Les supports écrits ont pu survivre aux avancées technologiques, sauf qu’aujourd’hui adhérer à l’ère digitale semble inévitable et les médias ne sont pas épargnés. La transformation digitale des médias tunisiens est-elle réellement engagée ? Comment assurer ce passage vers cette nouvelle ère tout en préservant les supports dits classiques ?
En visitant la rédaction de Snipe-La Presse, le Président de la République, Kaïs Saïed, a estimé que l’ère digitale et les supports électroniques ne peuvent guère remplacer le journalisme papier et les médias dits classiques. Cette thèse est défendue par d’autres personnes, dont des chercheurs qui postulent que les supports écrits ont déjà survécu à de nombreuses avancées technologiques, à commencer par la radio et arrivant à Internet.
Les supports écrits ont pu survivre, certes, à ces avancées technologiques, sauf qu’aujourd’hui adhérer à l’ère digitale semble inévitable et les médias ne sont pas épargnés. En effet, la transformation digitale des médias s’accélère non pas sous l’effet de choix éditoriaux, mais surtout par les contextes de consommation de l’information de plus en plus digitalisés. Ici, il n’est pas question d’aborder la question de la disparition des supports écrits, mais plutôt de renforcer leur existence par de nouveaux modes de production et de nouveaux récits journalistiques. Il est également question de multiplier les sources de financement et les modèles économiques en puisant dans ces contextes digitaux.
Une question de contenu
Qu’en est-il en Tunisie ? La transformation digitale des médias tunisiens est-elle réellement engagée ? Comment assurer ce passage vers cette nouvelle ère tout en préservant les supports dits classiques ?
Tout d’abord, il faut signaler que le journalisme numérique ne correspond pas simplement à un changement de support, les chercheurs et les professionnels du domaine s’accordent sur le fait qu’il s’agit avant tout d’une question de contenu. L’épreuve est de savoir proposer un contenu digital renouvelé en exploitant toutes les capacités des supports numériques. Ce sont les atouts de l’instantanéité, de la mobilité, de l’intelligence artificielle et d’autres que ce journalisme contemporain doit impérativement mobiliser. Le journalisme numérique repose sur l’utilisation des technologies numériques pour collecter, produire, diffuser et partager des informations journalistiques. Il s’appuie sur des plateformes numériques telles que les sites web, les applications mobiles, les médias sociaux et les plateformes de streaming en ligne pour diffuser des reportages, des enquêtes, des analyses et des commentaires à un public.
De même, le journalisme numérique repose également sur de nouveaux modèles économiques, tels que la publicité en ligne, les abonnements payants et les dons, pour financer la production de contenus journalistiques. Les médias numériques peuvent aussi utiliser des méthodes innovantes telles que le journalisme de données, le journalisme de solutions et le journalisme participatif pour produire des reportages plus pertinents et plus accessibles pour leur public.
Des médias en crise
En Tunisie, la plupart des grands médias traditionnels tels que les journaux et les chaînes de télévision ont créé des versions en ligne de leurs publications pour répondre à la demande croissante des lecteurs pour une consommation d’information en ligne. Certains médias ont également créé des applications mobiles pour atteindre une audience plus large.
Sauf que rares sont les plateformes numériques qui proposent un contenu renouvelé grâce aux atouts d’Internet. Ne parlons pas des médias dits traditionnels qui peinent sous l’effet d’une crise profonde à prendre le train des transformations digitales.
Autant dire que la transformation digitale des médias renvoie à tout un processus par lequel les entreprises médiatiques et surtout les rédactions adoptent des technologies numériques pour s’adapter aux nouveaux comportements et préférences des consommateurs en matière d’information. Ce processus implique tout un changement de paradigme dans la manière dont les entreprises de médias produisent, distribuent et monétisent leurs contenus. Les médias traditionnels, tels que les journaux imprimés et la télévision, doivent forcément s’adapter à l’ère numérique pour rester pertinents et compétitifs.
Les principaux aspects de la transformation digitale des médias comprennent l’adoption de technologies numériques pour la production, la distribution et la monétisation de contenus, la création de nouveaux modèles économiques pour la vente de publicités et d’abonnements en ligne, et l’utilisation de données pour mieux comprendre les préférences et les comportements des consommateurs.
Cependant, en Tunisie, la réalité est tout autre, les médias, même les pure-player dépendent toujours d’un modèle économique classique lié à la publicité. De même ils misent toujours sur un contenu qu’on peut trouver dans les supports traditionnels et peinent à offrir des récits journalistiques renouvelés. Il faut rappeler également que la transformation digitale des médias en Tunisie a été confrontée à des défis tels que la censure, la surveillance gouvernementale, et la sécurité des données, ce qui a entravé le développement de certains médias en ligne.
Les entreprises de médias font face à de nouveaux concurrents, comme les réseaux sociaux et les plateformes de streaming, qui offrent des options alternatives pour la consommation de contenus. Pour rester compétitives, les entreprises de médias doivent innover et proposer des contenus plus personnalisés, interactifs et multiplateformes. Elles doivent aussi profiter des points faibles de ce nouvel écosystème médiatique dont notamment le désordre informationnel provoqué.