Accueil A la une Affaire de la Banque Mondiale: De l’amplification des faits à la récupération politique

Affaire de la Banque Mondiale: De l’amplification des faits à la récupération politique

L’information a fait grand bruit et les économistes ont prédit une crise sans précédent et de graves répercussions. Mais la Tunisie peut se rassurer. Plus de peur que de mal, les responsables de la Banque mondiale font part de la poursuite de leur engagement en faveur de la Tunisie, et démentent certaines fausses informations.


Au départ, l’information a eu l’effet d’un séisme médiatique : la Banque mondiale suspend ses travaux en Tunisie. L’origine n’est autre qu’une note interne consultée par l’Agence Reuters. Quelques heures après, c’est la Banque elle-même qui brise le silence et confirme avoir suspendu provisoirement les discussions autour d’un nouveau cadre de partenariat stratégique avec la Tunisie, mais pas ses travaux. 

La polémique a enflé, et les économistes ont averti contre une crise sans précédent et contre l’effet domino, si on rappelle que les positions de la Tunisie sont déjà fragiles sur le plan international.

Mais, rapidement, les responsables de cette institution financière ont occupé les tribunes médiatiques pour rectifier le tir et faire taire cette polémique. Selon le vice-président de la Banque mondiale (BM) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ferid Belhaj, cette note interne s’explique par le sort de plusieurs agents de cette institution se trouvant en Tunisie et qui se sont retrouvés dans une situation inconfortable. « Le président de la Banque mondiale était dans l’obligation d’adresser un mot à ses collègues afin de les soutenir », a-t-il témoigné.

Ferid Belhaj a indiqué que la Banque mondiale est attachée à un ensemble de principes, dont « le refus du racisme et de l’exclusion ».

« L’agence a modifié sa dépêche. Néanmoins, on n’a pas modifié le titre. C’est pour cela que nous avons publié un communiqué… Le Cadre de partenariat avec la Tunisie devait faire l’objet d’une réunion avec le Conseil d’administration de la Banque mondiale le 21 mars 2023. Nous avons estimé que la majorité des échanges porteront sur ce sujet. Les points importants dont nous voulions débattre tels que la coopération avec la Tunisie et les projets sur le court et moyen terme n’auraient pas bénéficié d’assez de temps », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter que les différentes formes de coopération entre les deux parties demeurent intactes. « Ce que nous comprenons, à ses dires, c’est que l’affaire a pris une grande ampleur sans raison ». Ces éclaircissements ont été confirmés par un premier concerné. Le représentant résident de la Banque mondiale en Tunisie, Alexandre Arrobio, a estimé que la dernière mesure intervient dans le cadre de la préservation des valeurs de ladite banque. Il a indiqué que la note interne en question faisait référence à certaines mesures prises par le gouvernement. Il n’y a ni critiques ni condamnations. « Ça se limite à ça. C’est très important pour nous et pour notre staff. Il y a eu des déclarations qui ont été, par la suite, révisées. Il y a eu des inquiétudes dans le pays. Nous avons collecté des informations en Tunisie et auprès de notre personnel. Il a été estimé qu’il était nécessaire de rédiger une note interne », a-t-il déclaré.

Affirmant que des informations ont été déformées, il a noté que cette structure soutiendra toujours la Tunisie. « Nous offrons un appui financier, mais aussi du conseil, il s’agit d’éléments définis en fonction des priorités des gouvernements. Les activités d’appui financier sont appelées les opérations. Ceci a lieu à travers le cadre de partenariat. Il s’agit d’un document de planification », a-t-il encore expliqué.

Instrumentalisation politique

Au fait, ce nouveau rebondissement a été rapidement instrumentalisé par certaines parties politiques, et d’ailleurs on commençait à alerter contre l’isolement de la Tunisie sur la scène internationale dans cette phase critique.

D’ailleurs, le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied, était le premier responsable à réagir à ces informations. Commentant l’annonce de la Banque mondiale de la suspension de ses discussions sur le cadre de partenariat pays avec la Tunisie, le ministre a indiqué que « seul l’examen d’un accord de partenariat entre la Tunisie et la banque a été reporté, jusqu’à ce que le nuage passe ». 

« La Tunisie veut que le dialogue soit sans influences, loin de la campagne médiatique visant notre pays la dernière période », a-t-il souligné, réitérant ses remerciements à la Banque mondiale pour son soutien continu. « La Tunisie est un pays ouvert, criminalise le racisme et elle a été pionnière en matière d’abolition de l’esclavage depuis le 19e siècle », a-t-il dit.

En fait, ces derniers temps toutes les informations et tous les rebondissements de ce genre trouvent le même sort. De l’amplification des faits à la récupération politique, le Tunisien se trouve au cœur d’un milieu de désinformation et de manipulation. Mais autant dire que c’est l’image du pays et de toute une nation qui est mise en jeu en faveur de certains calculs et intérêts politiques.

A l’origine de cette crise, une campagne ciblant la Tunisie, comme le confirment le Président de la République, mais aussi de hauts responsables, visant à imposer au pays certains agendas politiques et géopolitiques.

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