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Dérives et délire

Violence, délire et intolérance. Les dérives à l’Assemblée des représentants du peuple deviennent une menace pour le paysage politique, mais aussi et surtout pour le pays. Les scènes dans lesquelles certains acteurs sont impliqués, alors que d’autres se trouvent menacés même dans leur intégrité physique, désolent autant qu’elles inquiètent. L’hémicycle est aujourd’hui le théâtre d’actes de violence qui dénaturent, voire abâtardissent le rôle et la mission des élus du peuple. On n’en a jamais fini avec des députés incapables de tenir l’institution parlementaire à l’écart des tiraillements politiques.   

Au vu des différents rebondissements et intrigues, il est évident qu’il y a un malaise. Mais on n’est pas censé ignorer les réelles motivations des uns et des autres. Les intérêts qui motivent, qui conditionnent tout un environnement, selon des considérations à géométrie variable. Il n’est pas aujourd’hui facile de dégager une logique de raisonnement cohérente et pertinente dans les discours, voire le mode de comportement de la plupart des députés. Souvent, cela dépasse le cadre purement politique pour devenir un parti pris, un acharnement. Ou de la mauvaise foi? Sans doute. Mais ce n’est pas parce qu’un bloc est majoritaire qu’il peut faire les choses plus et mieux que les autres. A l’ARP, il  y a aujourd’hui un décalage entre ce qui est évoqué, préconisé et défendu, et ce qui existe réellement.

L’on sait que l’action politique n’est pas toujours rationnelle. Mais la valeur des  hommes politiques se mesure en grande partie à l’aune de leur capacité d’adaptation face à toutes les contraintes, face à tous les déboires. Les condamnations et les réprobations de l’agression dont a été victime Abir Moussi et les réquisitoires faits dans ce sens ne suffisent pas. Le ministère public doit réagir et l’auteur de  cet acte ignoble doit être poursuivi. Il est temps d’arrêter  cette bulle de dérives, sous peine d’encourir de graves problèmes à l’institution parlementaire. Politiquement, mais surtout pénalement parlant, ça ne peut plus durer. A vrai dire, ce qui se passe, pas seulement lors des plénières, mais aussi et surtout dans les coulisses, alimente les polémiques, les altercations et les différends  de façon bien inquiétante. Par leur mutisme, certaines parties acceptent ce genre de dérives, d’autres donnent l’impression, sans aucun scrupule, de cautionner  les violations flagrantes des droits de la femme tunisienne en général et de la femme parlementaire en particulier. L’image d’un député exhibant des billets de banque, comme si c’était dans une cérémonie de mariage, montre à quel point certains élus sont tombés aussi bas. Et quoi encore ?

Décidément, on en a vu de toutes les couleurs à l’hémicycle.

Bien plus que d’autres institutions, l’ARP connaît ainsi sa propre crise de gouvernance. Elle fonctionne sous une prétendue spécificité démocratique qui, malheureusement, ne sert plus que de paravent pour tenter de cacher une réalité amère. Il s’agit au fait d’une crise institutionnelle qui  recouvre plusieurs enjeux apparents et d’autres sous-jacents. D’où les conflits d’intérêts entre les différentes parties et qui nous amènent à nous interroger sur la responsabilité de la présidence du Parlement dans ce grand dérapage incontrôlé…

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