Accueil Sport Dossier du Lundi Alain Giresse se livre sur le Team Tunisie : «Encore quelques places à prendre»

Alain Giresse se livre sur le Team Tunisie : «Encore quelques places à prendre»

Le timonier national a récemment évoqué quelques dossiers en cours. Cinq mois après sa prise de fonction, l’ex-champion d’Europe 84 fait un premier bilan d’avant CAN: «Comme je l’ai dit lorsque je suis arrivé, j’ai pris une équipe déjà affûtée. Dans d’autres pays, j’ai eu à entraîner des équipes à construire ou à reconstruire. Là, c’est une équipe déjà en place. Qu’on le veuille ou non, quand une équipe fait une Coupe du Monde, c’est que l’ossature forme un tout cohérent. Ensuite, on peut débattre de cette participation en Coupe du Monde. Je suis d’accord pour dire que ça n’a pas été un triomphe, mais c’est loin d’être catastrophique.
Dans un groupe avec les deux demi-finalistes (Belgique et Angleterre), c’était compliqué. Cette équipe-là a une âme. Il faut continuer à la faire progresser».

Un onze notoire
« En débarquant en Tunisie, je connaissais bien le championnat national. Les équipes tunisiennes brillent dans les compétitions africaines et le dernier exemple en date est l’épopée de l’ES Tunis.
Le championnat tunisien a une valeur indiscutable.
Au niveau de la sélection, je suis bien placé pour en parler. J’ai rencontré quelquefois la Tunisie en match officiel avec le Sénégal ou le Gabon par exemple en 2010. Quand on se dit qu’on va jouer la Tunisie, ce n’est absolument pas une partie de plaisir. On se dit que l’on va jouer contre une équipe solide, bien en place. La Tunisie a la qualité de faire déjouer ses adversaires.
Elle a une reconnaissance. Et c’est exactement ce que j’ai dit aux joueurs. Je leur ai dit, vous ne savez pas ce que vous représentez lorsqu’on joue contre vous ! Je peux le dire car j’ai connu ce cas.
Et aujourd’hui, je suis à la tête d’une équipe qui a une certaine représentativité ».

L’EST, un club structuré, le CA une place forte
« Volet niveau du football local, je pense que l’EST évoluerait en Ligue 1 française sans aucun problème. Pas forcément jouer les premiers rôles, mais elle tiendrait sa place au milieu de tableau. C’est une équipe avec des arguments structurée.
Il y a d’autres clubs très intéressants comme l’ES Sahel, Sfax ou Bizerte. Le Club Africain est un peu plus en difficulté ces derniers temps mais ça reste une place forte. Ce sont des clubs avec des histoires et des valeurs en Tunisie. Chapitre agenda du Team Tunisie, nous allons commencer tranquillement début juin. Le programme tiendra compte de toutes les fins de championnat de nos joueurs. Certains ont déjà arrêté, et pour d’autres, il reste quelques jours encore. L’Espérance Tunis joue par exemple la finale de la Ligue des Champions le 31 mai. Il faudra s’organiser en fonction. Ensuite, nous avons déjà trois matchs amicaux programmés : l’Irak (07/06), la Croatie (11/06) et le Burundi (17/06). Il faudra faire une préparation qui convient aux états d’après-saison de tous les joueurs. Concernant la liste des 23 à retenir pour la CAN, on va dire que sur 23, j’arrive à 19/20 joueurs. La suite se joue à quoi ? A très peu de choses finalement. Pour le reste, je ne vais pas choisir au hasard. Je ne vais pas m’appuyer que sur du sportif pour sélectionner les deux ou trois joueurs restants. Il y aura l’aspect tactique, les complémentarités…On a deux joueurs du milieu blessés. Ben Amor s’est fait les ligaments croisés, c’est terminé ! Sassi a été victime d’une fracture, mais il sera opérationnel. Il a été opéré mais le temps presse. On a récupéré Msakni également ces derniers mois. Il a joué quelques matchs depuis janvier, c’est important pour le rythme ».

Des joueurs réceptifs au système
« Pour ce qui est du onze type, pour les grandes lignes, bien sûr, je sais qui sera aligné. Il y a également la question du système de jeu. Par exemple, on a joué en Algérie (défaite 1-0) un match amical en 4-4-2 que la Tunisie pratique peu. L’équipe a parfaitement fonctionné dans ce schéma-là car on avait très bien travaillé avant, et les joueurs étaient impliqués. Cela veut dire que les joueurs sont réceptifs au système de jeu. Quand on les met au poste qu’il convient, les joueurs sont capables de démontrer leur valeur. Ils ne sont pas bridés ».

« On encaisse trop sur coups de pied arrêtés»
« Maintenant, je veux aussi que mes joueurs soient portés par de l’engagement, de la détermination, de l’agressivité. Je me suis assis et j’ai pris les matchs de 2017 et 2018. 13 matchs en 2017, 13 matchs en 2018. 32 buts encaissés. 11 sur coups de pied arrêtés ! C’est beaucoup trop. Je leur ai demandé de faire attention à ça. Si on élimine déjà trois ou quatre buts sur coups de pied arrêtés, vous allez voir qu’il y aura plus de succès. Cela veut dire qu’il y a un manque d’agressivité et de détermination. Je leur ai dit qu’ils m’auront continuellement sur le dos, aux entraînements, aux matchs, dans le quotidien. Je veux de l’exigence. L’état d’esprit, les joueurs l’ont mais il faut le décupler. De point de vue individuel maintenant, si je dois aborder la question relative au poste de N°9, je dirais que ça dépend ce que l’on entend par n°9.
On va par exemple prendre l’exemple de Wahbi Khazri qui est passé N°9 ces derniers temps. Ce n’est pas un attaquant de fixation comme on dit mais un attaquant de pointe avec une forme de liberté. Pourquoi s’en priver ? Pourquoi se brider à un schéma bien précis d’un attaquant ? Si vous n’avez pas de joueur qui correspond au profil, style Giroud, eh bien on joue avec des joueurs avec beaucoup de mobilité, qui offrent des solutions avec autant d’efficacité. Passons maintenant aux valeurs montantes.
J’ai fait venir Wajdi Kechrida. Un très bon latéral droit. Il a intégré l’équipe nationale comme s’il avait toujours joué en sélection.
Il a été formé à Nice. Il a un sacré bagage tactique. Il était vraiment à l’aise. Ensuite, il y a les joueurs déjà reconnus à l’instar de Badri ou Ben Mohamed par exemple. Volet objectif en Egypte maintenant, ça ne sera pas facile car tous les gros sont là. Et vous allez voir que durant cette CAN, les affiches des 8es de finale seront supérieures à celles des quarts, voire des demies. Prenons le cas de la Tunisie. Si on se qualifie pour les 8es, on a de très grandes chances d’affronter le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Cameroun. Je comprends aussi que les supporters tunisiens n’acceptent plus de s’arrêter tout le temps en quarts. Il faut voir les conditions de ces éliminations aussi. En 2015, face à la Guinée Equatoriale, on ne peut pas dire que la responsabilité incombe aux joueurs ou au staff (ndlr : problème d’arbitrage). Et ce problème-là peut exister dans ce genre de compétition. Ce faisant, pour revenir à un angle personnel, c’est vraiment très agréable de vivre en Tunisie. Et que dire des conditions de travail ? La Fédération nous met tout à disposition avec beaucoup de moyens et de très bonnes infrastructures. Même si les Tunisiens sont très portés sur leur club, lorsqu’il faut supporter la sélection, ils sont présents. Quand les circonstances réclament de la mobilisation, les Tunisiens sont là. Pour revenir à nos cibles à l’étranger, volets joueurs sélectionnables, il y a toujours des démarches en cours. On travaille beaucoup avec la Fédération. Dans tous les pays, c’est compliqué. L’Algérie est confrontée à ce problème avec Aouar par exemple. J’ai été coach du Sénégal, Koulibaly (Naples) je l’ai espéré pendant deux ans, il y est maintenant. Baldé aussi. Au Mali, j’ai aussi espéré Sako, il n’est venu qu’après. En Tunisie, on parle beaucoup de Yan Valéry (Southampton). Yan Valéry a joué avec les équipes nationales françaises. Pour le moment, on est dans l’attente. Peut-être que dans un an, deux ans, il viendra. Le contact et le suivi sont toujours maintenus. Et ça, c’est important pour que le joueur ait un jour le déclic et vienne. Le plus bel exemple, c’est Jérémy Morel. Il va faire la CAN avec Madagascar. Tout d’un coup, il prend conscience qu’il peut participer à une grande compétition. Lui, c’est différent car il avait mis l’équipe de France de côté. Pour les jeunes qui ont espoir de jouer avec les Bleus, c’est plus compliqué. Ce sont tout de même des gens qui sont nés en France, en Italie, en Espagne, il ne faut pas l’oublier. En tant que sélectionneur, ça fait partie de ma démarche d’essayer de rencontrer et de discuter avec les probables renforts.

Fierté et ambition
Pour conclure, je dirais enfin qu’au sein du groupe de joueurs, il faut des éléments qui se connaissent. Je les ai tous mobilisés pendant les deux matchs au mois de mars. J’ai dynamisé l’équipe en leur disant de bien prendre conscience de qui ils sont. Je veux qu’ils sachent que ce n’est pas facile d’affronter la Tunisie. J’ai essayé de leur mettre ça dans la tête. Concrètement, ça veut dire quoi ? Cela signifie que chacun qui porte ce maillot doit avoir cette fierté et cette ambition.
Source: Bein Sport France

Charger plus d'articles
Charger plus par La Presse
Charger plus dans Dossier du Lundi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *