« Un juge d’instruction s’est rendu au siège du mouvement à Montplaisir hier matin », a annoncé le mouvement Ennahdha, et ce, dans le cadre d’une enquête ouverte autour d’un contrat de lobbying conclu entre ce parti et une agence de communication et de relations publiques.
L’affaire de lobbying dans laquelle s’est empêtré le parti Ennahdha pourrait connaître un tournant décisif, notamment après le passage à l’action des services sécuritaires.
A cet effet, un juge d’instruction prés le pôle judiciaire économique et financier s’est rendu hier au siège du mouvement Ennahdha, dans le cadre de l’enquête sur le contrat de ‘‘lobbying’’ intenté à son encontre.
Au paravant, une brigade de police a effectué une descente au siège dudit parti à Montplaisir hier matin, lundi 25 octobre, selon les déclarations du chargé de l’information d’Ennahdha à une radio privée, Abdelfattah Taghouti, et ce, dans le cadre d’une enquête ouverte autour d’un contrat de lobbying conclu entre ce parti et une agence de communication et de relations publiques.
Relookage à trente mille dollars
D’après le site du département américain de la Justice, un nouveau contrat de lobbying a été conclu par “Ennahdha Party Diaspora Group” avec l’agence de communication et de relations publiques Burson Cohn and Wolf », en juillet 2021 à Washington. L’objectif est d’assurer la propagande politique au parti Ennahdha pour un montant qui s’élève à trente mille dollars.
Le voile a été levé sur ce contrat depuis le 3 août 2021 sur le site du département américain de la Justice. Signé juste après les mesures spéciales annoncées par le Président de la République, Kaïs Saïed le 25 juillet dernier, ce contrat, s’étalant sur une période de deux mois, met toute la lumière sur une “offensive de charme” dudit parti aux Etats-Unis. Un coup de lifting qui a coûté la bagatelle de 30 mille dollars au moment où le pays croule sous les dettes.
Il est à rappeler que suite à la publication de ce contrat, le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, Mohsen Dali, avait révélé que le ministère public s’est penché sur cette affaire. Ajoutant qu’une enquête préliminaire a été ordonnée par le ministère public afin de collecter les informations relatives à ce dossier.
Le démenti du parti Ennahdha ne s’est pas fait attendre. Dans son communiqué publié à cet effet, il avait affirmé qu’aucun contrat n’a été signé par le parti. Ennahdha n’a effectué aucun transfert et n’a reçu aucun fonds étranger, li-t-on encore dans ce communiqué qui date de quelques mois. Et pourtant le contrat fut signé avec “Ennahdha Party Diaspora Group”, selon le département américain de la Justice. Un groupe de sympathisants rien de plus et le parti n’assume aucune responsabilité dans cette affaire? La justice tranchera.
Un contrat en cache un autre
Au fait, il n’y a pas que ce contrat. Une enquête avait auparavant été confiée au pôle judiciaire économique et financier à l’encontre du parti Ennahdha ainsi que Qalb Tounès et Ich Tounsi concernant la conclusion de contrats de lobbying.
Pour rappel, le 28 juillet dernier, le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis et du pôle judiciaire économique et financier, Mohsen Daly, avait déclaré que le ministère public près du pôle a entamé, depuis les deux premières semaines de juillet, l’examen de plusieurs dossiers concernant ces deux partis et l’association en lien avec des contrats de lobbying.
L’accusation concerne “ l’obtention de financements étrangers pour la campagne électorale et l’acceptation de fonds dont l’origine est inconnue pour financer la campagne électorale”. Une grave infraction à la réglementation des changes.
Ce n’est qu’une enquête préliminaire certes, mais une telle démarche était exclue avant le coup de force constitutionnel du locataire de Carthage.
Rien ne semble en pouvoir d’arrêter aujourd’hui la machine de la justice.