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Drogue en milieu scolaire : Des consommateurs de plus en plus jeunes

La consommation de drogues bat son plein en Tunisie et notamment dans les rangs des élèves. La situation est tellement préoccupante que des enfants sont même victimes de toxicomanie. Ce fléau, un casse-tête pour les autorités, inquiète de plus en plus les Tunisiens d’autant plus que de nombreux réseaux de trafic de stupéfiants sont actifs dans les différents gouvernorats du pays.

Il ne passe pas un jour sans que l’on entende parler du démantèlement d’une bande de trafic de drogues et de la saisie d’importantes quantités de stupéfiants. Alors que le pays ne compte qu’un seul établissement de désintoxication, l’État peine à trouver les solutions adéquates pour limiter les répercussions d’un tel fléau.
En tout cas, cette situation est traitée au plus haut niveau de l’État. Le chef de l’État Kais Saied a, à maintes reprises, appelé à des solutions urgentes pour lutter contre le trafic et la consommation de drogues, soulignant que la prolifération de ce fléau témoignait de l’existence de réseaux organisés à l’échelle nationale qui traitent avec des réseaux internationaux. Dans ce contexte, le Président de la République a rappelé les tentatives de faire passer plus d’un million de pilules de stupéfiants à travers les frontières.
Les chiffres de consommation de drogues sont effrayants notamment dans les rangs des élèves. Alors que les récentes études font état d’une multiplication des cas de consommation de drogues chez les élèves et les enfants, les chiffres officiels ne reflètent pas la réalité, pour les spécialistes.
Les écoliers sont de plus en plus exposés à la drogue qu’ils jugent eux-mêmes facilement trouvable et accessible au point de ne plus se contenter de la consommer, mais pour certains de la vendre et mieux encore d’en faire la promotion.
Selon les statistiques de l’Institut national de la santé 7% des enfants tunisiens ont consommé de la drogue et 10% d’entre eux ont consommé la première prise avant leurs 13 ans, en 2022. L’accès est facile si bien que 16,3% des élèves estiment que l’achat des drogues est simple. 5,2% des enfants tunisiens ont «sniffé» du benzène ou de la colle.
Mais ces chiffres sont remis en question par la société civile dont certains rapports estiment qu’un élève sur deux a consommé au moins une fois de la drogue et notamment en milieu scolaire. Cela inclut même des pratiques alarmantes menaçant la santé publique alarmant, il s’agit de la consommation de drogues injectables avec en plus de leurs complications toxiques, cardio-vasculaire, des conduites à risque exposant aux VIH, virus des hépatites B et C , tous en baisse partout dans le monde, paradoxalement à une flambée continue en Tunisie.

Le milieu scolaire, un terrain propice !

La dernière enquête MedSPAD a révélé que près d’un tiers des adolescents scolarisés âgés de 15 à 17 ans, soit 31% des lycéens, ont déclaré avoir consommé au moins une drogue autre que le tabac et l’alcool, au moins une fois durant leur vie. Des chiffres alarmants face à un fléau auquel peu de solutions ont été mises en œuvre depuis plusieurs décennies.
Pourtant, presque quotidiennement, des opérations d’introduction de grandes quantités de drogues dans les établissements éducatifs sont avortées. Parallèlement, les forces de l’ordre parviennent toujours à dévoiler ces opérations de trafic de drogues notamment dans les passages frontières, où des dizaines de criminels sont arrêtés chaque année, dévoilant d’importants réseaux de trafic de drogues.
Or les différentes parties impliquées estiment que la lutte contre la drogue en milieu scolaire est un défi complexe. D’ailleurs, les sociologues misent sur des programmes de sensibilisation et d’éducation sur les dangers de la drogue, ses conséquences sur la santé physique et mentale, et les risques juridiques associés. « Ces programmes devraient être adaptés à l’âge des élèves et inclure des informations objectives et factuelles », estiment-ils.
De même, accroître la présence de personnel de sécurité ou d’adultes formés notamment dans les lycées pour surveiller les comportements suspects et les activités liées à la drogue, s’avère nécessaire. Cela peut inclure des contrôles réguliers dans les zones sensibles, comme les toilettes ou les endroits isolés.
Ils appellent également à la mise en place de services de soutien et d’accompagnement pour les élèves qui ont des problèmes de toxicomanie ou qui sont susceptibles de tomber dans la drogue. Cela peut inclure des conseils individuels, des groupes de soutien, des séances de thérapie et des références vers des professionnels spécialisés.

Une approche à revoir ?

« Le nombre de personnes qui se trouvent en prison en Tunisie pour consommation de drogue va de 6 mille à 8 mille, dont le tiers a été arrêté pour consommation de cannabis ». C’est ce qu’avait indiqué Wahid Ferchichi, professeur de droit public au terme d’une enquête menée en collaboration avec le collectif “Avocats sans frontières”. « Cette problématique touche surtout des jeunes de 16 à 35 ans appartenant à la classe moyenne ou démunie », ajoute-t-il.
Les différents spécialistes s’accordent sur le fait que l’approche sécuritaire et judiciaire longtemps adoptée en Tunisie serait contreproductive. Face à une la loi 52 sur les stupéfiants, qui prévoit l’application de peines sévères d’au moins un an de prison et d’une amende pour toute personne reconnue coupable de consommation de cannabis, la société civile appelle le Président de République à amender la loi afin de réduire la surpopulation carcérale en allégeant les peines, ou en les remplaçant par une amende.

 

 

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