La présidente du Parti destourien libre (PDL) a tenu hier une conférence de presse à l’ARP dans laquelle elle condamne clairement les violences nocturnes de ces derniers jours et réclame à l’exécutif toute la vérité sur les émeutes.
Abir Moussi a tenu l’exécutif pour responsable de la situation actuelle. Rappelant que le Chef du gouvernement avait limogé le ministre de l’Intérieur à un moment délicat. Pour elle, le large remaniement ministériel opéré samedi était inopportun.
« C’est un renversement manifeste ! Un remaniement opéré un samedi après-midi durant un confinement général et sans évaluation préalable menée avec le Parlement. Des parties ont défié et violé les règles qu’ils ont eux-mêmes imposées, ils parlent d’évaluation profonde alors que rien n’a eu lieu au sein du Parlement. Alors soit ils ont fait cette évaluation en comité restreint au bureau de Mechichi ou alors au domicile de Ghannouchi mais pas à l’Assemblée. Si c’était pour combler des vacances, c’est une chose, mais changer une dizaine de ministres sans discussion préalable est clairement un renversement. Ce renversement concerne aussi le dialogue national initié par l’Ugtt, qui n’a visiblement pas pris part à ce remaniement, car quel sens au dialogue maintenant qu’un remaniement est opéré ? », a-t-elle déclaré.
Par ailleurs, la simultanéité des incidents nocturnes et les modes opératoires identiques utilisés dans ces émeutes sont pour elle des faits troublants qui pourraient cacher la volonté de certains partis de semer la zizanie.
Selon elle, «l’utilisation» des mineurs est très douteuse, sachant qu’ils ne peuvent être tenus pour responsables de leurs actes. Sans accuser nommément aucune partie, la présidente du PDL affirme que c’est le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, également en sa qualité de ministre de l’Intérieur par intérim, qui devra s’expliquer devant les parlementaires sur les dessous de cet épisode violent.
Abir Moussi a estimé que ce qui s’est passé relève du crime organisé, allant même jusqu’à faire le parallèle entre les événements des deux derniers jours et les soulèvements, dix ans plus tôt, contre le régime de Ben Ali.
Abir Moussi rappelle que certaines sources avaient évoqué des véhicules suspects qui distribuaient de l’argent aux manifestants. Pour elle, les autorités tunisiennes doivent pouvoir mener l’enquête et remonter à la source.
La cheffe du PDL, qui se positionne dans l’opposition, a indiqué qu’à Hammam Sousse, les locaux du parti ont été pris pour cible dans le seul et unique but de vandaliser les lieux.
Lors de cette conférence de presse, Abir Moussi, qui ne cesse de monter dans les sondages, a repris ses thèmes favoris, notamment l’impératif d’exclure de l’échiquier politiques ceux qu’elle qualifie de «Ikhwen» (frères musulmans), en référence au parti Ennahdha et ses « satellites », principalement la coalition Al Karama.
Elle a notamment appelé les partis démocrates à adopter la déclaration politique du parti qui vise à exclure le parti Islamiste, quitte à le faire sans le PDL.