Commentaire | Plus facile à dire qu’à faire !…

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C’est souvent la même histoire avec le parti islamiste, version Ghannouchi, Bhiri ou encore Laârayedh. Ce ne sont pas leurs attitudes, et encore moins leur implication politique, qui vont redorer le blason du parti. Ce sont aussi surtout leurs discours qui ne sont plus acceptés.

La mauvaise passe que traverse Ennahdha, depuis qu’il n’est plus au pouvoir et qu’il ne contrôle plus les rouages de l’Etat, ne semble pas connaître de fin. La réhabilitation de ses structures et de ses bases est plus facile à dire qu’à faire. D’ailleurs, c’est souvent la même histoire avec le parti islamiste, version Ghannouchi, Bhiri, ou encore  Laârayedh. Ce ne sont pas leurs attitudes, et encore moins leur implication politique, qui vont redorer le blason du parti. Ce sont surtout leurs discours qui ne sont plus acceptés.

D’une épreuve à l’autre, l’évolution du mouvement islamiste est aux abois. Et même s’il suscite des fois l’espoir, il s’écroule rapidement et tombe dans ses travers.

Le problème est connu : le discernement que tente d’apporter la nouvelle génération par rapport au positionnement du parti n’est jamais accepté par les principaux dirigeants. D’ailleurs, c’est à peine qu’on reconnaît aux cadres l’aptitude de s’adapter aux exigences du moment, et surtout au nouvel ordre politique tunisien. Ils n’ont plus visiblement les arguments et particulièrement le profil adéquat pour être des patrons absolus.

On a beau penser que la force des hommes politiques est de se construire dans les moments difficiles. Visiblement, il n’en est rien pour Ghannouchi et ses principaux lieutenants, qui ne cessent de donner l’impression de s’égarer.

Avec ou sans Ghannouchi, Ennahdha n’a plus aujourd’hui le choix. Il a intérêt à revoir les paramètres de sa vie politique en termes non seulement de potentiel humain, mais aussi et surtout de manœuvre, de méthode et de stratégie.  Il faut dire que les Tunisiens ne voient plus ni les hommes, ni leurs agendas de la même façon. Il existe aujourd’hui une vraie cassure. On ne sait pas encore si Ghannouchi  jouit de la confiance totale des nahdhaouis. S’il peut continuer l’aventure ?  Et-il toujours l’homme de la situation ? En tout cas, les dérapages se suivent et se ressemblent et l’impact du parti n’a plus la même raison d’être.

En plus de Ghannouchi, les principaux inspirateurs du mouvement islamiste seraient-ils devenus, eux aussi et plus de dix ans après la révolution, indésirables ? L’opinion publique ne semble pas en tout cas prête à oublier les dérapages dans lesquels ils s’étaient impliqués. Ils ne leur pardonneront certainement pas tout le mal causé ici et là. 

Lesté d’un passé assez sombre, et surtout d’excès de bagages, fruits de défaillances politiques, mais aussi terriblement humaines, Ennahdha s’est  démarqué progressivement et sans s’en rendre compte des valeurs qui font remuer le peuple. Celles qui représentent la vitalité de toute l’action politique.

Dans les coulisses, on annonce certains cadres partants. On parle même et de plus en plus de leurs successeurs. Mais en public, les principaux dirigeants  continuent de se revendiquer sur la même lancée. Il n’empêche qu’ils font de plus en plus l’objet de critiques. Par rapport à leurs choix. Et par rapport au positionnement qu’ils tiennent à imposer au parti.

L’acte de remise en cause a-t-il bien sonné du côté de Montplaisir ? Qu’on se le dise : il est avant tout une obligation plus qu’un choix. Il faudrait se rendre à l’évidence et consentir que le parti a besoin aujourd’hui de se revendiquer de manière bien différente que celle préconisée jusque-là. Le changement pourrait passer, selon les analystes, par le haut de la hiérarchie. Mais aussi par davantage de responsabilisation et d’engagement. Il est clair qu’Ennahdha de demain est appelé à offrir quelque chose de qualité optimale à ses fidèles.

Le malaise ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait un bout de temps que le parti a du mal à exister et à cohabiter parmi les autres partis politiques. Sa rédemption reste encore tributaire des dispositions de ses principaux dirigeants qui ne prennent pas conscience des stratégies et des méthodes à prioriser. Ils s’égarent  au moment où ils devaient pourtant accéder à un nouveau palier, un autre statut, prendre une plus grande dimension. Sur les détails, il y a lieu vraiment de s’inquiéter à la vue de leur incapacité à trouver la voie de prédilection.

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