«Fontaine des rêves», une exposition de groupe à l’espace Ain : Vaut vraiment le détour !

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Coup de cœur pour le travail de Hamza Moussa avec ses métonymies graphiques. L’artiste présente plusieurs coups de crayons en petits formats où il personnifie le doigt et le présente dans différents états pour en faire une caricature de l’homme moderne.

Mohamed El Ayeb nous propose en entrée, pour cette nouvelle rentrée de l’espace Ain, une belle exposition d’arts visuels sous le signe de la découverte. La découverte d’une nouvelle génération d’artistes et de nouvelles approches picturales. Intitulée «Fontaine des rêves», l’exposition, qui se poursuit jusqu’au 28 octobre 2022 à l’espace Ain, présente des œuvres aux démarches éclectiques qui racontent des réels fantasmés et subjectifs vus, revus, fabriqués, montés et imaginés par Oumayma Ben Hamza, Amir Chelly, Hamza Moussa, Nadia Lajili et Aya Ben Amor. Onirisme et fantasmagories, humour et tons sérieux et/ou délurés, à chacun son propos. D’aucuns invoquent flore et faune pour raconter les maux de l’environnement et les délits commis par l’humain à l’encontre de Dame nature ou alors pour lui rendre hommage et la sublimer. C’est le cas d’Aya Ben Amor et Oumayma Ben Hamza : la première récupère des serpillières ménagères et y transfère des figures animales sauvages ou domestiqués. Posés, çà et là, entre autres singes, zèbre, serpents et autres rongeurs jouent une comédie bien particulière, fabulent, dénoncent, racontent l’anarchie… C’est une approche assez écologique, nous explique le galeriste en voyant dans les propos plastiques d’Aya Ben Amor une manière de rendre hommage à la nature et d’inciter à la préservation de l’environnement.

Œuvre de Oumayma Ben Hamza

Oumayma Ben Hamza nous propose des paysages marins spongieux colorés et fantasmés. Du travail de broderie que le galeriste lui connaît, l’artiste a choisi d’en garder cette idée de point et de proposer des acryliques en pointillisme très minutieux. Ses «broderies peintes», éclatantes de lumières et de couleurs, subliment la nature et en distillent de merveilleuses créatures animales et végétales, des chimères spongieuses, onduleuses et aériennes qui, à l’unisson et dans de subtils accords colorés, racontent la beauté et les mystères que recèle la terre. Coup de cœur pour le travail de Hamza Moussa avec ses métonymies graphiques. L’artiste présente plusieurs coups de crayons en petits formats où il personnifie le doigt et le présente dans différents états pour en faire une caricature de l’homme moderne. La symbolique polysémique du doigt n’échappant à personne ! Il est citoyen, évolue dans un quotidien, il est mégots, ballon de baudruche, s’attroupe pour manifester… Dans d’autres œuvres c’est toute la main qui est présente pour raconter la société du spectacle…

Nous retrouvons l’univers fantastique d’Amir Chelly qui expose des bas-reliefs en pâte à modeler. Un univers fait de créatures anthropomorphes aux corps altérés et difformes, aux traits fripés et à la mine pathétique et attendrissante, contrastée par la vivacité des couleurs qui les enveloppent.

Étant enfant, l’artiste était moqué et harcelé par ses camarades, une période qui lui insuffla l’idée de cette figure protectrice, monstrueuse et fragile à la fois à laquelle il confère des fois plusieurs yeux pour signifier la clairvoyance, la connaissance et la sagesse. Elle peut être des fois encore ailée et raconter le désir d’émancipation et la volonté d’aller au-delà des valeurs communes établies, comme, par exemple, s’affranchir des canons esthétiques.

Nadia Lajili expose un univers sombre et noir, traité en techniques mixte (collage, dessin, empreinte, estampillage). Elle y sème ici et là des clés (au sens propre et figuré, l’objet étant présent dans quasiment toutes ses œuvres) de lecture et par la même occasion des clés d’ouverture. D’autres objets à la symbolique bien évidente sont aussi présentés. Une sorte d’ésotérisme graphique où elle cite et met en scène des objets caractéristiques de la société de consommation.

Des artistes à découvrir absolument !

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