Vient de paraître «Gens de boxe» de Pierre Ballester : Azdine Ben Yaâcoub, l’Arabe du coin

Azdine a sa manière bien particulière de voir et d’apprécier les choses. Une certaine culture de l’originalité.  De la performance. La façon à la fois simple et compliquée, le goût prononcé pour l’audace, l’anormalité.

Dans un des chapitres du livre «Gens de boxe», l’auteur, Pierre Ballester, qui tient à montrer que ce sport permet de donner une certitude de bonheur, cite Azdine Ben Yaâcoub comme une référence à la fois expressive et significative.    Il en donne pour preuve tout ce que le natif de Djerba porte pour la boxe, pour le sport de façon générale, mais tout particulièrement pour son pays. Comme s’il était impliqué dans les réussites et même les performances accomplies à différents niveaux en Tunisie.

Azdine Ben Yaâcoub, «l’Arabe du coin», comme il le surnomme dans son livre, est justement le genre de personnage qui laisse rarement indifférent. «Méfiez-vous si d’aventure vous lui demandez conseil pour un projet de séjour en Tunisie. Sauf si vous disposez de trois heures devant vous. Pour vous faire une idée d’où vous allez mettre les pieds, il va vous rappeler «l’emplacement exceptionnel de (mon) pays, à la pointe de l’Afrique, face à l’Europe», remonter le fil de «trois mille ans d’histoire», convoquer la civilisation carthaginoise, le royaume berbère, les vagues successives d’immigration juive, l’implantation des comptoirs phéniciens, la province romaine, la domination des Vandales celle des Byzantins, l’arabisation du territoire avant le débarquement des Normands, suivie de l’arrivées des Espagnols chassés par l’empire ottoman avant que… ». C’est que Azdine Ben Yaâcoub aime se donner pour mission de faire l’éloge de la Tunisie, d’accompagner tout ce qui contribue à redorer le blason de son pays et à bien entretenir son image de marque. «Ne lui demandez pas aussi de vous situer l’île de Djerba, flottant sur la côte orientale dans le golfe de Gabès face à ses sœurs de Malte et de Sicile. A moins que votre train ait été retardé d’une semaine. Repliez-vous plutôt sur son propre parcours qu’il qualifie de «classique, ordinaire, pour un pays de l’Afrique du Nord». Classique et ordinaire, puisqu’il le dit. Une famille nombreuse, sept enfants nés de cinq mariages «puisque la polygamie existait du temps de mon père». L’arrivée au pouvoir de Bourguiba en 1956 instaurera notamment le droit des femmes à la régulation des naissances.

Il court partout et fait courir tout le monde

Comme le dit l’auteur, Azdine Ben Yaâcoub se revendique d’un peu de tout cela. De façon particulière, il s’est attelé dès son jeune âge à combattre la passivité, à renforcer le sentiment d’appartenance non seulement à une famille, mais aussi et surtout à un grand pays, la Tunisie. 

Il a au fait sa manière bien particulière de voir et d’apprécier les choses. Une certaine culture de l’originalité.  De la performance. La façon à la fois simple et compliquée, le goût prononcé pour l’audace, l’anormalité. Nous sommes même tentés de dire pour tout ce qui est étrange. Finalement, cette aptitude à vivre les grands moments avec un état d’esprit et un accomplissement bien particuliers. La singularité de plus en plus expressive. De plus en plus typique. «Dans une terre de migration, nous sommes tous l’Arabe de quelqu’un». Avant lui, il y a eu  le Tos, l’Espingoin, le Polack, le Rital. Ces gens-là ont donné Jazy, Kopa, Zidane.

Azdine emboîte le pas. A seize ans, il va devenir l’Arabe du coin. «Enfants de la rue, de la balle, de la belle étoile, on avait tout, on n’avait rien. Pauvres mais heureux».

On n’est jamais suffisamment prévisible lorsqu’il s’agit de faire son chemin, de forcer son destin. Mais on ne s’implique pas dans les  choses de la vie, comme on le fait ailleurs. Les valeurs, le devoir y sont plus forts. L’état d’esprit, la mentalité, aussi et surtout. «Azdine s’enhardit, connaît du monde, serre la pogne aux politiques, serre le couscous aux journalistes et le fameux téléphone arabe fait son œuvre. Il vante le concept du développement par le tourisme sportif. Il exhibe sa jovialité et l’esprit de découverte. Aux journalistes des deux bords de la Méditerranée, il leur fait découvrir la Tunisie et il présente les nouveautés. Il met sur pied des stages d’entraînement à Djerba, un semi-marathon qui passe de son village de Mellita».

Azdine court partout et fait courir tout le monde. La volonté et la ténacité sont fortement visibles dans toutes ses activités. Elles inspirent les personnes les plus déterminées, avec des idées et des valeurs certaines, et dont le seul intérêt est l’amour de l’autre … Fierté et patriotisme, c’est ainsi qu’on peut comprendre la réussite de Azdine Ben Yaâcoub. «J’ai toujours voulu promouvoir la Tunisie, par le sport, la culture, le vivre-ensemble». L’Arabe du coin de la rue, on le trouve partout. Il  s’intéresse aux quatre coins du monde. Il a pris de l’épaisseur. Mais il continue toujours et sans relâche à évaluer le chemin parcouru, à examiner ses traces de pas. Y a-t-il une recette miracle ? Celui qui a une vie saine et exemplaire peut adapter ses pratiques et ses convictions là où il passe. «J’ai toujours eu cette motivation et cette perception des choses, à savoir que quand je m’engage dans un projet, je le fais pour les autres. Et cela me procure une joie immense qui n’a rien de pareil…»

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