La Tunisie est confrontée à des épisodes de sécheresse fréquents et prolongés en raison de sa géographie ainsi que du changement climatique. Ces sécheresses ont des impacts négatifs sur l’agriculture, qui représente une part importante de l’économie tunisienne, ainsi que sur la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable pour la population.
La sécheresse bat son plein en Tunisie. Le mois de mars a été marqué par une rareté des précipitations dans toutes les régions. La situation est tellement grave que les niveaux de remplissage des différents barrages sont très bas.
A Korba, le barrage Oued Chiba est presque à sec, le taux de remplissage atteint seulement 0,1% de sa capacité estimée à 3,8 millions de mètres cubes. Publiées sur les réseaux sociaux, les photos inquiétantes de ce barrage ont choqué les Tunisiens qui commencent à sentir fortement le danger approcher à grands pas.
Selon les dernières mises à jour du ministère de l’Agriculture, le taux de remplissage total des barrages a atteint 32,1%. Pour ce qui est des barrages du nord, le niveau de remplissage a atteint 37,7%, une situation extrêmement inquiétante qui promet malheureusement un été de soif.
«De 2017 à 2020, en juin, le barrage Sidi Salem accumulait 250 millions de m3 d’eau. Aujourd’hui, il y a un peu plus de 96 millions de m3 d’eau, alors qu’on ne peut pas descendre en dessous des 80 millions de m3 d’eau à cause des odeurs et de la sécurité du barrage. La quantité est très petite.
Nous sommes face à une situation exceptionnelle. De ma vie, je n’ai jamais vu une telle situation au niveau du taux de remplissage. Il s’agit d’un dérèglement climatique et depuis quatre ans, nous sommes dans un état de sécheresse», s’inquiète dans ce sens l’ancien secrétaire d’État au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rabhi.
La Tunisie compte actuellement plus de 35 barrages, principalement situés dans le nord-ouest, qui représentent une capacité totale de stockage d’eau de plus de 1,5 milliard de mètres cubes.
Ces barrages sont utilisés pour diverses fins, notamment l’irrigation, la production d’énergie hydroélectrique et la régulation des crues. Cependant, la plupart de ces barrages ont une capacité de stockage limitée et sont souvent remplis en dessous de leur capacité maximale en raison des pénuries d’eau fréquentes et de la carence des précipitations devenue chronique. De plus, la sédimentation des barrages réduit progressivement leur capacité de stockage.
Des défis énormes
La Tunisie est confrontée à des défis importants en matière de gestion de l’eau en raison de sa géographie aride et semi-aride, ainsi que de la croissance rapide de sa population et de son économie.
Selon les rapports de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Tunisie est l’un des pays les plus pauvres en eau du monde, avec une disponibilité en eau de seulement 450 mètres cubes par personne et par an, soit bien en dessous de la norme de stress hydrique de 1.000 mètres cubes par personne et par an.
De plus, la Tunisie est confrontée à des problèmes de qualité de l’eau, avec des niveaux élevés de pollution des eaux souterraines et de surface. Les sources d’eau naturelles sont souvent surexploitées et épuisées, ce qui entraîne une diminution de la quantité et de la qualité de l’eau disponible.
Autant dire que l’Etat a mis en place un certain nombre de politiques et de programmes pour améliorer la gestion de l’eau, y compris la construction de barrages et de stations de dessalement d’eau de mer, l’adoption de techniques d’irrigation plus efficaces et l’encouragement de pratiques de gestion de l’eau durables. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour garantir une utilisation efficace et durable de l’eau en Tunisie.
L’agriculture, première victime !
La Tunisie est confrontée à des épisodes de sécheresse fréquents et prolongés en raison de sa géographie ainsi que du changement climatique. Ces sécheresses ont des impacts négatifs sur l’agriculture, qui représente une part importante de l’économie tunisienne, ainsi que sur la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable pour la population.
Cependant, malgré de nombreuses mesures, la Tunisie reste vulnérable aux effets de la sécheresse, en particulier dans les zones rurales où les populations sont souvent les plus touchées. Par conséquent, il est essentiel de continuer à renforcer la résilience de la Tunisie face à la sécheresse en investissant dans des infrastructures, en promouvant des pratiques durables et en renforçant la capacité des communautés à s’adapter aux changements climatiques.
En effet, l’agriculture est frappée de plein fouet par cette situation que certains estiment catastrophique.
Le chargé des grandes cultures à l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche, Mohamed Rjaïbia, a confirmé ce constat, expliquant que l’Utap s’attend à une saison catastrophique dans les régions céréalières.
Rjaïbia a fait savoir que l’année précédente, la récolte céréalière a atteint 7,4 millions de quintaux, mais que cette année la récolte ne dépassera pas les 3.5 millions de quintaux vu la sécheresse.
Pour sa part, le syndicat des agriculteurs de Tunisie a exprimé sa «profonde préoccupation» de ce qu’il est advenu des champs de céréales et de fourrage, notamment dans les gouvernorats producteurs, à l’instar du Kef, de Siliana, de Jendouba, de Zaghouan et de Béja.
On explique que la récolte sera en deçà des attentes, et ne dépassera pas les 4 millions de quintaux, soit 12,5% de nos besoins estimés à 32 millions de quintaux.