LE Harak du 25 juillet n’hésite pas à l’affirmer haut et fort : «L’administration tunisienne abrite des infiltrés ». Il invite le Président de la République à « accélérer l’assainissement de l’administration » et à revoir certaines nominations, « particulièrement au niveau des ministères et des gouverneurs ».
Le Harak est convaincu que la réussite du processus du 25 juillet dépend en premier lieu des compétences dont a vraiment besoin aujourd’hui la Tunisie, et essentiellement en cette période transitoire.
Un autre message a été adressé à la Cheffe du gouvernement l’invitant à « éclairer les Tunisiens sur la réalité de la situation dans le pays », et exhortant toutes les forces nationales, les instances et les associations à « coopérer pour mener à bien le processus du 25 juillet et sortir le pays de la crise ».
Il faut dire que le réquisitoire du Harak est au fait partagé par la majorité écrasante des Tunisiens qui pensent que l’administration tunisienne ne s’est pas encore libérée du joug et de la domination des gouvernants qui s’étaient approprié le pouvoir au lendemain de la Révolution et qui avaient conditionné le destin de tout le pays à un agenda politique, appelé par la suite à se transformer en un phénomène…social !
Après plus de dix ans d’égarement, mais aussi de dérèglement, la Tunisie ne saurait se réhabiliter et retrouver les vertus du travail, de l’effort et de la performance, mais aussi de la justice sociale, tant que les plaies du passé sont encore ouvertes.
Il est évident que l’évolution à laquelle aspire le pays devrait en tout état de cause découler d’une certaine cohérence. La logique et le bon sens ordonnent en effet que la compétence soit le critère suprême et absolu, notamment dans les nominations aux postes de responsabilité. Ce qui doit s’imposer, ce qui est demandé, voire exigé aujourd’hui, tourne autour de l’efficacité, de la performance. Mais également et surtout des choix les plus appropriés. Tout est question certes de moyens, mais aussi de profil et d’aptitude. Car ce n’est pas l’argent qui fait les victoires et la réussite des équipes, mais plutôt l’usage que l’on en fait…
Il était pratiquement impossible à la Troïka de s’inscrire dans une perspective de rationalité et de constance. Les véritables besoins et impératifs de la Tunisie post-révolution étaient complètement ignorés, notamment sous l’effet de choix et d’orientations erronés, mais aussi de priorités contrariantes pour un peuple qui aspirait à autre chose et qui se voyait autrement. Incapables de comprendre qu’un nouveau monde devrait naître, Ennahdha et ses alliés étaient dans l’incapacité de permettre à la Tunisie de s’acheter une nouvelle conduite.
L’impératif serait aujourd’hui de saisir le sens de la rupture comme un processus dont il est possible de retracer les différentes étapes et d’analyser les conditions émergentes de redressement. Pareille approche suppose de ne pas en rester à la sphère des constats. Mais de comprendre le sens du changement au regard de nouvelles priorités, de nouvelles exigences…