Les faits, tout le monde les connaît, même ceux qui n’ont pas d’enfants scolarisés. Des revendications d’un côté, non satisfaites de l’autre. Et si lesdites revendications semblent légitimes, cet acharnement des syndicalistes à vouloir pénaliser les élèves, à se venger d’eux, à compromettre toute l’année scolaire, et, in fine, à détruire un peu plus un édifice qui menace de s’écrouler, le système scolaire national, peut-il être compris, admis par les familles tunisiennes ?
Si les Tunisiens ont été confrontés une fois de plus à une année difficile, à des pénuries de produits alimentaires, à la dégradation du pouvoir d’achat, en passant par les crises de toutes sortes, celle qui sévit entre les Fédérations syndicales et le ministère de l’Education a pris cette année des proportions autrement plus inquiétantes. Un sacrilège pour les Tunisiens.
C’est que malgré la dégradation du système éducatif public, malgré les chiffres effarants de décrochage scolaire, malgré la baisse générale du niveau des élèves, malgré les piètres résultats des régions aux concours nationaux, les Tunisiens restent attachés à leur système scolaire et à l’école publique. C’est comme ça. C’est culturel et quelque part historique. Ce bras de fer qui perdure, une année durant, entre le ministère de l’Education et les fédérations syndicales procure donc un sentiment profond d’impuissance et de colère dans l’ensemble de la société.
Les faits, tout le monde les connaît, même ceux qui n’ont pas d’enfants scolarisés. Des revendications d’un côté, non satisfaites de l’autre. Et si lesdites revendications semblent légitimes, cet acharnement des syndicalistes à vouloir pénaliser les élèves, à se venger d’eux, à compromettre toute l’année scolaire, et, in fine, à détruire un peu plus un édifice qui menace de s’écrouler, le système scolaire national, peut-il être compris, admis par les familles tunisiennes ?
Ces fédérations qui revendiquent la titularisation des enseignants par milliers, et appellent à des augmentations salariales rétroactives au sujet desquelles, il est vrai, l’Etat s’est engagé, savent pertinemment que si l’exécutif dit non, ce n’est nullement pour avoir le dernier mot, encore moins pour se venger des enseignants. Evidemment pas ! Mais parce que tout simplement les fonds pour couvrir ces dépenses supplémentaires ne sont pas disponibles. Il n’y en a pas. Comment le dire pour être compris. D’ailleurs en l’état, même le budget de l’Etat n’est pas bouclé.
Ces mêmes syndicalistes relèvent de la maison mère, l’Ugtt, celle qui a décrété sérieusement d’ignorer les « diktats » du FMI, voire de tous les bailleurs de fonds « capitalistes étrangers » et appelle la Tunisie à « compter sur elle-même ». Question pour un champion : comment ?
La crise est globale, les enseignants ne sont pas visés
Aux dernières nouvelles, l’Etat tunisien ne cache pas ses économies sous un matelas.
Les chiffres sont connus, publiés régulièrement par les instances officielles de l’Etat. Et tous les indicateurs sont au rouge.
Et si c’était le cas, l’Etat s’acquitterait de ses dettes, payerait ses fournisseurs qui refusent de livrer marchandises avant d’être payés rubis sur l’ongle ou alors rebroussent chemin chargés de leurs cargaisons.
Et si c’était le cas, le ministère de l’Education financerait, au moins, son centre national pédagogique empêtré dans des dettes inextricables qui risquent de mettre à l’arrêt ses activités.
C’est-à-dire ne pas éditer et distribuer les manuels scolaires de l’année qui débute dans quelques semaines !
Face donc à ce blocage général qui ne concerne pas que les enseignants du primaire, mais l’ensemble du pays, et pour boucler son année dans les règles, le ministère de l’Education s’est vu forcé de prendre des mesures, procédant à une retenue sur salaire ou la révocation de leur fonction, de chaque directeur d’école ou instituteur qui aura refusé de verser les notes des élèves sur la plateforme dédiée à cet effet.
Dans ses déclarations aux médias, M.Boughdiri a d’ailleurs indiqué que 150 directeurs d’école ont été destitués de leurs fonctions, après avoir refusé l’adoption de la procédure de versement des notes des élèves.
Droite dans ses bottes, la fédération, elle, est montée au créneau, faisant miroiter, comme toujours, les menaces de l’escalade et de reporter la crise à la rentrée prochaine. Un appel à la raison suffit-il à calmer les esprits pour revenir à de meilleures dispositions ?