Bady Chouchène, peintre installé à Chebba (Mahdia), expose à un rythme régulier chez son ami Mohamed Ayeb à la galerie Ain dont il reste fidèle. On retrouve cette fidélité dans sa démarche picturale du point de vue tant thématique que technique.
Sa peinture à l’huile se caractérise par une veine expressionniste, représentant un courant majeur de l’art moderne. Un expressionnisme moderne plutôt joyeux contraire à celui fondé sur des visions angoissantes. Il s’agit-là d’un expressionnisme à la tunisienne qui valorise un patrimoine et un mode de vie en déperdition.
L’exposition, qui a démarré le 2 juin et se poursuit jusqu’au 22 du même mois, propose 25 peintures à l’huile de format moyen. Rompant parfois avec les formes figuratives pour des formes abstraites, Chouchène opte pour des couleurs vives et lumineuses. La couleur représente un vecteur d’émotions. Leur contraste entre chaud et froid provoque des émotions chez le récepteur.
Ce qui confère une certaine musicalité procurant un sentiment de joie et de béatitude. Dans cette approche de peinture semi-abstraite colorée et résonnante, l’artiste expérimente une peinture émotive qui s’inscrit dans une longue filiation remontant à Paul Klee. Ce dernier a été l’un des pionniers à créer une intensité émotionnelle dans ses œuvres.
Sur le plan de la forme, le motif est presque dissolu quoiqu’il reste un peu apparent chez Chouchène. Le choix du sujet importe moins que l’expression de l’artiste, tant par la gestuelle libre que par l’intensité de la couleur. La gestuelle est assez brutale aux limites de l’abstraction. Elle reflète l’état d’âme du peintre dont on aperçoit sans doute dans « Porte d’entrée » un coin de son atelier. Source d’inspiration, la Chebba est représentée à travers son « Marché », « Aïd à la médina », « La mariée », « La vendeuse d’œufs », « L’étalage », « Le beau safsari », etc. un pan de l’histoire d’une ville ouverte sur la mer et son grand air, mais qui n’est jamais évoquée chez Chouchène qui préfère les dédales de la Médina.
Sur le plan de la couleur, une percée de bleu et de vert lumineux et parfois des taches de rose sensuel et d’orange éclatant, promesse d’espoir et de réjouissance colorée. Sans oublier le blanc exprimant à la fois la lumière et le silence d’un « Miroir », d’un « Jardin » ou d’un « Rêve ». Des envolées lyriques où se croisent toutes les couleurs pour former une belle palette riche en émotions.
Bercée dans un monde à la fois réel et imaginaire, l’œuvre de Chouchène se distingue par la vivacité de la palette, la spontanéité du geste et la puissance du trait.