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Fethi Belaïd: l’histoire d’une mémoire vivante

Il est dynamique, actif et inépuisable. Toujours le même aspect vestimentaire, des baskets aux pieds, des vêtements confortables et de l’énergie. Fethi Belaïd, l’un des photographes les plus célèbres en Tunisie, est une véritable mémoire vivante. Pour lui, le photojournalisme n’est pas simplement un métier ou un gagne-pain, c’est une passion, c’est tout un mode de vie. Comment définissez-vous le photojournalisme ? « C’est un hommage au hasard », dit-il, lui qui ne sait pas cacher son amour pour la photo. Pourtant, ce n’était pas son rêve d’enfance.


Le sourire toujours aux lèvres, malgré ses cheveux gris, Fethi ne fait pas son âge. A 56 ans, cet amoureux de la photographie cumule une carrière professionnelle de 35 ans. Dans les milieux journalistiques, il suffit de prononcer son nom pour connaître son caractère. Souriant, affectueux, serviable et surtout courageux, pour lui, la photo vaut la peine de courir tous les risques pour l’avoir, et « c’est toujours la prochaine photo qui est certainement la bonne ».

Entré dans le monde de la photo à 21 ans après des études aux Beaux-Arts, ce fils de militaire s’est rapidement démarqué par sa couverture des activités du leader palestinien Yasser Arafat, en exil en Tunisie jusqu’en 1995.

Fethi Belaïd découvre la photographie dès son jeune âge. A l’époque, il était, en effet, étudiant aux beaux-arts, et tombe rapidement sous le charme des appareils photo argentiques. Inspiré par la touche des grands photographes qui ont marqué l’histoire de la Tunisie, comme Bechir Mannoubi et Mohamed Hamid, il s’est lancé dans sa première expérience professionnelle en rejoignant l’équipe du journal l’Action, là où il a appris à être photojournaliste.

Belaïd rejoint après le quotidien La Presse pour renforcer son savoir-faire et devenir l’un des photojournalistes les plus talentueux en Tunisie. Entre-temps, ce sont aussi des ambitions à l’international qui l’attirent. Forgeant son nom et sa signature dans les milieux journalistiques, Fethi Belaïd séduit depuis ses débuts les agences de presse internationales. Faisant ses premiers pas dans la presse d’agence avec Sipa press et Sygma presse, il rejoint après la célèbre Agence France Presse.

Une carrière de photojournaliste inégalée ou presque avec au compteur, aujourd’hui, des millions de prises et deux photos en couverture de Paris Match, Belaïd est devenu au fil des années une référence pour les jeunes voulant se lancer dans cette profession.

Une passion, de la sensibilité

Profession, dites-vous ? Pas pour lui. La photographie n’est pas un simple exercice professionnel mais plutôt un mélange de technicité, de sensibilité, de compréhension des règles journalistiques mais surtout de passion. « On ne peut être photographe si on n’est pas passionné, c’est d’ailleurs le conseil que je fais aux nouvelles générations de photographes tunisiens ».

Car, en effet, comme l’expliquent ses collègues, il est l’un des plus passionnés dans cette profession. Au moindre événement, il est le premier à être sur les lieux… attentats terroristes, événements sportifs, pièces de théâtre, il est partout, ou presque.

Or, pour lui, la photographie dans le monde des médias n’est pas une simple technique à mettre en œuvre, c’est une interprétation, c’est une lecture journalistique à pouvoir dégager. « De nos jours, les photographes comme le public voient la photo d’un seul œil. C’est vrai que le côté artistique et esthétique est important, mais pour moi, la lecture journalistique est primordiale ».

Pas de place pour la prétention

Quel conseil faites-vous aux nouvelles générations ? « Franchement je vois beaucoup de talent, mais aussi beaucoup de prétention. Il faut garder les pieds sur terre mais aussi la tête haute par son travail et sa production ».

Fethi Belaïd prépare son ouvrage qui devra réunir plusieurs photos de l’histoire de la Tunisie avant et après la révolution. Un ouvrage de fin de carrière qui retracera les années passées à courir derrière les événements et derrière la prochaine photo, qui sera peut-être la bonne, comme il le souligne.

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