Paysage politique post-25 juillet 2022 : L’islam politique a-t-il vécu ?

On est de plus en plus convaincu au sein du paysage politique post-25 juillet 2022 que l’islam politique traverse une zone de turbulences et que ceux qui l’ont soutenu lui ont retiré leur appui. Et ce sont précisément plusieurs des anciens dirigeants d’Ennahdha qui considèrent aujourd’hui qu’il est impossible de réformer le parti de Montplaisir «tant que Ghannouchi est là»

En parallèle aux convocations répétées de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, à comparaître devant la justice, principalement le pôle antiterroriste, pour répondre à des soupçons de blanchiement d’argent et de financement d’activités terroristes dans l’affaire de l’association «Namaa Tunes», de qualification des forces de sécurité de «Taghout» et d’implication dans l’affaire de l’appareil secret dont on impute la paternité à Ennahdha et aussi avec la victoire du oui au référendum du 25 juillet dernier sur la nouvelle Constitution et l’échec du Front de salut national piloté par Ennahdha à inciter les Tunisiens à boycotter le référendum, fusent, ces derniers jours, parmi l’ensemble du paysage politique national, principalement,  les  anti-Ennahdha, les appels adressés quasi-quotidiennement à Rached Ghannouchi lui demandant de tirer sa révérence, c’est-à-dire de quitter, de son propre gré, la scène politique nationale.

Et s’élèvent, de plus en plus, les voix qui considèrent que l’islam politique est fini et que les puissances régionales et internationales qui le soutenaient jusqu’à une époque très récente n’ont plus besoin de ses services et ont décidé de lâcher les  leaders de cette mouvance en choisissant de composer avec les nouvelles élites montantes qui ont réussi à supplanter les islamistes comme en Tunisie ou en Egypte, à titre d’exemple.

Rached Ghannouchi doit impérativement partir

Encore plus, ce sont les anciens compagnons de Rached Ghannouchi ou ses disciples connus comme étant les plus fidèles, les plus disciplinés, les plus proches, voire les plus dociles, qui se distinguent aujourd’hui par un nouveau discours, selon lequel s’il existe une seule chance pour qu’Ennahdha se réforme, il faut que Ghannouchi quitte la barque, de son propre gré ou qu’il  soit obligé de le faire au cas où les nahdhaouis désireraient encore faire partie de la scène politique nationale post-25 juillet 2021 et aussi post-25 juillet 2022.

Imed  Hammami, ancien secrétaire général d’Ennahdha, ancien ministre nadhdhaoui ayant conduit les départements de la Santé et de l’Emploi et de la Formation professionnelle, connu également pour être le signataire d’El Kamour, aujourd’hui dissident d’Ennahdha et fervent supporter, à titre indépendant, de la dynamique du 25 juillet 2021 et du 25 juillet 2022, n’y va pas par quatre chemins pour dire textuellement : «J’avais appelé, depuis septembre 2020, appelé Rached Ghannouchi à dégager de Montplaisir. Et j’ai compris qu’il était impossible de réformer Ennahdha tant qu’il est là».

Et Imed Hammami d’ajouter : «Je suis convaincu que l’islam politique a fait son temps. Quant au parti formé par Abdellatif El Mekki, je n’y ai pas adhéré parce que je ne me vois pas intégrer Ennahdha II». Il conclut : «Je ne suis pas prêt à intégrer un parti dont la base idéologique est l’islam politique».

Et pour revenir à l’actualité, on a vécu, hier, au rythme d’une nouvelle audition de Rached Ghannouchi auprès de la direction centrale de la Garde nationale à El Aouina, à propos d’une plainte déposée à son encontre par un syndicat sécuritaire l’accusant d’avoir qualifié les forces de l’ordre de «Taghout» (c’est-à-dire de forces de répression) lors de l’oraison funèbre de feu Mohamed El Aabar, dirigeant nahdhaoui, à Tataouine. Hier, après avoir été entendu par la brigade d’El Aouina, Rached Ghannouchi a été maintenu en liberté sur ordre du ministère public «après avoir pris connaissance des circonstances de sa comparution».

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