Entre appels au boycott et risques sanitaires, encore une rentrée scolaire sous tension : La Fédération de l’enseignement de base joue la carte de la pression

C’est devenu une habitude. La rentrée scolaire rime avec perturbations et menace de boycott. Entre-temps, c’est le destin de nos élèves qui est suspendu. Cette fois-ci, outre les risques sanitaires, ce sont des revendications socioprofessionnelles qui pourraient encore une fois donner lieu à une rentrée scolaire hautement tendue.

La Fédération de l’enseignement de base a appelé ses affiliés dans les différentes sections à s’organiser pour réussir le boycott de la prochaine rentrée scolaire. C’est une carte de pression qu’elle joue « si les revendications exigées à l’issue de la commission administrative ne sont pas satisfaites ».

Au fait, la Fédération appelle à l’activation des accords du 8 mai 2018, 4 mars 2019 ainsi que celui du 1er mars 2021 portant sur des majorations salariales et des primes, outre la criminalisation de l’agression des enseignants, l’ouverture d’un dialogue pour la réforme du système éducatif, l’amélioration des conditions de travail, etc.

Ce boycott est également motivé, selon les syndicalistes, par la décision du ministère de l’Education concernant une rentrée sans système de groupes prise avant l’annonce de la commission scientifique d’une décision à propos de la vaccination des élèves.

Le syndicat de l’enseignement secondaire, conduit par le redoutable Lassaâd Yaâkoubi, est également du même avis. Ce dernier tenait manifestement à maintenir l’enseignement avec le système des deux groupes, qui contribue, selon la fédération, à l’atténuation des risques de contamination par le coronavirus.  Autre point de discorde, les parties syndicales rejettent les décisions unilatérales prises par le ministère concernant la rentrée scolaire sans attendre les réunions que demandaient les différents syndicats de l’enseignement.

Sellaouti réagit

Le ministre de l’Education, Fethi Sellaouti, a rappelé qu’une réunion avec les responsables syndicaux a eu lieu le 30 juillet dernier et a débouché sur un accord stipulant que « la vaccination massive du personnel éducatif et d’un certain nombre d’élèves garantira une rentrée scolaire paisible ».

Il a affirmé également qu’une nouvelle réunion est prévue aujourd’hui, samedi, avec les parties syndicales pour discuter de cette question de vaccination. S’agissant des revendications socioprofessionnelles, il a expliqué qu’elles ont été transmises au ministère des Finances depuis le mois de mai, sauf que ce dernier a précisé que l’état des finances publiques ne permettra pas la satisfaction de telles demandes.

Face aux appels de boycott de la rentrée scolaire, le ministre a appelé « les enseignants à privilégier l’intérêt de nos enfants », ajoutant que « seulement le dialogue nous garantira une solution et la réforme de l’éducation nationale est notre objectif ».

Les parents inquiets

Durant ces dernières années, aucune rentrée scolaire ne s’est déroulée dans des conditions normales et sereines. Si ces deux dernières sont marquées par les risques sanitaires qui ont enfoncé le clou, avant, la perturbation des rentrées scolaires trouvait son origine dans un blocage entre les parties syndicales et les autorités. Mais comment préserver les droits des élèves tunisiens au cœur de ces tiraillements ?

C’est dans ce sens que le président de l’Association des parents et élèves a annoncé avoir adressé une lettre au Président de la République exprimant les réserves par rapport à : l’enseignement par groupes, la réforme du système éducatif et l’intégration de la société civile et les parents d’élèves dans la prise de décision à travers la mise en place d’un cadre juridique à cet effet. Ladite association pense que « la vaccination massive des élèves et du corps professoral est primordiale afin d’écarter l’enseignement par groupes », appelant à garantir toutes les conditions d’une bonne rentrée scolaire. La rentrée scolaire sera maintenue à sa date habituelle le 15 septembre et le système d’enseignement par groupes sera annulé, a annoncé le ministre de l’Education, Fethi Sellaouti. « Il n’est plus possible d’adopter le système d’enseignement par groupes, qui n’a permis de présenter que la moitié du programme éducatif, et parce que ses résultats seront négatifs sur la réussite scolaire et pédagogique des élèves », a-t-il estimé.

photo : © Abdelfatteh BELAID

Laisser un commentaire