• Le Snjt appelle au boycott de la plénière consacrée à l’examen du règlement intérieur
• Plusieurs journalistes protestent contre ces mesures devant l’ARP
• Des députés fustigent cette décision et exigent un vote
Alors que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a démarré, hier, l’examen et l’adoption de son nouveau règlement intérieur, la polémique autour de l’interdiction des médias privés et étrangers a attiré toute l’attention. En effet, si la plénière consacrée à l’examen du règlement intérieur a démarré comme prévu, les journalistes ont protesté devant le Parlement pour revendiquer leur droit d’y accéder en vue de garantir le droit des citoyens à l’information. Pourtant autorisée à accéder au Parlement, La Presse a tenu à respecter la décision du boycott des travaux de cette plénière, décrétée par le Syndicat national des journalistes tunisiens.
Notons que selon la diffusion des travaux de cette plénière assurée par la première chaîne nationale, de nombreux députés de différentes couleurs politiques ont exigé l’introduction d’un nouveau point à l’ordre du jour pour voter pour ou contre la décision prise par la présidence de l’ARP stipulant l’interdiction d’accès aux médias privés et étrangers. « Ce n’est pas de cette manière que nous allons transmettre un nouveau message sur l’image du Parlement », ont convenu les députés.
Et au président de l’ARP Brahim Bouderbala de s’expliquer. Prenant la parole, il explique que cette décision a été prise au niveau de la présidence du Parlement avant l’adoption du règlement intérieur. « Si nous faisons ceci, c’est dans l’intérêt du pays. J’ajouterai que ce processus est arbitraire et organisationnel, juste pour discuter du règlement intérieur. Après quoi les médias seront invités à désigner quelqu’un pour les représenter dans le suivi des travaux du Conseil, dans le cadre du système d’accréditation utilisé dans tous les pays du monde », a-t-il dit.
Sauf que ces explications n’ont pas convaincu les députés. L’élu Badreddine Gammoudi a appelé la présidence du Parlement à autoriser l’accès aux différents médias, car cette interdiction porte atteinte, selon ses dires, à la liberté d’expression et aux droits des citoyens. « C’est une décision bizarre, dans tous les pays du monde les parlements sont accessibles à tous les journalistes », a-t-il dit.
Le Snjt fustige !
Dès 9h30, le Syndicat des journalistes tunisiens a observé une marche, hier, devant le siège de l’Assemblée des représentants du peuple pour protester contre l’exclusion des journalistes du secteur privé et étrangers de couvrir la séance plénière consacrée à l’adoption du règlement intérieur de l’ARP.
Le président du Snjt, Mohamed Yassine Jelassi, a estimé que le chef de l’ARP n’a pas honoré ses engagements en assurant qu’il respectait les droits et les libertés des journalistes. « Le chef de l’ARP n’a pas honoré ses engagements envers les journalistes, il fait preuve d’une mentalité d’exclusion », a-t-il fustigé.
Pour sa part, le membre du bureau exécutif du syndicat, Abderraouf Bali, a déclaré que le pouvoir était derrière cette exclusion mais aujourd’hui, le Parlement empêche les journalistes de faire leur travail pour faire pression sur les médias indépendants.
Il faut rappeler que le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a appelé au «boycott» des travaux de la plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée à l’examen du règlement intérieur. Selon le syndicat, les journalistes sont invités à ne diffuser aucune information en lien avec la plénière consacrée au règlement intérieur de l’Assemblée des représentants du peuple, lit-on, lundi, dans une déclaration du Syndicat qui les exhorte aussi à «se focaliser sur cette entrave au droit à l’information».
Après une polémique sur l’interdiction des médias d’accéder à la plénière inaugurale le mois dernier, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Brahim Bouderbala, a souligné que la liberté d’information est un acquis majeur engrangé au lendemain de la révolution, promettant de raffermir cette liberté et de veiller à ce que les médias soient utiles.
«Nous ne voulons pas répandre une image obscène qui contribue à banaliser la vie parlementaire et politique», a-t-il martelé, soulignant que les médias assument une grande responsabilité dans la défense de l’intérêt supérieur de la patrie.
La liberté de la presse menacée ?
La liberté de la presse en Tunisie a connu de grandes avancées significatives depuis la révolution de 2011. Depuis lors, la Tunisie a adopté une Constitution qui garantit la liberté d’expression et de la presse en tant que droit fondamental.
La nouvelle Constitution de 2022 garantit également la liberté de la presse comme principal acquis de la révolution. Cependant, malgré ces avancées, la liberté de la presse en Tunisie demeure fragile et fait l’objet de nombreuses critiques. Les journalistes et les médias indépendants continuent de faire face à des obstacles tels que la censure, les poursuites judiciaires, les pressions économiques et les violences physiques.