Accueil A la une Grève des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique : « Les médecins n’ont plus le moral !»

Grève des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique : « Les médecins n’ont plus le moral !»

Il est 10 heures du matin au centre de vaccination d’El Menzah, mais la vaccination est complètement à l’arrêt. En cause, une grève des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique, qui s’étalera a priori du 3 au 5 mai.

Dans les autres centres de vaccination, la situation n’est pas meilleure. Ainsi, à la maison des jeunes de Khaznadar, des personnes âgées, inscrites sur Evax.tn, qui ont reçu un SMS les informant qu’elles peuvent se faire vacciner aujourd’hui, lundi, n’ont pas été averties de la grève et ont fait le déplacement. Un cafouillage qui risque de mettre à mal la campagne de vaccination sujet d’ailleurs à de multiples critiques.

« Avec son refus manifeste d’écouter nos revendications, le gouvernement nous met dans une situation très délicate, nous confie Noureddine Ben Abdallah, secrétaire général du syndicat des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique. Nous savons que la situation est délicate »

Malgré l’appel du Chef du gouvernement qui a demandé aux médecins de ne pas abandonner leurs postes en ces temps difficiles, ces derniers ont estimé que le gouvernement ne voulait pas écouter leurs revendications. Samedi, la réunion de négociation avec la partie gouvernementale a échoué. Parmi les points d’achoppement, la révision du décret gouvernemental fixant le cadre général du régime des études et des conditions d’obtention des diplômes, la création d’une prime des pandémies ainsi que la titularisation des médecins temporaires. Sur l’ensemble de ces points, la partie syndicale affirme qu’aucun avancement n’a été observé.

Revenant sur les dessous de la réunion qui s’est tenue samedi, Noureddine Ben Abdallah a révélé que les négociations ont duré près de 9 heures. « Nous aurions pu quitter plutôt, car il nous paraissait clairement que la partie gouvernementale n’était pas sérieuse dans sa démarche », a-t-il indiqué à La Presse.

Il a également révélé que la ministre chargée de la Fonction publique, Hasna Ben Slimane, n’avait pas suffisamment connaissance du dossier. Selon lui, la réunion de samedi intervient après les échecs répétés  des négociations avec le ministère de la Santé.

« Les médecins souffrent énormément, jour après jour, nous sommes en train de perdre nos collègues en raison de la Covid. Moi-même, j’ai attrapé le virus et je l’ai transmis à toute ma famille. Nous sommes en première ligne et le gouvernement ne prend pas au sérieux nos  efforts au quotidien », s’est insurgé le secrétaire général du syndicat des médecins, médecins dentistes et pharmaciens de la santé publique.

Les médecins dénoncent notamment la détérioration des conditions de travail et l’absence de moyens de protections à l’intérieur des établissements sanitaires. « Nous sommes complètements démunis », crient les médecins.

Pour le syndicat, la problématique est structurelle. « Le personnel de santé n’a plus le moral », prévient Noureddine Ben Abdallah. Il précise que les médicaments sont souvent indisponibles pour les hypertendus, et même pour les malades psychiatriques, et que les prises de rendez-vous avec les médecins dans les établissements publics deviennent quasiment impossibles vu l’énorme pression.

Le ministère de la Santé, dans un communiqué, a estimé que la grève des médecins était malvenue, à l’heure où la situation sanitaire est critique. Par ailleurs, le ministère indique que les pourparlers doivent se poursuivre dans le but  de trouver une solution.

Un communiqué qui jette de l’huile sur le feu dans cette crise entre les médecins du secteur publique et le gouvernement.  « Ce communiqué est provocateur ! C’est une honte pour le ministère de la Santé qui, au lieu d’apaiser les choses, fait le choix de l’escalade, et prend pour témoin les citoyens », s’étonne le SG du syndicat.

Le syndicat indique cependant que la grève sera maintenue pendant trois jours tant que le gouvernement n’est pas disposé à négocier.

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