Le désenchantement politique toujours grandissant : Quelles leçons retenir ?

 

Comment persuader les Tunisiens de la nécessité de prendre part aux rendez-vous électoraux ? Comment assurer une meilleure participation politique, notamment dans les rangs des jeunes qui désertent petit à petit toute activité politique ?

Ce sont les jeunes qui se sont abstenus le plus durant les élections législatives. La situation est telle que seulement 1% des jeunes ont participé au second tour jusqu’à onze heures, le jour du scrutin. Ce chiffre illustre bel et bien ce désintérêt grandissant envers la participation aux élections.

Autant rappeler que ce désenchantement politique commençait même avant ce processus électoral du 25 juillet, le taux de participation aux élections s’affaiblit progressivement, depuis la révolution. Durant les législatives de 2019, ce taux était estimé à un peu plus de 41% alors qu’il était de l’ordre de 61,8%.

N’empêche que ces dernières élections ont marqué une abstention record qui exprime ce désintérêt envers la vie politique. Pour la société civile, cela doit marquer un point de non-retour en ce qui concerne l’interprétation de ces données pour tirer les enseignements nécessaires.

Pour le Centre Carter, le second tour des élections législatives tunisiennes du 29 janvier a de nouveau échoué à mobiliser les électeurs. Il souligne « le rejet par le peuple tunisien du processus politique initié par le Président le 25 juillet 2021 ».

« Le taux de participation historiquement bas, pour la deuxième fois en deux mois, confirme, pour toutes les parties prenantes tunisiennes, la nécessité de s’engager dans un dialogue national inclusif et transparent afin de relancer la transition démocratique du pays, aujourd’hui bloquée, et de parvenir à un consensus sur les solutions aux problèmes politiques, économiques et sociaux du pays. La faible participation électorale en Tunisie – environ 11% aux deux tours – marque une période difficile dans sa transition démocratique, qui a déraillé lorsque le Président a pris le contrôle de tous les leviers du pouvoir en juillet 2021. Les dirigeants politiques et les leaders de la société civile, ainsi que les parlementaires nouvellement élus, doivent rechercher un large consensus pour remettre le pays sur la voie de la démocratie », a-t-on expliqué.

Comment se rattraper ?

Si la société civile, comme d’ailleurs beaucoup d’autres acteurs de la scène nationale, appelle au consensus et au dialogue, il est aujourd’hui impératif de renouer avec une vie politique conséquente. Il est clair que le processus du 25 juillet a détruit cette hégémonie des partis politiques sur la vie politique exercée depuis la révolution. Sauf que l’intérêt des Tunisiens envers les affaires politiques a été également endommagé par une crise sociale et économique sans précédent.

L’enjeu étant donc de purifier la vie politique et rompre avec les divisions qui sévissent dans le pays et s’attendre à ce que les Tunisiens participent à nouveau aux formes d’engagement politique.

Mais quelle sera cette forme de participation ?

Il faut dire qu’il y a deux catégories de populations qui sont particulièrement abstentionnistes : les jeunes et les catégories populaires, des personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ne voient souvent pas l’intérêt de ce comportement électoral.

Comment les inciter à participer activement à la vie politique après cette rupture ?

Au-delà de l’acte du vote, c’est toute la vie politique qui doit être réanimée d’autant plus que l’enjeu démocratique repose largement sur ces formes de participation politique.

Les jeunes pas concernés !

Au fait, les jeunes Tunisiens ne diffèrent en rien des autres jeunes du monde par rapport à leur réticence avérée à la vie publique ; leur boycott de la vie politique n’est pas chose nouvelle, il remonte plutôt à une période antérieure à la révolution du 14 janvier 2011. Sauf qu’après la révolution, nous avons assisté à des formes d’engagement politique de la part des jeunes qui trouvent leurs origines dans les fameux sit-in de La Kasbah.

Leurs mouvements réprimés, leurs voix étouffés, certains d’entre eux ont basculé dans la délinquance et c’est ce qui explique aussi l’explosion du phénomène de migration clandestine. Si la criminalité ne peut pas être tolérée, il faut dire que toute la conjoncture sociale et économique explique ces comportements observés notamment chez nos jeunes Tunisiens.

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