Système éducatif et évaluation des examens nationaux : La médiocrité serait-elle en passe de s’installer ?

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• Au cours d’un cursus de 13 ans, il n’y a aucune autre évaluation obligatoire. Cette situation est propre à notre pays. Elle n’existe nulle part ailleurs, les étapes de la Sixième et de la Neuvième demeurent des étapes facultatives. Par conséquent, elles ne constituent pas, à proprement parler, une évaluation sur laquelle on peut compter
• Il serait insensé d’imaginer un enseignant qui n’aurait pas suivi des cycles de formation durant toute sa carrière. Or, cet aspect était considéré comme un des critères pour les promotions. Actuellement, ces promotions se font automatiquement

Le travail de sape contre tout le système éducatif continue. Depuis les crèches jusqu’à l’enseignement supérieur, en passant par les écoles religieuses hors-la-loi, une stratégie semble avoir été mise en branle pour faire avorter notre longue expérience dans ce domaine. Les efforts et les sacrifices consentis par notre pays depuis l’Indépendance sont en train d’être anéantis. Chaque année nous apporte son lot de mauvaises nouvelles, voire de catastrophes.

Les mauvais résultats et les contre-performances enregistrés sont autant d’indices qui confirment ces constats amers. La médiocrité serait-elle en passe de s’installer durablement dans notre système éducatif à l’instar de ce que nous vivons dans le paysage politique et sociétal ?

Malheureusement, on peut répondre par l’affirmative. Il suffit de noter ce qui se passe dans l’enseignement secondaire et supérieur depuis l’année dernière pour s’en convaincre. Comme par hasard, deux mouvements parallèles se déroulent dans les collèges et les lycées (œuvre de la Fédération générale de l’enseignement secondaire) et dans l’enseignement universitaire (œuvre de l’Union des enseignants universitaires chercheurs tunisiens). Les mêmes objectifs semblent guider ces deux organisations avec un agenda similaire : celui de bloquer le système et le gripper à plus ou moins long terme.

Les conséquences sont on ne peut plus catastrophiques. Les preuves en seront données dans les quelques mois ou les très prochaines années. Personne ne peut nier l’impact de ces mouvements qui ne sont pas (du moins en apparence) concertés. Mais les nombreuses coïncidences ne peuvent que nous intriguer.

Les élèves et les étudiants ont eu beau protester contre ces agissements qui leur font du tort, les syndicats n’en ont   cure. Ce qui les intéresse, c’est que la pression dure pour freiner toute tentative de faire évoluer l’enseignement ou de le faire avancer. Tout est bon pour créer, à partir de divers prétextes, des crises interminables et aux conséquences désastreuses. Peu importe ce qui en découlerait.

Pour le moment, il n’y a aucune statistique sur les répercussions éventuelles de ces boycotts répétés à longueur d’année sur le rendement de nos élèves et étudiants. Néanmoins, il est possible de les imaginer et de s’en faire une idée, même approximative, en se basant sur ce qui est publié concernant les résultats des évaluations effectuées lors de certains examens nationaux.

A cet égard, le ministre de l’Éducation, Hatem Ben Salem, a démontré de la façon la plus alarmante qui soit la gravité de la situation sur les ondes de la radio « Express FM » hier matin. Dans un entretien, il a révélé des chiffres catastrophiques sur les résultats obtenus dans le concours d’admission aux collèges pilotes. La moyenne, en maths, pour les 51.000 écoliers qui ont passé cet examen en 2017 est de 3,2/20. En sciences, elle n’est que de 6,5/20. Notons, par ailleurs, que près de 58 % des candidats qui passent cet examen ne parviennent pas à obtenir 10/20 !

Il faut savoir que le nombre d’élèves inscrits en sixième année primaire varie entre 165.000 et 170.000. Seul un tiers choisit de passer le concours. Ce sont des élèves dont la moyenne est d’au moins 13/20 et qui pensent obtenir une moyenne égale ou supérieure à 15/20 pour leur donner la possibilité d’être admis dans un établissement pilote.

Ce tableau ne représente qu’une partie des problèmes que connaît actuellement l’école tunisienne. Ces difficultés sont dues, certainement, à la défaillance de l’évaluation. En effet, l’élève n’est évalué qu’une seule fois durant toute sa scolarité (au Bac). Au cours d’un cursus de 13 ans, il n’y a aucune autre évaluation obligatoire. Cette situation est propre à notre pays. Elle n’existe nulle part ailleurs.

Les étapes de la Sixième et de la Neuvième demeurent des étapes facultatives. Par conséquent, elles ne constituent pas, à proprement parler, une évaluation sur laquelle on peut compter. D’où les défaillances de la formation des apprenants. Les retards et les hésitations pour réaliser une réforme ont aggravé la situation.

Les nombreux obstacles mis en travers du chemin de ces tentatives d’amélioration du rendement du système éducatif sont autant de préjudices pour les générations de jeunes scolarisés. L’urgence d’agir n’est plus à démontrer.

Il y aurait lieu de commencer par l’amélioration du cadre pédagogique et enseignant pour le mettre à jour grâce à une stratégie de formation et de recyclage. Car il serait insensé d’imaginer un enseignant qui n’aurait pas suivi des cycles de formation durant toute sa carrière. Or, cet aspect était considéré comme un des critères pour les promotions. Actuellement, ces promotions se font automatiquement.

C’est dans ce contexte que le ministère envisagerait, au cours de cet été, la formation de 7.000 suppléants et de 4.000 instituteurs. Pour ces derniers, la formation sera axée sur la langue anglaise avec des formateurs anglais grâce à un programme conclu avec les autorités britanniques.

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