L’annulation a été décidée suite à un accord conclu avec la présidence du gouvernement sur certains points litigieux concernant essentiellement l’amélioration de la situation professionnelle et matérielle du secteur des médias.
La grève générale dans le secteur de la presse, prévue aujourd’hui 10 décembre, n’aura finalement pas lieu. Ce jeudi, journalistes et médias ne vont certainement pas débrayer, continuant ainsi à mettre le citoyen au cœur de l’actualité lui fournissant l’information dont il a besoin. L’annonce a été, ainsi, faite par le Snjt, lors d’un communiqué rendu public mardi dernier. Et cette annulation fut, donc, décidée, suite à un accord convenu avec la présidence du gouvernement sur certains points litigieux concernant essentiellement l’amélioration de la situation professionnelle et matérielle du secteur des médias. Un secteur qui n’a pas, jusque-là, trouvé son compte, du fait des difficultés structurelles et financières dont il souffre, il y a maintenant dix ans.
Mais, qu’en est-il au juste ? «Au terme d’un cycle infernal de négociations-marathons qui se sont déroulées entre le gouvernement et le Snjt, on arrive, enfin, à avoir des promesses de trouver une solution», déclare à La Presse, Mohamed Yassine Jelassi, président du Snjt, sans pour autant oublier de faire valoir le soutien apporté par les autres structures de la profession. C’est pourquoi, poursuit-il, la conférence prévue, hier mercredi, sur les derniers préparatifs pour ladite grève a, également, été annulée. Soit 48 heures avant le jour J. «Et tant mieux pour nous, car les rounds de négociations, étendues sur des mois, n’ont pas été aussi aisés, sans coup férir», se félicite-t-il, soulignant que pas mal de revendications exprimées ont été adoptées. Elles seraient satisfaites, d’ici les mois à venir. Et là, faut-il le noter, un ultimatum de deux mois a été donné pour publier, au Jort, la convention-cadre de la corporation, après l’adéquation de son contenu avec les statuts des établissements médiatiques. Cette mise au point est confiée à une commission ad hoc, regroupant toutes les parties concernées, qui s’engage à finaliser ses travaux dans un délai ne dépassant pas les deux mois. Cette convention-cadre est censée réglementer le secteur et fixer les droits de ses professionnels (Smig, primes, horaires de travail, couverture sociale et durée des congés..). Ce qui pourrait donner aux médias une bouffée d’oxygène.
Des acquis tant attendus
Et ce n’est pas tout. Il y a, aussi, d’autres points sur lesquels les deux parties négociatrices se sont aussi mises d’accord. Elles ont convenu que le poste de l’attaché de presse dans tous les établissements publics soit exclusivement confié aux journalistes diplômés de l’Ipsi (Institut de presse et des sciences de l’information). Bonne nouvelle à nos amis Ipsistes dont le chômage n’a que trop duré ! L’accord en question, conclu à l’arraché, prévoit également la régularisation de la situation de trente six (36) journalistes et photographes dans les médias publics. Il a, de même, été décidé d’accélérer le processus de cession des médias confisqués, à la seule condition de garantir les droits sociaux et économiques des journalistes qui y travaillent. Tout en rattachant la radio Zitouna à la radio tunisienne, d’ici avant mai 2021. Cette dernière aura, bientôt, un nouveau PDG à sa tête, et dont la nomination doit prendre en considération l’avis de la Haica. Autre point sur lequel on a convenu, la création, tant attendue, de l’agence nationale pour la gestion de la publicité publique, en vertu d’un décret gouvernemental. Sans perdre de vue, ici, l’organisation, prochainement, d’une conférence nationale ayant pour objet les politiques publiques dans le secteur de l’information. Pour ce faire, on doit s’y préparer, dès maintenant. «Justement, les réunions préparatoires commencent à avoir lieu, depuis ce mois, à l’initiative du Snjt, en partenariat avec le Syndicat général de l’information, la TAP, Snipe – La Presse, la Télévision et la Radio nationales», annonce M. Jelassi.
L’engagement du gouvernement ?
Tous ces acquis, écrits noir sur blanc, font, déjà, partie des mesures annoncées par l’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed, lors de sa visite en janvier dernier au siège du Snjt à Tunis. Depuis, tout a été suspendu, sans délais impartis. Et il fallait jouer les prolongations pour que ces dernières négociations aient, finalement, abouti. «Il s’agit, pour ainsi dire, d’un accord de principe qu’on estime fructueux», a-t-il, ainsi, jugé. Ceci étant, sa mise en œuvre dépend, tout bonnement, de la crédibilité du gouvernement et son engagement à passer à l’action. «Sinon, nous allons revenir à la charge jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites», menace, en conclusion, le président du Snjt. On parle, ici, d’une grève suspendue et non pas annulée à jamais.