Hommage posthume: Adieu Jalila

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La journaliste, écrivaine et militante féministe, Jalila Hafsia, est décédée, hier, à l’âge de 96 ans. Née le 17 octobre 1927 à Msaken, gouvernorat de Sousse, elle a commencé sa carrière au ministère de la Culture dirigé à l’époque par feu Chedli Klibi. La jeune Jalila avait trouvé en lui appui et encouragements. Les ministres de la Culture se succédèrent : Mohamed Yaâlaoui, Béchir Ben Slama, Jalila persistera. 

Une intellectuelle mordue de lecture, elle aimait également écrire. Elle était l’une des premières journalistes francophones de la Tunisie. Elle avait publié un roman en français, intitulé «Cendres à l’aube» en 1975. En 1992, Jalila Hafsia écrit «Soudain la vie», avant de publier les séries «Instants de vie» et «Chronique familière» entre 2007 et 2015.

Pionnières de l’animation culturelle, elle avait créé le club «Tahar Haddad», qui a vu la naissance de l’Association tunisienne des femmes démocrates, la Commission de la femme auprès de l’Ugtt et l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement. Elle a ensuite dirigé l’espace «Sophonisbe», à Carthage.

Jalila a été décorée par le président de la République par intérim Mohamed Ennaceur, le 3 octobre 2019 à Carthage.

Jalila avait accordé plusieurs entretiens à La Presse

Celle qui a été pionnière de l’animation culturelle, qui a côtoyé les plus grands hommes politiques, les femmes de lettres, les intellectuels célèbres, les écrivains et les artistes est partie discrètement, comme elle avait toujours été tout au long de sa vie. Aimant s’entourer de livres, elle fuyait la vie mondaine à laquelle elle était destinée de par son milieu. Elle aimait se retrouver seule et apprécier des moments de solitude et de quiétude.

Jalila Hafsia était un témoin avisé d’une époque lumineuse de l’histoire artistique et intellectuelle de la Tunisie. C’était aussi une femme qui a osé faire des choix et les assumer jusqu’au bout.

De son vivant, Jalila, comme elle aimait être appelée, avait accordé plusieurs entretiens à La Presse. Notre journal a couvert ses présentations de livres et séances de dédicace de sa série ”Chronique familière. Instants de vie”.

Esprit fin et humour subtil, outre sa grande culture, nous avons partagé avec elle des moments inoubliables. L’auteure de ces lignes a eu le plaisir et l’immense honneur de la côtoyer de près. A celle qui savait si bien manier les mots, on n’en trouve pas d’assez éloquents pour décrire le vide qu’elle laisse après son départ. A mon amie…

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