Accueil A la une Après avoir perdu la bataille du Bardo et de la Kasbah: Quelle carte jouera Ennahdha ?

Après avoir perdu la bataille du Bardo et de la Kasbah: Quelle carte jouera Ennahdha ?

Ennahdha serait dans une position extrêmement délicate. Lâché par tous ou presque, le parti cherche à tout prix une solution pour sortir de son état d’isolement. S’il comptait au début sur un appui populaire, les appels lancés par Rached Ghannouchi, le 25 juillet, pour descendre dans la rue pour «défendre la démocratie» ont essuyé un échec cuisant. Ensuite, c’était au tour des relations internationales, mais le parti a également échoué à convaincre ses alliés internationaux d’émettre des positions hostiles à la manœuvre de Kaïs Saïed.


Depuis les événements de 2011, le parti Ennahdha a contrôlé la scène politique. Jouissant d’un réservoir électoral inépuisable et bénéficiant d’un réseau de relations extérieures influen t , Ennahdha s’était toujours placé au-devant de la scène politique.

De la présidence de plusieurs gouvernements post-révolution à la nomination de ministres, de conseillers et de hauts responsables, passant par des manœuvres politiques et des alliances contrenature avec Nida Tounès et Qalb Tounès, le parti de Rached Ghannouchi a su mettre la main sur l’échiquier politique.

Sauf que la dernière manœuvre opérée par le Président de la République, Kaïs Saïed, a hautement fragilisé la position du temple bleu. Du jour au lendemain, Ennahdha s’est trouvé exclu des différents cercles de pouvoir, une première depuis la révolution. A commencer par le pouvoir législatif, le Parlement étant désormais suspendu, arrivant à La Kasbha, où Ennahdha imposait ses choix au chef du gouvernement limogé Hichem Mechichi et à la branche judiciaire, le Chef de l’Etat aurait fermé toutes les issues au parti islamiste dans une tentative de l’isoler.

Quoi qu’il en soit, Ennahdha serait dans une position extrêmement délicate. Lâché par tous ou presque, le parti cherche à tout prix une alternative pour sortir de son état d’isolement. S’il comptait au début sur un appui populaire, les appels lancés par Rached Ghannouchi, le 25 juillet, pour descendre dans la rue pour «défendre la démocratie» ont essuyé un échec cuisant.

Ensuite c’était au tour des relations internationales, mais le parti a également échoué à convaincre ses alliés internationaux d’émettre des positions hostiles à la manœuvre de Kaïs Saïed. Le parti a été également secoué par la position du chef du gouvernement démis qui a choisi la désescalade en acceptant les décisions présidentielles. Au cœur d’un nouvel échiquier politique renversé du jour au lendemain et face à une perte des équilibres de force en faveur de Carthage, Montplaisir cherche actuellement à sortir de cette crise avec les moindres dégâts. A ceci s’ajoute une effervescence en interne. Les choix de Rached Ghannouchi ne font plus l’unanimité et les voix qui appellent à revoir les positions du parti et à s’aligner sur les décisions de Kais Saied sont devenues nombreuses.

Remous à Montplaisir
Le premier responsable nahdhaoui qui s’est dit, à demi-mot, pour les décisions présidentielles est Samir Dilou. « Je considère que j’ai échoué. Je n’ai pas pu convaincre les gens de trouver une solution à la crise et à faire baisser les tensions à travers le dialogue. Lorsque j’ai rencontré le Président de la République, on m’a qualifié de traître et d’homme de main de Kaïs Saïed. On m’a critiqué lorsque j’ai affirmé qu’il n’y a rien de glorieux à insulter le Président de la République», a-t-il laissé entendre, appelant son parti à accepter la nouvelle situation politique. C’est aussi dans ce cadre que Khalil Baroumi a démissionné du bureau exécutif et de son poste de responsable de l’information au mouvement Ennahdha. Il a pris cette décision pour contester le refus des dirigeants du mouvement d’assimiler les messages envoyés le 25 juillet, selon la radio Mosaïque FM.

L’ancien membre du parti Ennahda, Lotfi Zitoun, a estimé également que l’initiative du Président Kaïs Saïed de recourir à l’article 80 de la Constitution était devenue inévitable devant un système politique marqué par «un gouvernement boiteux et une Assemblée paralysée ». Et d’expliquer qu’Ennahdha ne peut pas recourir à l’escalade et doit modérer ses discours incendiaires. «S’attaquer au Président, diffamer et insulter sa personne, ce n’est pas ainsi que les choses vont avancer. Il faut faire preuve de retenue, prioriser l’intérêt du pays.

Cela fait dix ans qu’on dit vouloir faire des choses et qu’on échoue, aujourd’hui c’est au tour du Président d’essayer, alors laissons-le faire, lui il réussira peut-être» a-t-il ajouté.

Que va faire Ghannouchi ?

Que va faire maintenant Rached Ghannouchi ? Jouer a-t-il la carte de la désescalade pour la confrontation directe avec le Chef de l’Etat ? Les dernières apparitions médiatiques du leader historique d’Ennahdha, devenues nombreuses, laissent planer le doute. Se disant tantôt ouvert à toutes les concessions, tantôt prêt à mobiliser la rue, Rached Ghannouchi ne bénéficie plus d’une grande marge de manœuvre.

En effet, il a regretté jeudi dans un entretien avec l’AFP le manque de dialogue avec la présidence, plusieurs jours après la prise de pouvoir du Président Kaïs Saïed.

Ghannouchi a averti qu’à défaut d’accord sur la formation d’un gouvernement et la réouverture du Parlement, «nous invitons le peuple tunisien à défendre sa démocratie».

Des déclarations perçu e s comme une menace du côté de Carthage où le président de la République avait à maintes reprises mis en garde contre le recours à la rue, appelant les citoyens à la retenue.

Dans tous les cas de figure, Ennahdha et son chef sont aujourd’hui de plus en plus isolés, sauf nouveau rebondissement, le parti doit accepter les conditions du Président de la République en position de force !

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