A Kairouan, il y a une centaine de vachers et presque autant d’abattoirs clandestins à domicile ou ailleurs. Ainsi, 50% de l’abattage des animaux sont illégaux.
En général, on a recours à l’abattage clandestin pour échapper aux taxes municipales, ainsi qu’à la saisie des vétérinaires (en cas de maladie de l’animal, de son âge ou de son poids, non conforme à la législation).
Ainsi, on livre aux consommateurs de la viande non contrôlée et souvent avec un estampillage falsifié, ce qui constitue un danger pour la santé du citoyen.
Cela sans oublier le fait que plusieurs bouchers exposent leur marchandise en plein air, les vitrines frigorifiques n’étant là que pour le décor. Evidemment, la police municipale et le service d’hygiène infligent souvent des amendes et saisissent la viande non estampillée, mais les infractions perdurent.
Notons que l’abattoir communal, situé au quartier Dar El Amen, souffre de beaucoup de maux avec des égouts débordés, des lavabos et des échaudoirs cassés, des chambres froides, dont le circuit électrique est défectueux, des grillages et des vitres brisés.
Par ailleurs, dans l’immense hangar où on procède à l’abattage et au dépeçage des veaux et des moutons, on constate que les carcasses sont suspendues à des crochets.
En outre, on a enregistré récemment le vol d’équipements et d’un groupe électrogène et trois ouvriers travaillant au sein de cet abattoir ont été arrêtés.
Ainsi, comme l’éclairage est défectueux, des clochards s’y introduisent la nuit pour des soirées de beuverie et laissent, avant de quitter les lieux, leurs bouteilles vides et leurs excréments. C’est pourquoi, tous les voisins se plaignent des mauvaises odeurs et de l’environnement souilé de cet abattoir qui n’est pas relié au réseau de l’Onas.
En outre, comme l’abattoir ne dispose pas de camions frigorifiques pour le transport, les rares bouchers qui osent encore abattre leurs animaux dans ce lieu insalubre où tout est en panne et où des quantités de viande sont volées fréquemment, utilisent leurs propres moyens pour le transport des carcasses de viandes de l’abattoir aux boucheries, et ce, dans des conditions lamentables avec des véhicules vétustes non frigorifiés, sans crochets. Il y a de quoi devenir végétarien.
Il va sans dire que toutes les mauvaises conditions d’hygiène facilitent la prolifération du kyste hydatique et incitent les bouchers à recourir à d’autres moyens, même illégaux, pour abattre leurs animaux.
D’ailleurs, il y a une dizaine d’années, l’abattoir recevait huit veaux et une centaine de moutons par jour; aujourd’hui, il ne reçoit plus qu’un ou deux veaux et une dizaine de moutons.