Le Centre des études économiques et sociales et de la compétitivité des entreprises en Tunisie (Itceq) a pris soin de récapituler les principaux classements internationaux de la Tunisie non sans note positive. « Top 50 réalisable » anticipe aussi bien sur le potentiel tunisien, surtout en matière d’avancée législative, qu’en progrès scientifique.
Selon le classement Doing business 2020, la Tunisie occupe la 78e place à l’échelle mondiale. Elle est classée deuxième en Afrique du Nord, devancée par le Maroc. Elle préserve pour la deuxième année consécutive la cinquième place à l’échelle africaine. Cependant, elle a perdu trois rangs au bout d’une année à l’échelle arabe puisqu’elle se positionne en 8e place alors qu’elle était classée cinquième. Ces classements reviennent à d’importants efforts fournis dans l’optique d’améliorer sa compétitivité. Des réformes ont été établies afin de rendre plus facile la création d’une entreprise tout en réduisant les frais. Le critère de la transparence propre à l’administration foncière a été renforcé par la publication de statistiques de suivi des transactions immobilières. D’autant plus que la mise en place d’un système de contrôle fiscal basé sur les risques a donné plus d’assurance aux entreprises. Aussi, la Tunisie est-elle passée la vitesse supérieure en matière de création d’entreprises et de consolidation du climat des affaires. Et pour preuve : elle a gagné 44 positions en termes de création d’entreprises, 45 positions en termes d’obtention de permis de construire, 22 positions en matière de protection des investisseurs, 25 positions en matière de paiement des impôts et des taxes ainsi que 11 positions au niveau du commerce transfrontalier. Néanmoins, la Banque mondiale insiste sur des mesures efficientes, à même de booster la compétitivité de la Tunisie à l’échelle mondiale et régionale. Pour ce, elle appelle à la mise en place de nouveaux mécanismes de financement, notamment des bureaux privés de crédits. Elle recommande aussi l’incitation des entreprises « au recours à l’arbitrage lors de la résolution des litiges ». Pour mieux épauler les nouveaux entrepreneurs, il convient de raccourcir des délais de raccordement des nouvelles entreprises à l’électricité. La Banque mondiale recommande en outre « l’amélioration des procédures de redressement judiciaire et la participation des créanciers à la prise de décision dans le processus de règlement de solvabilité », «l’amélioration des pratiques commerciales internationales et la facilitation des opérations d’import et d’export dans le port de Radès » en renforçant la performance de la Société tunisienne d’acconage et de manutention. Investir dans l’infrastructure portuaire devrait être le mot d’ordre pour une dynamique commerciale internationale plus fructueuse car plus compétitive.
Corruption : beaucoup reste à faire !
Pour ce qui est de l’indice de perception de la corruption 2020, l’on constate que le classement International Transparency place la Tunisie au 74e rang sur une liste de 180 pays. Pour la deuxième année consécutive, notre pays préserve un score insuffisant de 43/ 100, sachant que tout score inférieur à 49/100 classe le pays en question parmi les « démocraties imparfaites ». Manifestement, la Tunisie n’a, jusque-là, franchi que des pas théoriques ou plus explicitement législatifs en matière de lutte contre la corruption. Ainsi, International Transparency recommande de soutenir les institutions chargées de maintenir l’équilibre des pouvoirs et de garantir leur indépendance. Il convient aussi de mettre en œuvre les textes législatifs anti-corruption, de consolider le rôle des ONG. D’un autre côté, la liberté d’expression et celle des médias doivent être respectées et échapper ainsi à toute forme d’oppression.
La Tunisie : «Essentiellement non libre » sur le plan économique
D’après le classement de « The heritage foundation » en termes d’indice Economic freedom 2020, la Tunisie est classée 125e, perdant ainsi trois places en une année et 29 places par rapport à 2018. Elle est classée 9e à l’échelle arabe et 21e à l’échelle africaine. Son score est de 55,8/ 100, ce qui l’aligne parmi les pays « essentiellement non libres ». Certes, notre pays a franchi des pas notables en matière d’éthique et de transparence. L’on note l’instauration du Code de conduite pour les agents publics, la Loi sur l’éthique et la protection des annonceurs d’alertes, la Loi d’accès à l’information, celle portant sur la déclaration du patrimoine et autres initiatives d’importance certaine. Sans oublier les mesures prises dans le but de booster le climat des affaires et encourager à l’investissement. Cependant, des lacunes persistantes sont à combler. The Heritage Foundation souligne dans ce sens les lacunes relatives à la politique budgétaire. La fondation appelle à la « rationalisation des dépenses gouvernementales, au renforcement du contrôle fiscal, à l’élargissement du champ d’application de la TVA et à l’abandon du régime forfaitaire ». Elle recommande l’instauration d’un système judiciaire qu’elle veut « solide et indépendant ». Selon la fondation, la lutte contre toute atteinte à l’intégrité doit, désormais, être le souci de tous. Aussi, est-il indispensable d’implanter des mécanismes de dénonciation à l’échelle nationale. L’insertion du secteur informel dans le circuit économique s’impose.
2e à l’échelle mondiale en matière de diplômés en sciences et ingénierie
Manque de transparence, corruption et économie dépendante, la Tunisie se trouve face à des challenges colossaux. Toutefois, elle se distingue par un créneau qui lui vaut une réputation honorable à l’échelle mondiale. En effet, d’après l’Indice Global Innovation 2020, notre pays est classé 65e, alors qu’il occupait le 70e rang en 2019. En termes d’indice d’innovation, la Tunisie est 2e à l’échelle arabe, 3e au niveau africain grâce notamment à un score de 31,21. Elle doit sa place à « l’amélioration des domaines relatifs aux outputs de l’innovation, et recule pour ceux relatifs aux intrants de l’innovation ». Bon nombre d’indicateurs montrent l’avancée de la Tunisie dans le domaine scientifique et de l’innovation technologique, dont celui relatif à « la facilité de démarrer un projet », lequel a permis à la Tunisie de décrocher la 18e place, alors qu’elle était classée 53e en 2019. Le volet éducation représente le point fort de la Tunisie avec un score de 66/100, grâce auquel elle est classée 9e à l’échelle mondiale. Notre pays a été classé 2e à l’échelle mondiale en matière de « diplômés en sciences et ingénierie ». Quant à l’indicateur « création du savoir », il a valu à la Tunisie la 38e place alors qu’elle était classée 60e en 2019. Il est clair que le potentiel tunisien en matière d’innovation scientifique et technologique mérite d’être promu et renforcé. Pour ce, il convient, selon Global Innovation, de miser sur la liberté de création, sur une meilleure structuration du « tissu économique en se basant sur la haute technologie ». Il serait judicieux d’orienter l’éducation vers les filières scientifiques et innovantes et miser sur des partenariats et des coopérations équilibrés.