Accueil Culture «Chaâla» d’Amina Dachraoui au 4e Art: Huis clos percutant sur l’abus de pouvoir

«Chaâla» d’Amina Dachraoui au 4e Art: Huis clos percutant sur l’abus de pouvoir

Présentée en avant-première au 4e art, la nouvelle création théâtrale «Chaâla» d’Amina Dachraoui, produite par le Centre des arts dramatiques et scéniques de Tataouine, est un huis clos haletant qui traite des rapports de domination-soumission entre un professeur universitaire et une étudiante. Une pièce sur la soif du pouvoir et de domination ancrée dans la réalité sociopolitique.

Chaâla, une jeune étudiante, fait irruption dans le bureau d’un professeur à qui elle confie sa difficulté à comprendre ses cours. Occupé à résoudre ses problèmes personnels en répondant aux multiples coups de fil, le prof ne lui prête pas attention mais devant son insistance, il finit par céder. Naïve et pleine de zèle, avec son sac à dos dont elle ne se départit pas, elle écoute terrorisée le prof qui, petit à petit, la domine, la vampirise et tente de la séduire puis de vouloir la violer.

L’étudiante, qui a enregistré toute leur conversation avec son smartphone, le menace de tout révéler à la police. Et c’est là que la pièce prend un autre tournant. Le prof, affaibli, perd ses moyens, ses forces et son énergie tandis qu’un élan de vitalité gagne l’étudiante qui a plus confiance en elle. Les échanges prennent une autre tournure et dépassent le cadre des codes sociaux engendrés par ce type de relation.

Les rapports de domination-soumission s’inversent entre les deux protagonistes qui entrent en conflit. Le professeur s’énerve d’autant que sa carrière est mise en jeu ainsi que son couple. La jeune fille timide devient insolente après l’agression subie par le prof, ce qui va précipiter sa fin.

«Chaâla» est largement inspirée de «Oleanna», la pièce culte de David Mamet, écrite et représentée en 1992 aux Etats-Unis, qui est un avatar de «La leçon» d’Eugène Ionesco. La pièce retrace l’histoire d’un simple face-à-face entre un prof et son élève qui va vite dégénérer vers un immense délire. La jeune élève s’immisce progressivement dans la vie du prof, jugeant son enseignement discriminatoire et élitiste. Amina Dachraoui s’est approprié le texte sans citer l’auteur initial. Mais cela ne diminue en rien le travail de l’adaptatrice et metteure en scène qui a réussi à présenter une œuvre de qualité. Sauf qu’il est plus honnête de rendre à César ce qui appartient à César.

Dans un décor qui se limite à un bureau et une chaise et des supports mobiles blancs servant à délimiter l’espace, la parole se délie pour révéler l’identité de chaque protagoniste. Le professeur, sadique et pervers, emploie un langage conventionnel qui devient progressivement menaçant. L’étudiante, déterminée, le pousse de manière obsédante à reconnaître son échec et c’est là que tout va basculer. La parole devient donc une arme fatale et dégénère en violence physique.

Durant une heure, les deux personnages, interprétés par Mounir Khazri et Haifa El Kamel, qui ont excellé dans leur rôle, s’affrontent dans ce combat sanglant sur l’état de l’enseignement universitaire où tous les écarts restent possibles.

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