Portrait | Mais qui est donc Ibrahim Matouss ?

Mais qui donc est-il ce personnage à multiples facettes, qui change de personne et de personnalité selon la lunette que l’on darde sur lui ?

Au début, c’était un mystère opaque, un nom sans image, un artiste présent-absent qui n’acceptait que de montrer ses œuvres et jamais son visage. On a cru à un coup de pub, un subterfuge, un jeu d’intigue. Bien sûr, il y a eu d’autres mystifications dans l’histoire de la littérature et des arts : Ajar qui cachait Romain Gary, Yasmina Khadra qui voilait un général de l’armée, Bansky que personne ne reconnaissait dans la rue quand il jouait au peintre croquant les passants.

Mais Ibrahim Matouss, c’est différent : c’est un artiste polyvalent qui s’offre un nouveau nom selon qu’il soit devant une toile, derrière un objectif ou armé d’un calame.

Il y a Ibrahim Matouss le peintre, graveur, pyrograveur, qui s’efface devant Fakhri el Ghezal, le photographe, avant de céder la place à Weld Halima, le calligraphe.

Difficile de se retrouver dans tout cela, et c’est peut-être ce que souhaite cet artiste aux multiples personnalités, qui semble ne pas souhaiter choisir.

Celle qui a su le faire, cependant, c’est Fatma Kilani qui a invité les trois facettes du polyvalent créateur. Dans son nouvel espace, La Boîte, elle invite Ibrahim Matouss, alias Fakhri el Ghezal, alias Weld Halima à se présenter au public.

Il le fait à sa manière, sous forme d’inspirations sérielles, racontant chaque fois une histoire : ses auto-portraits où il finit enfin par enlever le masque de clown triste qu’il a toujours arboré, mais garde tout de même des lunettes noires et se cache derrière un nuage de vapeur. Son ami l’âne, cadichon tranquille incarnant toute la sagesse du monde, mais aussi toute sa misère. Les arbres qu’il redécouvre au détour d’une route, calcinés par un récent incendie de forêt, qu’il décline de façon obsessionnelle jusqu’à s’incarner en ces branchages torturés, allégorie christique de l’homme en prière.

Dans La Boîte, on rencontre aussi le photographe Fakhri el Ghezal, qui en livre un peu plus que le peintre à travers des photos de famille, d’intérieur, d’atelier….

Et puis Weld Halima qui conçoit logos et identité visuelle de l’espace.

Cependant que dans les étages, un peu plus loin, la première Boîte, cube en verre, nous permet de découvrir les multiples ateliers de cet artiste mystérieux.  A moins que tout cela, aussi, ne soit qu’une mystification.

P.S.: L’exposition de Ibrahim Matouss a inauguré la première publication des éditions La Boîte, premier ouvrage de ce qui sera une tradition accompagnant chaque importante exposition.

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