Par notre envoyé spécial à Rome Khalil JELASSI |
Selon le Président de la République, la FAO est appelée à constituer un stock stratégique mondial des céréales auquel pourraient accéder les nations dans le besoin. «La nourriture ne doit pas se transformer en une arme détruisant les peuples», a-t-il insisté.
Le Président de la République, Kaïs Saïed, a pris part, hier, aux travaux du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires+2 tenu au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Rome.
Tout au long de trois jours, du 24 au 26 juillet, ce Sommet de grande envergure doit examiner les systèmes agroalimentaires mondiaux, tout en soulignant l’impératif d’une approche holistique et durable qui tienne compte des facteurs économiques, sociaux et environnementaux, et qui rassemble les populations afin de garantir des sources d’alimentation et des moyens d’existence durables pour tous.
Le Président de la République, Kaïs Saïed, a considéré que ce Sommet s’organise dans un contexte international qui connaît de nombreux bouleversements. Pandémie, migration, hausse des températures, manque de précipitations… le Chef de l’Etat a brossé le tableau d’une situation difficile à laquelle sont confrontés tous les peuples.
Les dernières statistiques onusiennes prévoient une hausse considérable des productions des céréales, a fait valoir le Chef de l’Etat, en s’interrogeant sur les causes des famines et de la pauvreté. «On explique cette situation par le conflit russo-ukrainien, mais l’Ukraine arrive en 9ème position en matière de production de céréales. Si cette guerre prend fin, qu’est-ce qui changera?», s’est encore demandé Kais Saïed, insinuant que cette crise des céréales est la cause directe du stockage, qui s’est transformé en arme contre certains pays en développement.
Selon le Président de la République, la FAO est appelée à constituer un stock stratégique mondial des céréales auquel pourraient accéder les pays dans le besoin. «La nourriture ne doit pas se transformer en une arme détruisant les peuples», a-t-il insisté. Et le Chef de l’Etat de rappeler que le monde connaît des changements climatiques considérables qui provoquent des sécheresses, sans précédent, affirmant que les peuples pauvres ne sont pas à l’origine des émissions polluantes, mais en sont les premières victimes.
Des peuples souffrent de soif et d’incendies
«Vous citez les énergies renouvelables et le dessalement de l’eau de mer comme solutions, mais en ce moment même des peuples souffrent de soif et d’incendies, y compris en Tunisie», a-t-il martelé. «Nous avons besoin d’une nouvelle conception mondiale pour entamer une nouvelle ère», a-t-il conclu.
Cette réunion qui fait le bilan deux ans après le Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, ambitionne de convaincre les gouvernements et les nombreuses autres parties prenantes d’adopter un processus de dialogue pour faire évoluer les choses.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté, pour sa part, la Russie à reprendre l’initiative des accords de la mer Noire, qui permettaient l’exportation de céréales ukrainiennes, «essentielles pour garantir la stabilité de l’approvisionnement et des prix». «J’appelle la Russie à reprendre la mise en œuvre des accords de la mer Noire et j’exhorte la communauté mondiale à rester unie dans cet effort pour trouver des solutions efficaces», a déclaré Guterres lors de l’ouverture du Sommet.
António Guterres a assuré qu’il poursuivra ses efforts pour «faciliter l’accès aux céréales et aux engrais d’Ukraine et de Russie», malgré la décision de Moscou, qui s’est déjà traduite par une augmentation du prix du blé.
En effet, au cœur de la crise des céréales qui frappe de plein fouet notamment les pays en développement, considérablement dépendant de l’importation, ce Sommet vise à trouver de nouvelles solutions à cette crise planétaire.
C’est dans ce cadre que les Nations unies ont, aussi, souligné que le Sommet des systèmes alimentaires constitue une occasion pour renforcer l’élan créé par le précédent Sommet. L’engagement envers le changement requiert un engagement total qui doit aboutir à des actions concrètes pour un changement réel.
Notons que ce Sommet de trois jours est marqué par la participation d’une vingtaine de chefs d’Etat et de 2000 participants venant de 160 pays.
Le système agroalimentaire est malade
La FAO définit les systèmes agroalimentaires comme tout aspect lié à l’alimentation et à l’agriculture. Ce que nous mangeons ainsi que la manière dont les aliments sont vendus, distribués et transformés. Il comprend également la manière dont les aliments sont cultivés ou récoltés sur terre et en mer, ainsi que d’autres produits non alimentaires, tels que les combustibles et les fibres. Tous ces processus impliquent une multitude d’activités, d’investissements et de décisions. Un système agroalimentaire rassemble tous ces éléments en un système interconnecté. Par exemple, si nous voulons cultiver des fruits et des légumes pour que les gens mangent plus sainement, nous devons penser non seulement à la culture des légumes, mais aussi à la façon dont ils sont livrés aux gens.
Cette organisation onusienne estime aujourd’hui que le système agroalimentaire est malade. La façon dont il est conçu et fonctionne signifie qu’il est faible, usé et qu’il manque de résilience. La frustration et le défi se situent dans la capacité du système agroalimentaire à fournir des solutions. Parmi les défis majeurs, la façon dont les aliments sont cultivés et produits contribue au changement climatique qui, à son tour, affaiblit le système agroalimentaire.
La Tunisie au cœur des défis
La Tunisie est l’un des pays les plus confrontés à ces défis liés à la défaillance des systèmes agroalimentaires. Selon des données publiées par l’Office des Céréales, la récolte céréalière a atteint, jusqu’au 10 juillet, 2,3 millions de quintaux, contre 6,7 millions de quintaux, la saison écoulée, soit une baisse d’environ 66%.
De même, la Tunisie fait partie des pays présentant un taux de stress hydrique “élevé” durant les prochaine décennies. D’autant que le taux de remplissage des barrages est inférieur à la moyenne. Jusqu’au 20 juillet, il a atteint seulement 34,9%.