L’Observatoire national de l’énergie et des mines a publié, récemment, le bilan relatif au secteur énergétique et minier pour les onze premiers mois de 2020. Usant d’une démarche comparative, le présent bilan met en exergue la baisse sensible qu’a connue ce secteur aussi bien sur le plan de la production que sur celui de la demande.
Des variables ont été, en effet, observées suite, notamment, aux répercussions fâcheuses de la pandémie du Covid-19, qui a commencé à peser lourd sur l’économie nationale, d’une manière générale, et sur le secteur des énergies, en particulier. D’autant plus que la fermeture de la vanne a causé une chute faramineuse de la production pétrolière.
En effet, le bilan de l’énergie primaire à fin de novembre 2020 montre un déficit de 4,6 Mtep contre 5,2 Mtep en 2019. Quant au taux d’indépendance énergétique — comptabilisation de la redevance prise en compte — , il est de 43% contre 41% en 2019. Il faut dire que les ressources d’énergie primaire ont chuté de 2%, par comparaison à 2019 ; une baisse qui revient à la diminution de la production du pétrole brut et du GPL primaire. Rappelons que la production du pétrole et celle du gaz naturel assurent, à elles seules, 83% des ressources d’énergie primaire ; l’électricité n’en représente que 1%. Les indicateurs propres à 2020 montrent que le pétrole contribue aux ressources énergétiques primaires à raison de 41%, le gaz national 42%, la redevance du gaz algérien 12%, le champ GPL et l’usine de Gabès 4%.
Fermeture de la vanne et chute de la production
Si la production nationale de pétrole brut constitue un pilier fondamental aux ressources d’énergies primaires, il n’en demeure pas moins évident que la décroissance de cette production influe largement sur la dynamique du secteur. A fin novembre 2020, elle n’a été que de 1 406 kt, enregistrant une baisse de 8%. Cette décroissance au niveau de la production revient à la fermeture de la vanne d’El Kamour et, par conséquent, à la baisse — sinon à la suspension — de la production dans plusieurs champs pétroliers, à savoir El Borma, Adam, Oudzar, Anaguid-Est, Durra, Djebel Grouz et Cherouq. Cet incident aux conséquences désastreuses à été à l’origine de la baisse de la production moyenne journalière, qui est passée de 35,6 mille barils par jour en novembre 2019 à 32,5 mille barils par jour en novembre 2020. Cela dit, la production durant le mois de novembre 2020 a, tout de même, grimpé de 20% par rapport à octobre 2020 tout en marquant une régression de l’ordre de 6% par rapport à novembre 2019.
Pour les ressources en gaz naturel, elles ont atteint 1 903 ktep, enregistrant une augmentation de 4% par rapport à l’année précédente, et ce, grâce à l’apport des champs Nawara, Barka et Baguel Tarfa, ainsi qu’à l’augmentation de la redevance du transit du gaz algérien de 11%. La production du gaz commercial sec a augmenté de 3%. Le forfait fiscal sur le transit du gaz algérien de l’Algérie vers l’Italie via la Tunisie a chuté en raison de la baisse de la demande italienne due à la pandémie. Cela dit, une amélioration a été observée à partir du mois de juillet.
Une demande en régression
La demande en énergie primaire a connu, elle aussi, une chute de 8% en une année (novembre 2019/ novembre 2020). La demande en gaz naturel a baissé de 5% et celle des produits pétroliers, de 11% pour se limiter à seulement 3 670 ketp. Le présent bilan justifie la baisse de la demande par les répercussions de la pandémie du coronavirus. Le confinement général a eu droit de la baisse de la demande en essences (-1%), en gasoil (-8%), en jet (-67%) et en coke de pétrole (-11%).
Aussi, la demande a-t-elle dégringolé en avril, enregistrant une chute de 39%. Et ce n’est qu’en juin qu’elle a repris une trajectoire ascendante marquant une hausse de seulement 2% ; une amélioration qui s’est sitôt estompée pour enregistrer, en septembre, une baisse de 9%. Cela dit, plusieurs produits pétroliers ont repris la courbe à partir du mois d’août 2020, comme le pet coke (+3%) en août et (+12%) en septembre. La demande en essence a augmenté de 9% en septembre et de 6% en octobre 2020. Quant à la demande de production de l’électricité, elle a diminué de 3%. Pourtant, il s’agit bel et bien de l’activité la plus demandeuse en gaz. En 2020, elle a accaparé 77% de la demande totale en gaz.
Baisse de l’import/export
Idem pour les échanges commerciaux qui ont sensiblement chuté. Les exportations des produits énergétiques ont enregistré une baisse de 38%. Quant aux importations, la baisse a été de 39%. Encore faut-il noter que les importations des produits pétroliers ont diminué de 21% en quantité et de 48% en valeur, et ce, par comparaison avec les chiffres recueillis durant la même période en 2019. Même l’acquisition du gaz algérien a diminué de 9%. Les achats en gaz naturel ont baissé de 35% en une année. De même pour l’approvisionnement en gaz naturel, qui a régressé de 5% pour se situer à 4 446 ktep en 2020. Néanmoins, le déficit de la balance commerciale est passé de 6 902 MDT en 2019 à 4 227 MDT en 2020, soit une diminution de 39%. Ce résultat, quelque peu rassurant, revient à plusieurs facteurs, dont la baisse du Brent de 36%, la réduction du prix moyen du gaz algérien, ainsi que par une légère revalorisation du dinar tunisien. La demande totale de gaz a enregistré une baisse de 5% en une année. Celle de l’électricité de 2%.
Ajustement des prix
Parallèlement à la baisse et de la production et de la demande, on constate une tendance baissière des prix des énergies. Les mesures d’ajustement des prix, prises dans l’optique d’épouser les variables des prix à l’échelle internationale, ont impacté les prix des combustibles. On note -6% pour le gasoil ordinaire, -10% pour le gasoil sans soufre et -7% pour l’essence sans plomb.