Ramadan est un mois exceptionnel au cours duquel la vie sociale s’intensifie à travers des sorties et des visites et où l’exubérance nocturne succède à l’abstinence diurne.
Kairouan a toujours réservé au mois saint une ambiance particulière et un accueil privilégié. En fait, Ramadan est traité comme un invité de marque qu’on tient à accueillir avec les honneurs dus à son statut de mois sacré pour lequel on s’évertue à assurer les meilleures conditions de séjour dans une sorte de procession du corps et de l’esprit.
C’est pourquoi il faudrait découvrir la capitale aghlabide au mois du carême quand elle s’anime toute entière dans la foi et la ferveur, les cérémonies religieuses, les traditions culinaires ancestrales, les vieilles familles et les activités culturelles pluridisciplinaires.
De ce fait, nul ne peut rester insensible à l’ambiance religieuse de la Médina, aux prêches dans les différentes mosquées, aux réunions devant les vieilles échoppes, aux rencontres amicales dans les cafés et aux soirées intimes à la maison où on partage, avec tous les membres de la famille, les plaisirs de la table et les feuilletons télévisés. Des moments exceptionnels parce que tellement rares durant les autres mois de l’année.
Cela sans oublier le «tabbel» qui, à l’approche de l’aube, réveille les citoyens au son du tambour afin qu’ils prennent leur collation du «shour» avant l’imsek et la prière d’El Fitr.
Frénésie d’achats
Outre les coups de canon quotidiens, l’un pour annoncer le début du jeûne, le second pour annoncer sa fin, on aime bien écouter les hauts-parleurs des mosquées et la diffusion d’extraits du Coran.
Ramadan implique également un changement de rythme dans la vie des Kairouannais, sobres pendant la journée et de bonne humeur le soir dans les souks et les différents quartiers où il se passe toujours un événement festif… D’ailleurs, la plupart des commerçants changent leurs horaires de travail, réduisant leur activité diurne et font la grasse matinée afin d’être en forme le soir où le nombre de clients augmente au fur et à mesure qu’approche le 15e jour de Ramadan. Et comme on cède facilement aux envies de toutes sortes dont celle de s’approvisionner en sucreries, on constate un regain d’activités dans les pâtisseries et les boutiques de zlabia, de mkhareq et de makroudh dont les artisans sont très habiles dans le métier.
Tables de rupture du jeûne
Par ailleurs, beaucoup d’associations de bienfaisance et d’ONG ainsi que l’Utss s’emploient à organiser, durant le mois saint, des tables de rupture du jeûne et à distribuer des couffins de denrées alimentaires aux familles nécessiteuses. En outre, on organise des cérémonies de circoncision au Mausolée Sidi Sahbi, au profit d’enfants issus de familles démunies.
Quant aux jeunes hommes, ils rendent visite à leurs fiancées, à l’occasion de la Nuit du destin et leur offrent des cadeaux de valeur. Bref, Ramadan est un mois exceptionnel au cours duquel la vie sociale s’intensifie à travers des sorties et des visites et où l’exubérance nocturne succède à l’abstinence diurne. Notons que pour le Ramadan de cette année, dont on a déjà nommé les odeurs, les préparatifs pour cette belle échéance ont commencé il y a plusieurs semaines.
Ainsi beaucoup de commerçants et de familles ont badigeonné leurs locaux et leurs maisons et renouvelé leur vaisselle. En outre, tous les ustensiles en cuivre ont été étamés. Et malgré la cherté de la vie, la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat, on continue de pérenniser toutes les traditions ramadanesques même si on doit s’endetter. D’où cette frénésie d’achats de produits alimentaires, de toutes sortes, et de condiments afin de préparer des mets spéciaux et authentiques dont la chorbet frik, les hlalems, le sorgho, la bssissa, les fruits secs, les épices en grains moulus…
A part cela, en prévision du mois saint, plusieurs réunions ont eu lieu au siège du gouvernorat en vue du bon déroulement de ce mois sur tous les plans. Ainsi, des commissions ont été constituées afin de s’occuper des nombreuses mosquées qui connaissent une vaste campagne de rénovation et d’embellissement et de définir le programme détaillé des activités socio-culturelles et religieuses. En outre, les responsables régionaux de la direction régionale du commerce, l’Utap et l’Utica ont mis en œuvre une stratégie visant à éviter toute pénurie surtout en ce qui concerne les produits de base, tels que les fruits, les légumes, les laitages, les œufs, les viandes et les poissons. Et des quantités supplémentaires d’huiles végétales subventionnées seront distribuées aux industriels spécialisés dans le conditionnement et aux commerçants, tout en luttant contre la contrebande, sachant que 70% des bénéficiaires l’utilisent dans les restaurants et les pâtisseries.
Neziha MAnsour
13 avril 2021 à 10:56
Machallah. Ramadan Mabrouk.l