Quand on joue avec le feu, quand on «crée» un incendie et quand on y laisse les flammes se répandre comme une traînée de poudre, eh bien bonjour les dégâts et on n’a qu’à payer cash le prix de l’insouciance et de l’inconscience. C’est exactement ce qu’a fait l’EST lors de la finale de la coupe de Tunisie, samedi dernier.
Oui et nous pesons nos mots, l’EST a creusé sa propre tombe en vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué, en mésestimant outrancièrement son adversaire, en prenant cette finale pour une course entre une… Ferrari et une 404 bâchée ! Et cela explique ce qu’on a vu ce jour-là, côté «sang et or» : jeu lent, manque d’inspiration, jambes lourdes, gâchis énorme, réaction timide au danger, gestes techniques de trop et, de surcroît, entraîneur dépassé et gardien de but dans le rôle de passoire! Soit du jamais vu, cette saison, chez l’équipe la plus forte du pays, celle-là même qui avait survolé le championnat, terrassé tous ses adversaires (y compris le CA et l’ESS), ne concédant pas la moindre défaite ! D’où d’ailleurs le mérite, le grand mérite du Club Sportif de Sakiet Ezzit, son tombeur du jour. Ce dernier, qui partait avec «toutes» les défaveurs des pronostics pour être à sa première finale en tant qu’équipe du… bas de tableau, a, au bout du compte, infligé un cinglant démenti à tous ceux qui l’ont enterré vivant. Un autre adversaire, si mal loti et à… des années lumière de la cour des grands, n’aurait pas tenu le coup. Mais, lui, le petit, le titi sfaxien qui ne paye pas de mine, y croyait dur comme fer. Et, profitant de la folie des grandeurs de son adversaire, il n’avait plus qu’à croquer le biscuit à belles dents!
En ce sens que les gaillards du jeune entraîneur Achref Masmoudi (un nom à retenir), avec leur incroyable moyenne d’âge de seulement 22 ans (contre 28 pour l’EST), ont commencé par répondre du tac au tac, tout en parvenant à remonter quatre points de retard à la 35’ (15-15). Et à chaque moment où les champions de Tunisie allaient reprendre du poil de la bête, le terrible rouleau compresseur sfaxien que personne ne voyait venir avant le match se déploya, s’ebranla pour aller tout ravager sur son chemin.
Face à cette rébellion des fistons, les superstars de l’EST, ces poids lourds du handball tunisien, désormais pantoises et désarmées, ne savaient plus quoi faire. D’abord, parce que les révoltés du Sud, Njah, Frej, Essaïes, Oued, Mezghanni et Memmich, menés de main de maître par l’excellent Amine Ben Ghanem (quelle classe), étaient devenus réellement intenables. Ensuite, parce que l’entraîneur «sang et or» ne cessait d’accumuler les erreurs de coaching, au point de demander un temps mort alors que ses joueurs étaient sur un contre rapide, à deux doigts de l’égalisation vers la fin de la rencontre! Enfin, parce que les Espérantistes ont été lourdement pénalisés par leur gardien Idriss Idrissi, en méforme totale, et, comble de bizarrerie, non remplacé!
Bravo donc aux jeunes héros de Sakiet Ezzit pour cette admirable leçon de détermination et d’audace, et pour cet exploit historique. Quant à l’EST, le rêve du triplé, que c’est bête, ne devriendra pas réalité, cette saison.
En marge de la finale
– A la mi-temps, l’EST menait par deux points d’écart (14-12)
– Les réalisateurs du CSSE : Najeh Njah (6), Achref Mezghenni (5), Fakher Oued (5), Amine Ben Ghanem (4), Zoubeïr Essaïes (4), Hamza Frej (3) et Ghazi Memmich (3)
— Les réalisateurs de l’EST: Oussama Boughanmi (10) Elyès Hachicha (4) Oussama Jaziri (4) Aymen Hammed (3) Abdelhak Ben Salah (2) Mohamed Ali Bhar (2) Bilel Abdelli (1) Tarek Jallouz (1) Jabeur Yahiaoui (1) et Anis Mahmoudi (1).
— Nombre de penalties transformés : EST (5) CSSE (3)
— Nombre de penalties ratés : EST (1) CSSE (1)
— Nombre de sorties pour 2’ : EST (4) CSSE (4)
— Arbitrage correct de la paire Neijb Hannachi-Hatem Alayet
— Expulsion de Waël Mzoughi (EST)
— Excellente prestation du gardien sfaxien Hédi Ghadhab (10 arrêts décisifs)
— Avant le coup d’envoi et à l’initiative de la Fédération, les deux équipes ont posé ensemble pour une photo pour la postérité. A saluer.
Finale des féminines à l’arraché
En lever de rideau, nous eûmes même droit, comme à l’accoutumé, à la finale des féminines. Là aussi, le trophée a pris la destination de la capitale du Sud, grâce à la victoire étriquée (18-17), mais amplement méritée, de l’Association Sportive féminine de Sfax, aux dépens du Club Africain. Ce fut un beau spectacle d’une rare intensité, notamment en seconde mi-temps lorsque les filles de Bab Jédid, galvanisées par les prouesses de Sondess Hachana, Rakia Rezgui et Fadia Omrani, réussirent une superbe remontada qui a conféré plus de suspense aux débats. Et ce sont les Sfaxiennes de Mourad Bouassida qui auront le dernier mot, à l’ultime seconde du match SVP, grâce aux coups de boutoir de Amel Hamrouni Wafa Chérif et Marwa Dhaouadi.
Ainsi, l’ASFSfax s’adjuge le doublé de la saison et la première coupe de son histoire. Félicitations aux vainqueurs, honneur aux vaincues. Ainsi est fait le sport.
Mohsen ZRIBI