Quid de la culture

La distance de «classe» a-t-elle été effacée après, une fois la révolution aux commandes? Malheureusement non. Et la raison paraît simple: à ce jour encore, ni les arts n’ont adopté la révolution et ni la révolution n’entend se préoccuper de culture. Le plus vraisemblable reste, toutefois, que la révolution elle-même n’est plus reconnaissable.

La question peut surprendre. Dans les faits et sur ses bases, la Révolution tunisienne a été et demeure essentiellement sociale et économique. Jeunesse au chômage et régions déshéritées. Ce fut son déclencheur en décembre 2010 et janvier 2011. Ce l’est toujours puisque rien n’a bougé depuis.

Liberté? Dignité? Démocratie? Évidemment, cela a compté. Et cela compte encore. Mais dans quelle mesure, jusqu’à quel point? Avec quel apport, quel bénéfice? Les sondages disent que pour près de 70% de nos compatriotes cela n’équivaut plus, hélas, qu’à  des «slogans».

Que  dire alors des arts et des artistes? Du lien avec le monde de la culture ?

Il y a eu l’avant et l’après.

Souvenons-nous d’abord des premières «manifs» à Tunis et dans les grandes villes. Elles furent en majorité  syndicales, ouvrières, populaires. Peu, très peu, d’intellectuels et d’artistes, jusque lors de «la finale» de l’avenue Bourguiba. Pourquoi ? L’élite artistique et culturelle tunisienne ne percevait probablement pas tout à fait le poids et la gravité des événements. Sa «défaillance» avait néanmoins une cause première. Le dictateur déchu détestait la culture, mais il octroyait habilement des faveurs à sa gente. On le découvre peut-être sur le tard, sous Ben Ali plein d’artistes et d’intellectuels vivaient plutôt à l’écart des problèmes du peuple. Cela expliquera, en partie, leur éloignement au moment de la révolution.

La distance de «classe» a-t-elle été effacée après, une fois la révolution aux commandes? Malheureusement non. Et la raison paraît simple : à ce jour encore, ni les arts n’ont adopté la révolution et ni la révolution n’entend se préoccuper de culture. Le plus vraisemblable reste, toutefois, que la Révolution elle-même n’est plus reconnaissable.

N’ayant en rien tenu promesse et ayant accumulé les échecs. Politique, économie, société. Les piliers matériels du pays. Les valeurs se perdent dans ces conditions, et dans le mauvais sillage, a fortiori, les talents et les idées. L’immatériel précieux. Notre culture, aujourd’hui.           

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