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Ils n’ont pas le droit !

Editorial La Presse

A travers ses différentes prises de position, les discours et l’apologie de ses principaux dirigeants, leurs plaidoyers et leurs réquisitoires, on a aujourd’hui une idée de ce à quoi ressemble le parti Ennahdha. A quoi le mouvement islamiste aspire, comment il appréhende l’avenir de la Tunisie et où il veut en arriver.

Tout ce qu’il laisse entrevoir, tout ce qu’il essaie d’instaurer traduit cette tendance à dénaturer la réalité, notamment sous l’effet d’arguments erronés, à compromettre les bases et les fondamentaux sur lesquels repose la démocratie. En un mot, à ne jamais s’identifier aux véritables besoins et impératifs des Tunisiens.

Selon le parti islamiste, le gouvernement en place «est responsable de l’inflation qui est passée de 6,2% à 8,2% en une année». Un gouvernement «incapable de prendre les mesures nécessaires pour la maîtriser». Un gouvernement à l’origine de «l’augmentation des prix des denrées alimentaires, de l’effritement du pouvoir d’achat des Tunisiens et de la pénurie des produits de base».

En se permettant une fuite en avant aussi cruelle, portant l’empreinte et les idées de dirigeants et de responsables qui savent pourtant ce que pensent les Tunisiens d’eux, il arrive ainsi qu’un parti politique cesse d’être moral. Surtout lorsqu’il héberge, voire chérit, des parties emblématiques. Cela participe à lui donner une certaine déconsidération. Une certaine dévalorisation.

Et à bien y penser, les alibis et les prétextes évoqués, les arguments, les moyens et les techniques utilisés pour tromper l’opinion publique ne font au fait que confirmer la dégradation de l’image du parti islamiste.  Une  image de plus en plus  confuse, de plus en plus brouillée.

On ne saurait suffisamment l’exprimer, mais dans leur nouvelle configuration, les rapports d’Ennahdha avec l’environnement politique sont entrés dans une phase de décomposition. Si ses dérapages sont bel et bien connus des Tunisiens, ceux de ses principaux dirigeants le sont encore davantage.

Finalement, on se demande de quel droit le parti islamiste et ses dirigeants osent-ils demander et exiger du gouvernement en place tout ce qu’ils étaient incapables de réaliser du temps où ils étaient au pouvoir ?

Ils sont tous allés trop loin. Ce n’est malheureusement pas une surprise. Ennahdha s’est ainsi entraîné dans un imbroglio qui risque d’avoir de lourdes répercussions sur l’avenir du parti.

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Un commentaire

  1. Brahim

    14 août 2022 à 09:23

    Monsieur le Rédacteur en Chef Principal. (et accessoirement confrère). J’aurais été tout à fait d’accord avec vous. Ce n’est un secret pour personne que la situation instaurée depuis 2011 et surtout la mainmise du parti islamiste sur les pouvoirs avec l’avènement de la Constitution scélérate de 2014 avec la bénédiction populaire que vous ne pouvez pas nier. Malgré les changements intervenus depuis le 25 juillet 2021 avec tous les rebondissements jusqu’au fameux référendum, la situation n’a pas beaucoup évolué. Face à l’incompétence politique, économique et sociale avérée et pathétique tant du Chef de l’Etat que de son gouvernement sans parler d’un administration pléthorique noyautée les précédents gouvernements (népotisme oblige !), je peux vous assurer que la parti islamiste et ses satellites ont encore de beaux jours…avec mois ou plus d’inflation. KS se voile la face, droit dans ses bottes et demeure à la merci des deux béquilles : l’armée et les forces sécuritaires. Et cela jusqu’à quand?

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