A l’instar de quelques évènements spéciaux, les spectateurs se ruent moins pendant le Ramadan sur cette activité. Seule une poignée de cinéphiles tentent de se démarquer de cette ambiance ramadanesque pesante : pour beaucoup, travailler, hiberner chez soi ou dans un café reste un bon moyen d’esquive. Pourtant, sous d’autres cieux, le monde vit au rythme des sorties ciné-mondiales, du festival de Cannes, des productions françaises Disney ou Marvel. Et à Tunis, on ne passe pas à côté : des projections se passent dans la journée, certaines salles veillent jusqu’à après minuit en passant en boucle un bon nombre de films. Du Palace au Colisée, en passant par Cinémadart, le Zéphyr ou l’Agora, entre autres, tous sont à jour.
«Long Shot» de Jonathan Levine : une comédie romantico – politique
«Séduis-moi si tu peux ! » en langue française décoiffe et marque le grand retour de l’indétrônable Charlize Theron aux côtés de Seth Rogen, un comédien qui ne cesse de faire les beaux jours des comédies américaines actuellement. D’une durée de 2 heures, et signé Jonathan Levine, le film suit les traces d’un journaliste au chômage qui, lors d’une soirée mondaine, retrouve «Charlotte Field» (Theron), une femme admirée et influente issue de la classe politique des Etats-Unis et qui concourt à la présidentielle… Field n’est autre que l’ex-baby-sitter de Fred (Rogen), des années auparavant. Les retrouvailles se passent tellement bien au point que la présidente en devenir l’embauche pendant sa campagne en tant que reporter / journaliste / rédacteur. La complicité est indéniable et à travers le monde, les deux tourtereaux survivront à un nombre incalculable de situations comiques. Mais une femme promise à un si grand avenir se laissera-t-elle séduire par un homme aussi débraillé et déglingué que Fred ? Cette comédie, dont on devine la fin dès le départ, est 100% divertissante et est soutenue par l’interprétation magistrale de Theron. Le démarrage tardera à se faire, mais les spectateurs finiront par se plaire dans ce film décapant et 100% américain.
«Le chant du loup» d’Antonin Baudry : piège en eaux troubles
Distribué par Hakka Distribution, le dernier long métrage de guerre d’Antonin Baudry, en salle en France depuis février, intrigue par son titre et par son casting masculin 5 étoiles : la nouvelle coqueluche française en tête d’affiche François Civil, aux côtés d’Omar Sy, Matthew Kassovitz qui marque son grand retour, Reda Kateb et la jeune Paula Beer. Cette immersion en sous – marin dans une guerre fictive nucléaire (sur le point d’avoir lieu) provoque claustrophobie, suspense, étouffement, sueurs froides. Un jeune homme a le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. A bord d’un sous-marin nucléaire français, tout repose sur lui, sur le surnommé «l’Oreille d’Or».
Réputé infaillible, il commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Il veut retrouver la confiance de ses camarades mais sa quête les entraîne dans une situation encore plus dramatique.
Dans le monde de la dissuasion nucléaire et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège. Le film, entièrement réalisé pour de vrai dans un sous marin-nucléaire français avec de vraies simulations, parvient à tenir en haleine jusqu’au bout grâce à ses acteurs. Le spectateur cependant risque de perdre le fil des idées pendant le film à force d’être submergé par un jargon militaire difficilement saisissable. « Le chant du loup » commence par une citation d’Aristote : «il existe 3 types d’hommes: les vivants, les morts et les hommes qui sont en mer»… : le réalisateur n’a pas fait de cette citation un usage parachuté : il a su mettre en exergue les valeurs humaines des sous-mariniers d’une manière réaliste et juste.
«The Dead don’t Die» de Jim Jarmusch : passez votre chemin
Dernier long métrage en date de Jim Jarmusch, distribué aussi par Hakka Distribution et projeté au festival de Cannes le 14 mai courant, ce film (inclassable) est bien parti pour la palme d’or du pire navet de l’année. Une histoire de zombies … Le film se dote d’un casting large : Tilda Swinton, Bill Murray, Iggy Pop, Selena Gomez, Chloé Sevigny ou encore Tom Waits pour ne citer que ces têtes d’affiche… insuffisantes pour combler ce vide scénaristique abyssale. Suite à un phénomène spatial rare, la fin du monde est déclenchée, voire accélérée par la résurrection de morts-vivants. Les habitants d’une petite ville américaine s’organisent pour mieux lutter contre cette menace. Le film manque de peps, d’action, parfois de cohérence. Le spectateur peut se dire que l’univers de Jarmusch doit être toujours aussi décapant, distingué, comme une sorte de dimension parallèle : Il est pendant 1heure 44, en attente … d’une intrigue. Mais dans son dernier film, l’ennui prend aussitôt le dessus, ponctué par des scènes gores de morts-vivants peu originales, dénuées de sens. L’histoire n’a pas eu lieu : beaucoup peuvent penser qu’il s’agit bien d’une réalisation qui se réfère au capitalisme, à cette ère technologique toxique, à une déshumanisation que nous vivons actuellement… Le rapprochement n’était pas décelable. On est si loin de «Only Lovers Left Alive» !
Le dernier volet de la série «Avengers : Endgame» continue de drainer du public en salles, et la magie Disney de «Dumbo» opère également toujours autant. «La voie normale», le documentaire tunisien d’Erige Sehiri est également à découvrir.
