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Télés ramadanesques: prime impression

Ramadan et sa télé. Nos excuses, d’abord, à «vision plus» et à notre collègue Neïla Gharbi, mais nous y allons, nous aussi, de notre prime impression. Nous «empiétons». Pardon.
Le topo, qui ne le connaît ? Des années qu’il se réitère sous nos yeux. A coups de feuilletons, de sitcoms, de pub alimentaire, de guerre d’audimat. Des années que nous nous répétons, quant à nous. Nous critiquons les programmes, les programmations. Nous plaignons les téléspectateurs. Nous déplorons les «indigestions». Le neuf dissimulé sous l’ancien.

A la longue, on se fait, plus ou moins, à l’idée que la critique et la télé poursuivent des objectifs différents. Simple :la télé ramadanesque ne s’entend plus que de commerce. Alors que la critique vise à l’Art, à l’éducation, au loisir, au bon goût.  Simple, mais, à ce jour encore, pas évident.

La vérité est que, de ce côté comme de l’autre, on «nuance», on «maquille», on rechigne à la clarté. Les feuilletons et les sitcoms, par exemple, sont présentés comme des créations. Sur le papier à la rigueur. Au petit écran, loin s’en faut.

Il y a le découpage par épisodes. «Maestro» et «nouba» en souffrent, tout particulièrement. En version film, sans les longueurs forcées, ils auraient sûrement mieux valu. Il y a les coupures publicitaires qui nuisent à tout le monde. A fortiori à la perception commune. Le large public a déjà du mal à suivre de prétendues «comédies» («El bacha» ou «Nana», qu’est-ce donc que tout ça ?)il faut encore imposer la «malbouffe» à nos petits et à nos aînés. Les médecins n’arrêtent pas de le dire, c’est un vrai danger pour la santé !

Il y a, surtout, un paysage télévisuel encombré, où les horaires et les diffusions s’emmêlent, où la saturation menace à tout bout de champ. Au final, l’aspect culturel et artistique est bradé, tronqué, faussé. Plus l’enjeu économique augmente, plus les produits doivent céder à l’ argent.

La critique, elle-même, est amenée à faire des concessions. Elle devient un peu plus malléable. Elle se fait moins exigeante sur les contenus, et plus favorable au «divertissement».
Le divertissement  est «l’excuse» qu’une certaine critique trouve à la télé ramadanesque. C’est lui qui explique que les chroniqueurs «trop hilares» et les publics « trop amusés» sévissent davantage, à chaque saison. Et c’est, hélas, en en «annoblissant», outrageusement, «le concept», que l’on justifie ce qu’il y a de moins supportable dans la télévision de ramadan :cette programmation touffue, abracadabrantesque, ces plateaux futiles et ces sitcoms creuses, ces «culinaires», hors de prix, qui sont une véritable offense pour le couffin citoyen. Cette concurrence sauvage, enfin, entre des chaînes dont l’existence  entière semble dépendre des seules «grâces» d’un tout petit mois. Allez !  A toutes et à tous, bonne continuation.

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