Remède pour l’économie, le vaccin contre le covid-19 est un espoir qui grandit chaque jour un peu partout dans le monde pour une éventuelle relance qui frémit déjà. Même s’il n’est pas la solution ultime contre le virus, ce vaccin pourrait être une arme décisive pour appuyer la reprise. Car la situation socioéconomique a atteint des seuils fatidiques faisant perdre aux experts et politologues leurs repères, tellement les cartes sont brouillées et les pistes de sortie de crise improbables.
Parce que le salut de notre économie —et de beaucoup de nos PME et TPE— passera aussi par le vaccin, parce que c’est lui qui permettra le redémarrage de toutes les activités et d’éviter un maximum de faillites, les chefs d’entreprise doivent se mobiliser pour jouer leur part dans la campagne de vaccination qui est en cours de déploiement en Tunisie, contribuer à la libération de la machine économique et l’assistance des secteurs sinistrés.
La crise sanitaire continue d’impacter les sphères économique, financière et sociale aussi bien en Tunisie qu’au niveau mondial après la découverte de nouveaux variants. Des pans entiers de l’activité économique restent désormais tributaires de la maîtrise de la pandémie. Les opérateurs économiques souffrent toujours, particulièrement ceux opérant dans le tourisme, la restauration… Et tout cela se reflète sur les statistiques du marché du travail, avec une augmentation du chômage et de l’inactivité. De même, le retard des campagnes de vaccination au sein de l’Europe a pesé sur la reprise économique en Tunisie, et particulièrement sur le secteur touristique.
Risque de retarder la reprise
La relance de l’économie tunisienne en 2021 est intimement liée au bon déroulement de la campagne de vaccination. Ainsi, la course vers l’atteinte de l’immunité collective sera déterminante pour cette reprise. Son ralentissement, couplé à l’aggravation de la situation sanitaire dans le monde et au renforcement des mesures de restrictions, risque de retarder la reprise espérée au cours du deuxième semestre. Sachant que le ralentissement de la campagne de vaccination, l’apparition de nouveaux variants dans le monde et les décisions depuis des mois de fermeture des frontières qui se sont ensuivies ont affecté les prévisions de croissance pour 2021.
Ainsi, l’espoir d’une reprise durant le deuxième semestre, comme avancé par la Banque mondiale ou encore le FMI, se retrouve aujourd’hui hypothéqué par cette guerre mondiale autour des vaccins et le grand déséquilibre entre l’offre mondiale et la demande.
La campagne de vaccination massive permettrait également de préparer également le terrain pour la prochaine saison touristique estivale. Sachant qu’il y a des milliers de personnes qui travaillent directement ou indirectement dans ce secteur. L’accélération de la campagne touristique permet aussi de redonner confiance aux touristes qui viendront visiter notre pays.
Par ailleurs, avec une campagne massive de vaccination, les projections d’avenir des acteurs économiques vont certainement connaître une modification propice à la relance économique aussi bien en matière d’investissement, de production et d’embauche qu’en ce qui concerne la consommation et l’épargne des ménages.
En conséquence, des secteurs aussi importants que les activités industrielles, le tourisme et le transport peuvent retrouver graduellement leur niveau normal de fonctionnement.
Certains experts économiques estiment qu’avec la campagne de vaccination contre le covid-19 et pour que la relance soit rapide et permette de compenser la contraction de l’activité économique, «il est fondamental d’œuvrer à alimenter efficacement les moteurs de la croissance dans une logique de long terme et de résilience durable de l’économie nationale».
Pour autant, cette position ne doit pas occulter l’enjeu fondamental qui est de raccourcir au maximum la période de vaccination pour aider l’économie nationale à sortir de cette crise dans les meilleurs délais. Car plus on tarde, plus la facture économique devient exorbitante et le coût social difficilement supportable. A travers ces campagnes de vaccination, un brin d’optimisme va certainement s’installer, autorisant des comportements économiques favorables à la relance souhaitée. Au-delà, il s’agit de déployer de véritables mesures d’accompagnement financier afin de faire bénéficier les entrepreneurs tunisiens des mécanismes de financement en vigueur. Il est question aussi d’assurer, au tissu entrepreneurial tunisien, les conditions favorables d’accès aux différents marchés nationaux et locaux. Globalement, les entreprises tunisiennes ont besoin d’accompagnement de bout en bout, spécifiquement celles nouvellement créées en marge de la crise sanitaire ou celles de petite taille (Très Petites Entreprises, Petites Entreprises et Microentreprises).
Une accélération s’impose
Dans la course à la vaccination, le temps c’est de l’argent. La reprise économique de l’Union européenne prévue pour 2021 dépend du succès de sa campagne vaccinale, car l’immunité collective ouvrirait la voie à la levée des restrictions.
L’UE fait ainsi face à «un retard de cinq semaines sur le front de la vaccination». Si ce retard n’est pas compensé, «il pourrait coûter près de 90 milliards d’euros à l’économie européenne en 2021».
Par ailleurs, les vaccins contre le covid-19 sont la clé de voûte de la reprise de l’économie, de l’investissement et de la consommation. «Pour permettre une reprise durable au second semestre 2021, les pays de l’UE doivent vacciner les populations à risque d’ici la mi-2021,
Cela permettrait un assouplissement des restrictions sanitaires sans mettre en péril les systèmes de santé. Au rythme actuel de la vaccination, l’immunité collective ne serait atteinte que fin 2022». La vaccination est une course entre les puissances économiques. Celle qui remportera cette course et retrouvera donc la première un fonctionnement normal «sera récompensée par un puissant rebond de la consommation et des investissements au second semestre de l’année 2021, pendant que les retardataires resteront empêtrés dans la crise et devront en assumer les coûts économiques et politiques».
En plus de coûter cher, le retard au niveau de la vaccination pourrait entraîner une perte de confiance considérable dans le projet européen. Pour l’Ocde, pour sauver non seulement les entreprises mais aussi leurs emplois, il est essentiel que la vaccination avance vite. Certains entrepreneurs se mobilisent déjà pour anticiper à leur niveau un dispositif de vaccination de leurs équipes, dans la continuité des démarches qu’ils ont mises en place pour leurs collaborateurs concernant la vaccination. «Une reprise économique mondiale est en vue, mais pour aller de l’avant, nous avons besoin d’un déploiement plus rapide et plus efficace de la vaccination dans le monde entier».