Qu’il y ait relance du tourisme ou pas, le toilettage s’impose aujourd’hui, car les villes sont devenues tristes, mornes et irrespirables
Le titre a de quoi faire sourire plus d’un ! Alors que les pneus sont brûlés un peu partout, que les routes sont coupées pour un oui ou pour un non, alors que les moustiques sont sur le point de chasser les habitants de leurs domiciles pour en faire des lieux de villégiature, que les présidents des municipalités (pas tous, bien sûr, mais quelques-uns d’entre eux) se transforment en roitelets du Moyen Age, se cloîtrant dans leurs circonscriptions pour en faire des petits royaumes où ne règnent que leurs lois. La situation que vit le pays est pour le moins qu’on puisse dire catastrophique.
Le dernier rapport du Ftdes (Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux) est sans appel : 1.155 mouvements de protestations sociales en mai dernier, ce qui représente une augmentation de 20% par rapport au mois précédent.
Le secteur public est en panne. Les mouvements de protestation et les revendications n’en finissent pas et cela est de nature à bloquer bien des secteurs. Voilà ce que pourraient voir nos futurs touristes qui risquent de vivre des moments difficiles en raison des routes coupées et des mouvements qui surgissent un peu partout sans crier gare.
Nous risquons de n’en plus finir avec ces exemples que nous retrouvons régulièrement sur les pages des médias ou à travers les réseaux sociaux, la saison touristique est néanmoins déjà lancée, du moins pour les Tunisiens.
Des craintes…
Bon nombre d’hôtels ont enregistré, à la faveur du réchauffement croissant, le retour d’une animation attendue, mais crainte. Elle était attendue en raison de la chaleur qui commence à sévir et que les familles essaient d’atténuer en se rendant sur la côte ou dans les hôtels possédant des piscines. Elle est crainte, car d’après les premières constatations, les précautions semblent être le dernier souci aussi bien de la clientèle que des opérateurs qui sont tout heureux de reprendre leur travail.
A ce propos, il n’y a rien à reprocher. Nous comprenons parfaitement les inquiétudes légitimes d’un secteur gravement sinistré par cette pandémie.
Cette reprise, ce frémissement sauvent sans doute bien des familles mises en difficulté, faute d’activité touristique, sauf que l’on a bien l’impression que les gestes barrières incontournables en temps de pandémie sont en train de passer en second lieu.
Et c’est, bien entendu, le problème, car avec cette quatrième vague que l’on annonce du bout des lèvres, la liste des décès risque de s’allonger davantage. Alors… parler de toilettage des villes pour préparer la saison touristique 2021, paraît quelque peu déplacé.
Bonnes prévisions pour…2022
Pourquoi dans ces conditions nous annoncer que la saison…2022 sera très positive ? C’est ce qu’a laissé entendre le ministre du Tourisme dans une de ses dernières interventions. Les promesses de reprise, a-t-il précisé, sont positives.
Tout cela est parfait, mais cela implique une volonté d’en faire une manière de relancer ce tourisme qui a tellement souffert. Pandémie oblige, tout s’est, en effet, figé et ce secteur est en détresse. Une reprise qui sera attentivement jugée par nos ….concurrents à l’affût de tout problème qui pourrait mettre en danger la santé des futurs visiteurs.
Le rôle des différentes parties prenantes est primordial. Cela va de la prise en charge de la clientèle, jusqu’au signe d’adieu qui leur sera fait au terme de leur séjour. De toutes les façons, s’il y a une défaillance quelque part dans l’application des protocoles mis en place, le virus ne manquera pas d’occuper l’espace offert. Le personnel, leurs familles, et tous ceux qui ont failli seront en danger. C’est dire le rôle que devraient jouer les hôteliers et leur personnel, dans la réussite de cette relance.
Donner un sens
Les dispositions prises pour la mise en place «d’un protocole sanitaire» n’ont de sens que si elles sont strictement appliquées pour éviter les failles et donner aux concurrents, qui ont ouvert leurs frontières, le moyen de réduire à néant les efforts déployés.
Les images diffusées un peu partout et montrant des personnes de tout âge au coude à coude dans les piscines ces derniers jours ne sont pas du tout de bon augure.
Elles ne le sont pas pour la bonne raison que les premiers responsables, ceux qui sont moralement engagés à contribuer à l’effort national pour endiguer les méfaits de cette pandémie ne semblent pas du tout conscients du danger auquel ils exposent leur clientèle et leur personnel.
Le danger guette
Il va sans dire qu’on ne pourra pas exiger pour toute cette clientèle des tests, mais le nombre est déjà porteur de danger.
Cette reprise, ce frémissement, sont est un bonheur pour ce secteur et nous le comprenons, mais les «dispositions» sanitaires, alors que les morgues tournent à plein régime, demeurent incontournables. Il n’y a même pas lieu de le rappeler.
Tant que la population tunisienne n’a pas été vaccinée, conformément aux prévisions (nous en sommes très loin !), les gestes barrières, le contrôle strict du taux d’occupation et autres précautions décidées par les autorités sanitaires devraient être des priorités. C’est le rôle du ministère de la Santé qui devrait encore accélérer le rythme et passer à d’autres tranches d’âge. Personne ne l’a rappelé. De toutes les façons, même si cela a été fait, on semble ignorer les plus strictes précautions pour éviter les complications qui ne manqueront pas de surgir sous la poussée d’une population pour, le moins qu’on puisse dire, inconsciente.
Rappelons qu’une fois la fête de l’Aïd passée, on a eu le culot de dire que le covid-19 a été relancé par les incontournables visites familiales et les déplacements de populations, qui ont eu largement le temps de bouger avant que les interdictions ne soient effectives.
Nous craignons, à ce propos, que pour des raisons de convenance et pour donner au secteur touristique une petite bouffée d’oxygène, on traîne les pieds pour imposer un contrôle strict. Quitte à verser plus tard et une fois le mal fait, quelques larmes pour pleurer ceux qui seront rattrapés par leur imprudence.
Voilà pourquoi, il y a de quoi sourire lorsque l’on soulève ce problème de toilettage des villes, de la remise en place de ce qui a été conçu pour relancer les produits artisanaux, de nettoyage des plages, de recrutement des maîtres nageurs sauveteurs, de l’animation des soirées des visiteurs et de la clientèle autochtone, etc…
Reconnaissons quand même, pour éviter d’être négatif, que le toilettage des villes est dissuasif pour les moustiques et autres bestioles qui reviennent en été par les fortes chaleurs… C’est pourquoi il s’impose, qu’il y ait relance du tourisme ou pas, car nos villes sont devenues tristes, mornes et irrespirables.