Ça ne rigole pas tous les jours

Editorial La Presse

Les Tunisiens peinent encore à le croire : que reste-t-il des promesses, des serments et des rêves de la révolution ? Pas grand-chose, dans la mesure où ils réalisent aujourd’hui que leurs espérances ont été souillées par des personnes égarées dans leur raisonnement et dans leurs actes. En tout cas, la situation actuelle de la Tunisie est très loin des promesses farfelues dans lesquelles les décideurs politiques s’étaient engagés. 

Pendant des années et des années, nous avons entendu, de la part de ceux qui ont usé et abusé des promesses, le même discours, la même démagogie, le même populisme au sujet de la reconstruction et la réédification du pays. Mais jamais, ou presque, les débats d’idées, les questions de fond, le sens de la bonne formule qui pouvaient en tout état de cause améliorer le quotidien des Tunisiens.

Les promesses envolées, les certitudes évaporées, on en vient aujourd’hui à constater les dégâts. Il est tout aussi regrettable que les Tunisiens, qui n’ont jamais autant souffert, aient fait confiance à des parties loin de pouvoir leur apporter l’assistance nécessaire.

L’initiative nationale de sauvetage, lancée par l’Ugtt, la Ltdh, l’Ordre des avocats et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, sur fond de partage de réflexion, pour sortir le pays de la crise actuelle doit prendre en considération l’impératif de tirer les leçons et les enseignements des dérives politiques. Qu’on le veille ou non, on doit admettre que le dialogue est la principale voie du sauvetage. Mais l’on doit aussi reconnaître que, du haut de leur passé sombre et ténébreux, les parties désavouées aujourd’hui par le peuple, qui ont prouvé leurs limites et leur incapacité à tirer le pays vers le haut et qui font tout pour revenir à l’avant-25 juillet 2021, ne s’accommodent plus vraiment des aspirations des citoyens. Ils ont trop dévié pour être aujourd’hui prêts à changer et à se racheter.   

Il faut dire qu’ignorés sous l’effet d’arguments erronés, les véritables besoins et impératifs des Tunisiens n’ont jamais été placés à leur juste valeur. Le pire est que les parties qui en assument la responsabilité ont encore le sentiment d’avoir raison. Leur appréciation des situations pendant lesquelles ils ont gouverné le pays leur paraît toujours juste !…

L’on sait que les questions essentielles pour l’avenir du pays restent toujours sans réponses. L’on sait aussi que le gouvernement Bouden est plus que jamais dans l’obligation d’enrayer les dérives et les manquements hérités spécialement du gouvernement Mechichi et les partis politiques qui lui servaient en ce temps-là de soutien et de ceinture politiques.

Cependant, l’on n’est pas censé ignorer que les priorités actuelles de la Tunisie sont davantage sociales et économiques que politiques. Il est de plus en plus urgent de faire face à la crise sociale qui a complètement altéré la vie des Tunisiens. Spécialement la classe moyenne et les catégories défavorisées.

Entendez, là où ça ne rigole pas tous les jours. Ou alors pas vraiment.

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