L’entreprise autrement: L’impasse ?

Conflits politiques à répétition et de plus en plus destructeurs, climat social explosif, Etat au bord de la banqueroute, flou inquiétant entourant les législatives anticipées, prévues pour le 17 décembre prochain, grave hémorragie touchant les ressources humaines, moral général à plat, etc. Tous les ingrédients sont, hélas,  là pour empêcher  toute tentative de relance sérieuse de notre  économie, pire de sauvetage du pays.

Une situation des plus infectes qui risque de nous plonger définitivement dans la spirale sans fin du sous-développement car notre pays, en plus du fait qu’il est au bord de la faillite financière,  a, hélas,  fait  faillite côté capital humain (faillite culturelle, intellectuelle, morale et sociale).

Celle-ci a fait régresser notre peuple, le confinant, de ce fait, dans le stade de l’enfance attardée avec des accès de fièvre d’une adolescence très mal encadrée pouvant déboucher sur la déliquescence. Une double faillite qui emboîte le pas à une honteuse faillite politique, à cause, entre autres, de l’échec  fracassant de la transition démocratique et son corollaire, la justice transitionnelle.

Or, on ne fait pas d’affaires avec les enfants, encore moins avec les adolescents en pleine crise d’identité et dont le processus d’adaptation à la réalité est compromis. Nous sommes, hélas, en plein dans l’immaturité affective, morale, intellectuelle, sociale et politique. Une immaturité aggravée par l’accumulation inquiétante et omniprésente des dysfonctionnements et des contradictions.

Ainsi et comme cela se répète depuis 1955, notre pays est en train d’accumuler les problèmes au lieu d’accumuler les richesses, toutes formes confondues. A quelques exceptions près, il n’a, en effet, jamais bénéficié, depuis ladite année, de la stabilité requise, la vraie, celle capable de le lancer sur l’orbite du progrès.

La pseudo-stabilité, observée de fin 1987 à fin 2010, n’a eu pour effets que d’aggraver la situation que l’on pourrait qualifier de «mal-développement », à laquelle nous avons abouti après avoir subi  les politiques publiques désastreuses imposées au peuple depuis l’indépendance de façade en 1956, sur fond de conflits politiques visibles et souterrains (au lieu de vraies politiques publiques, nous avions droit à des plans tactiques visant à maintenir le groupe dominant au pouvoir).

Mal-développement étant, rappelons- le, un concept mis au point par le célèbre agronome français René Dumont pour décrire la situation de certains pays d’Amérique latine, soit un développement plein de lacunes et de mauvaise qualité (le concept est sans doute inspiré de celui de malnutrition qui a vu le jour, après celui de sous-alimentation)

Pataugeant dans l’illégalité et l’amateurisme, le pouvoir de fait, qui est en train de « gérer » le pays (plutôt l’administrer, dans le sens archaïque et péjoratif du terme), continue de faire cavalier seul. Cela sans se soucier de l’extrême gravité de la crise économique,  alors que l’opposition, qui grandit de jour en jour, continue de boycotter toutes les mesures prises par le détenteur de ce pouvoir. D’où l’impasse politico-juridique dans laquelle se trouve le pays.

Elu sur la base de la Constitution de 2014 qu’il a violée à plusieurs reprises, puis suspendue pour enfin l’abroger et la remplacer par une autre, le locataire de Carthage se retrouve actuellement dans un formidable pétrin juridique qui sape aussi bien sa légalité que sa légitimité.

Grâce à sa nouvelle «constitution», il est, en effet, devenu le seul initiateur des politiques publiques. (Seul initiateur non astreint, de surcroît, à la redevabilité de ses actes). Il est donc tenu de concevoir et de mettre en œuvre lesdites politiques, dont celles,  urgentes, destinées à sauver le pays, son économie en premier.

Or, le détenteur du pouvoir de fait a été élu, en 2019, pour des prérogatives qui n’ont rien à voir avec les politiques publiques à caractère social, économique et culturel. Tout ce qu’il entreprendra n’aura donc aucune légalité d’où la nécessité d’organiser  une élection présidentielle anticipée et dans les plus brefs délais.

Pire, tout le monde sait que le locataire de Carthage  a démontré son incompétence totale quant  à la gestion du pays dans le cadre de la bonne gouvernance. C’est-à-dire en mobilisant ses ressouces autour d’un consensus minimal, à créer un climat serein capable de rétablir la confiance générale, à s’attaquer aux vrais problèmes et aux urgences, etc.

De plus en plus isolé, de plus en plus désorienté, le pouvoir de fait aura sans aucun doute son prêt FMI, tant attendu, et sa petite assemblée. Il restera, cependant,  illégal et illégitime et il vivra sous la hantise  du terrible spectre de l’explosion sociale, car il est acculé à appliquer les douloureuses exigences du FMI.

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