitable. Au final, les résultats peuvent être biaisés, les électeurs pris dans le piège de la désinformation relatée et partagée sur les réseaux sociaux se trouveraient trahis par eux-mêmes. Certes, certains peuvent invoquer le fait qu’en période de compétition électorale, tout est permis. Cependant, dans de telles circonstances la logique du « perdre ou gagner » de la démocratie serait en déperdition. La Tunisie, n’échappant plus à la règle, est désormais en proie aux maux et répercussions dangereuses de la désinformation.
Compter sur les professionnels du journalisme
Selon un communiqué publié par Facebook le 16 courant, la direction chargée de la sécurité informatique a procédé à l’élimination de 256 comptes Facebook et Instagram, en l’occurrence des pages, des groupes et des événements impliqués dans un « comportement inauthentique coordonné » dont les activités se sont focalisées sur plusieurs pays en Afrique, dont la Tunisie. Le communiqué précise que ces activités suspectes sont en provenance d’Israël. Le communiqué cite à titre d’exemple un groupe inscrit sur Facebook baptisé « Stop à la désinformation et aux mensonges en Tunisie ». Ironie du sort : la page se veut une référence anti-système pour combattre la désinformation ! Pour Facebook, ce n’est pas une première, d’autant plus qu’à la suite de l’affaire « Cambridge Analytica » où le fondateur du magnat de la communication digitale a été accusé, lors de l’élection présidentielle qui a eu lieu en 2017 aux Etats-Unis, de laisser fuiter des données personnelles d’une dizaine de millions d’utilisateurs au profit d’une entreprise spécialisée dans l’influence politique. En perte de repères, le citoyen peut toujours compter sur les professionnels du journalisme, même si, à l’heure actuelle, ils ont du pain sur la planche pour reconquérir sa confiance.