Accueil Economie Culture biologique : Vers la renaissance d’une agriculture authentique

Culture biologique : Vers la renaissance d’une agriculture authentique

La Tunisie, reconnue pour sa riche tradition agricole, vit aujourd’hui une véritable mutation avec l’essor de l’agriculture biologique. Selon les chiffres de 2024, le secteur affiche une croissance encourageante, s’inscrivant comme une solution durable aux pratiques conventionnelles. Toutefois, derrière cet optimisme se cachent des défis importants, tant en production que dans la commercialisation et l’exportation.

La Presse — La Tunisie est le premier pays du marché des produits agricoles biologiques d’Afrique du Nord. Selon une note sur le secteur agriculture biologique en Tunisie publiée par l’Onagri en août dernier, les oliviers occupent la part la plus importante avec 67,5 % du total de la superficie, les forêts et parcours 27,8 %, les dattes  1,2 %, l’arboriculture 0,8 %. D’après la même source, le nombre d’opérateurs s’élève à 7.928 et le total de la production issue de l’agriculture biologique est estimé  à 883,142 mille t. Kairouan est le principal gouvernorat producteur de produits bios  avec un taux de 52,8 %.

Des pratiques respectueuses des écosystèmes

Avec 227.582 ha consacrés à l’agriculture biologique, la Tunisie se positionne comme le leader en Afrique du Nord. Bien au-delà d’une simple donnée statistique, ce chiffre illustre un engagement du pays en faveur d’un modèle agricole respectueux de la nature. Il démontre l’importance de ce secteur dans le développement d’opportunités économiques majeures. Elyès Khouadja, expert agronome, explique : « Le climat méditerranéen serait propice à la culture de nombreuses variétés végétales, allant des oléagineux aux agrumes, en passant par une large gamme de légumes et de céréales. Cette diversité agro-climatique permet aux agriculteurs de diversifier leurs productions et d’exploiter des techniques agricoles adaptées aux spécificités locales. La culture biologique, qui repose sur des pratiques respectueuses des écosystèmes,  trouve naturellement sa place dans ce contexte, offrant une solution aux méthodes de production intensives qui mettent souvent en péril la qualité des sols et la biodiversité ».

Dans le but d’encourager les privés à jouer un rôle plus important au niveau de l’investissement agricole dans le domaine de l’agriculture biologique, plusieurs mécanismes d’incitation à l’investissement ont été mis en place comme le décret gouvernemental n°2017-389 du  9 mars 2017, relatif aux incitations financières au profit des investissements réalisés dans le cadre de la loi de l’investissement (Jort N° 25-28 mars 2017).

Des structures d’appui

Il est à rappeler aussi que plusieurs structures et organismes ont été créés pour mieux superviser, encadrer et promouvoir l’agriculture biologique, notamment la commission nationale de l’agriculture biologique, la direction générale de l’agriculture biologique, le centre technique de l’agriculture biologique, le centre régional de recherche en horticulture et en agriculture biologiques, l’Institut de la recherche et de l’enseignement supérieur agricole, l’Agence de vulgarisation et de la formation agricoles, l’Apia, la Fédération nationale de l’agriculture biologique, sans oublier les groupements interprofessionnels, les centres techniques dans le domaine agricole et les offices.

Khouadja mentionne, d’autre part, que la superficie dédiée à l’agriculture biologique témoigne également des politiques publiques volontaristes en matière d’agroécologie. « Les 227.000 ha ne représentent pas seulement une surface cultivée, ils constituent un véritable levier de développement économique et social. En favorisant des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, la Tunisie ouvre la voie à une agriculture qui valorise la qualité des produits et la traçabilité. Cette approche attire une clientèle de plus en plus soucieuse de son alimentation, tant sur le marché local qu’à l’exportation ».

D’après lui, sur le plan de l’emploi, le développement de l’agriculture biologique permet également de créer de nouvelles opportunités dans les zones rurales, contribuant ainsi à la lutte contre le chômage et à la réduction des inégalités territoriales. « De plus, l’essor de ce secteur offre des perspectives intéressantes pour les petites et moyennes entreprises, notamment dans les domaines de la transformation, de la distribution et du marketing des produits bios. En cultivant un modèle de production durable, la Tunisie se dote d’un avantage compétitif sur la scène internationale, où la demande pour des produits sains et éthiques ne cesse de croître ».

L’accès aux financements et aux technologies modernes !

Néanmoins, et selon les spécialistes, l’agriculture biologique doit faire face à plusieurs défis. La plupart des exploitations agricoles sont de petite taille, avec une moyenne de 5 ha. Cela peut rendre difficiles la modernisation et la mécanisation de l’agriculture. Le manque d’infrastructures de stockage et de transport peut également poser des problèmes pour la commercialisation des produits.

Parmi ceux-ci aussi, l’accès aux financements et aux technologies modernes demeure une souffrance majeure pour de nombreux producteurs. La certification, bien que cruciale pour garantir la qualité des produits, reste une démarche onéreuse et complexe pour les petites exploitations. Par ailleurs, la question de l’irrigation et de la gestion de l’eau se pose avec acuité dans un contexte de variabilité climatique, où la rareté des ressources hydriques peut nuire aux rendements.

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