Commentaire | L’heure de la relève a-t-elle sonné pour l’élite politique ? : Plus aucune raison d’attendre…

 

Tout devrait commencer pour les uns au moment où tout semble finir pour les autres. Une nouvelle élite politique attend aujourd’hui sa chance. Attention, elle ne sera pas là pour la simple relève, mais plutôt pour remettre de l’ordre dans un environnement qui s’est longuement égaré. La force de l’âge peut flamber aussi bien que l’expérience. Alors vraiment, le défi ne mérite-t-il pas d’être relevé ? L’heure de la relève n’a-t-elle pas sonné ? Plus aucune raison d’attendre…

Il n’est plus difficile aujourd’hui de comprendre pourquoi la plupart des partis politiques n’arrivent plus à mobiliser la rue et pourquoi les Tunisiens se désintéressent de plus en plus de la vie politique.

On sait de plus en plus pourquoi une élite, censée pourtant jouer un rôle prédominant dans le paysage politique, n’évolue pas, pourquoi elle ne grandit pas, pourquoi elle ne s’élève pas. La réalité est là : les excès et les dérèglements que les Tunisiens ne cessent de déplorer, les choix et les motivations qui font courir tel ou tel ou tel acteur sont essentiellement dus à un fort mauvais usage de l’action politique. La désorientation est presque la même. On ne ressent pas, on ne ressent plus, le poids et l’influence d’une élite appelée pourtant à jouer un rôle prédominant depuis l’enclenchement du processus démocratique  en Tunisie. Les plus concernés sont notamment ceux qui auraient pu apprendre des différentes épreuves par lesquelles ils sont passés. Leurs attitudes et leur  comportement renvoient encore une image déplorable qui a contribue à fragiliser tout l’édifice. Si les écarts sont connus de tous, les mauvaises intentions le sont encore davantage.

Pendant de longues années, la Tunisie a eu à subir les choix et les orientations les plus contestés, les appréhensions les plus déplacées, mais aussi les dépassements de ceux qui se voyaient, et se voient toujours, intouchables, ou encore plus forts et au dessus de tout.

Pendant de longues années aussi, le paysage politique a sombré dans une discordance et une déviation avérées, voire standardisées. La clairvoyance n’a jamais été mise en évidence et les quelques signes de satisfaction étaient tout simplement synonymes d’une éclaircie dans la grisaille. Résultat : on ne se résout plus aujourd’hui à évoquer le paysage politique sans cette impression forte qui renvoie à des acteurs discrédités, désavoués.

Un éternel recommencement !

Il faut dire que le déficit de l’élite politique est en quelque sorte un éternel recommencement. La faible mobilisation de samedi dernier nous rappelle celles du passé. A l’exception du rassemblement de 2013, revendiquant le départ de la Troïka, on n’a jamais assisté à une affluence et un regroupement aussi importants que leurs initiateurs pouvaient l’espérer.

Il est regrettable de l’admettre : l’élite politique est entrée dans une phase assez critique. On ne veut pas généraliser. Mais la tendance se propage. Là où les valeurs et l’exemplarité risquent encore de ne plus avoir de sens, là où les actes et les positionnements deviennent de plus en plus conditionnés par des considérations personnelles, nous en appelons aujourd’hui aux alternatives, bien sûr s’il en reste encore.

La question essentielle n’est pas de savoir justement si la classe politique actuelle a réellement un présent, un vécu, mais si elle peut vraiment avoir un avenir.

L’impératif n’est autre que cette exigence destinée à reconquérir une crédibilité perdue, à redorer le blason d’un système à la traîne. Tout cela est strictement lié à la mobilisation inconditionnelle de toutes les parties. L’avenir, c’est surtout ce que les partis politiques sont appelés à montrer et à réaliser, notamment dans les  difficultés et dans les différentes épreuves qu’ils risquent encore d’affronter.

L’impératif, c’est aussi le retour à la raison de ceux qui, tout en lâchant les fondamentaux de leurs partis, avaient commis l’énorme erreur de se laisser entraîner dans une spirale à travers laquelle il leur est encore bien difficile de se relever.

Le nouveau contexte dans lequel se revendique aujourd’hui l’élite politique, avec ses contraintes et ses obligations,  impose forcément de nouvelles priorités. Les partis ne peuvent plus continuer à être gérés de la même façon qui a précipité leur déclin. Ceux qui sont à l’origine de cette descente aux enfers n’ont plus assurément de place. Ceux qui sont déterminés à écrire leur propre histoire n’ont plus aujourd’hui d’autre choix que de redistribuer les cartes. Même si les règles du jeu restent encore complexes.

Voilà en tout cas tant d’années que des partis et les formations politiques naviguent à vue. Pendant de longues périodes, et dans des différentes étapes, ce sont toujours les mêmes noms, les mêmes visages et les mêmes doléances qui reviennent. La plupart usés, alors que d’autres n’ont tout simplement rien apporté en dépit des avantages et des privilèges dont ils ne cessent de bénéficier.

Contre l’abîme, il serait judicieux de parler aujourd’hui de relève, et surtout d’hommes et de femmes qui ont les dispositions et les arguments nécessaires pour donner une nouvelle raison d’être à la vie politique, de nouvelles prérogatives. Et surtout une vocation d’un autre genre.

Au fait, tout devrait commencer pour les uns au moment où tout semble finir pour les autres. Une nouvelle élite attend aujourd’hui sa chance. Attention, elle ne sera pas là pour la simple relève, mais plutôt pour remettre de l’ordre dans un environnement qui s’est longuement égaré. La force de l’âge peut flamber aussi bien que l’expérience.

Alors vraiment, le défi ne mérite-t-il pas d’être relevé ? L’heure de la relève n’a-t-elle pas sonné ? Plus aucune raison d’attendre…

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