L ’histoire ne dit pas encore si les objectifs tracés à travers les décisions et les mesures présidentielles sont susceptibles d’être atteints, si la Tunisie est vraiment lancée sur la bonne voie, s’il y a lieu de penser à une troisième République, ou encore si les nouvelles orientations et dispositions politiques mettront fi n à une décennie de disette.
Cela ne nous empêche pas cependant de relever que les parties qui avaient commis l’erreur de sous-estimer Saïed devaient aujourd’hui avoir quelque chose en travers de la gorge. Contrairement à ce qu’elles croyaient, ou encore à l’idée de ce qu’elles se faisaient de l’homme, le locataire de Carthage a prouvé qu’il sait vivre avec des convictions qu’il a réussi à faire partager avec les Tunisiens. Mais aussi de renverser l’ordre établi, à la vitesse d’un président décidé à rendre les choses à leur juste place et à aller au-delà de ce qu’on pourrait attendre. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard s’il a été élu à la magistrature suprême.
Ce n’est pas par hasard aussi s’il se montre capable de se faire entourer d’une assise populaire, à la fois légitime et justifi ée. Ce n’est pas par hasard enfi n s’il sait se rendre utile aux moments opportuns. Le statut, les certitudes impriment une personnalité, un mode de comportement, une ligne de conduite. On peut toujours discuter du mérite et de l’impact des hommes publics. Mais, il y a des données qui ne souffrent pas la contestation. Elles sont liées à ceux que certaines parties ont pris l’habitude de considérer, à tort, comme des hommes de l’ombre. Un qualifi catif assez déraisonnable. Non, Saïed ne vit pas dans l’ombre. Il ne manque pas de prérogatives, contrairement au désir de certains de l’isoler pour continuer à accaparer le pouvoir. Pour lui, tout a un sens, une raison, un début, une fi n. On sait aujourd’hui ce qui fait la force du Président de la République. Mais on sait encore davantage sa grande détermination à immuniser le pays des dérives politiques, sociales et économiques. De là où il se trouve, il se revendique à la manière d’un homme d’Etat décidé plus que jamais à changer le cours des événements. Cela témoigne d’une personnalité affi rmée et d’un caractère bien trempé.
En s’inscrivant dans une alternative de rigueur, de rationalité et de constance, il entre chaque fois un peu plus dans l’histoire, un peu plus dans les hauts faits. Les véritables besoins et impératifs auxquels fait face le pays ne sont pas ignorés par le Président de la République, du moins d’après ce qu’on a pu constater sous l’effet de mesures, de décisions et d’orientations qui ont engendré un écho favorable chez les Tunisiens. Ce qui retient l’attention, mais surtout ce qui impose chez l’homme et l’action, c’est cette détermination à ne rien céder quand il s’agit de l’intérêt public.
On devrait comprendre par là que quelles que soient les contraintes, la Tunisie aura toujours le droit de rompre avec le passé, d’aspirer à un avenir meilleur. Un avenir qui ne soit pas inspiré de manquements, de restrictions et de dérapages. II y a aujourd’hui tant de promesses dans un environnement recomposé.
L’on ne cesse de croire que c’est souvent dans les contextes les plus favorables que surgissent les grands hommes. Mais c’est dans les moments diffi ciles qu’ils s’épanouissent et se donnent encore davantage. C’est ce que la vie politique nous enseigne de façon générale. Et c’est à Saïed d’écrire aujourd’hui l’histoire de la Tunisie.