LES Tunisiens s’interrogent de plus en plus sur l’alternative que peuvent représenter les Brics par rapport au FMI et à ses exigences qui ne finissent pas. Officiellement, la Tunisie n’a pas encore exprimé sa volonté d’adhérer aux Brics. Plus encore, elle ne remplit pas les conditions d’adhésion à ce groupe. Cela ne l’empêche pas pour autant de renforcer ses échanges avec le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, les pays que compte ce regroupement.
L’on sait que, sans raison particulière, le FMI tarde encore à statuer sur le prêt demandé par la Tunisie pour sortir de la crise économique et financière par laquelle elle passe actuellement. Les raisons évoquées par cette institution financière ne sont pas vraiment convaincantes. Pire encore : les exigences que le Fonds monétaire international tient à imposer sont considérées par la majorité des Tunisiens comme étant une ingérence déclarée dans les affaires intérieures de leur pays. La levée de la subvention et la compression des salaires, telles que revendiquées par le FMI, risquent d’engendrer la réprobation et le refus des Tunisiens, pas seulement des classes défavorisées, mais aussi des Tunisiens ordinaires qui voient de plus en plus s’éroder leur pouvoir d’achat.
Le groupe des Brics est parvenu à créer son propre dispositif financier, qui est d’ores et déjà considéré comme une alternative au Fonds monétaire international. Sa nouvelle banque de développement aussi, l’on n’hésite pas à la qualifier d’alternative à la Banque mondiale.
Ces dernières années, le volume des échanges de la Tunisie avec les Brics a augmenté. Cette hausse a atteint environ 50% avec le Brésil et l’Inde, et 84% avec la Russie. La Chine est également devenue le deuxième fournisseur de la Tunisie après la France.
Les institutions financières internationales ont naturellement le droit d’exiger des conditions qu’elles jugent nécessaires pour apporter leur appui aux pays qui en ont besoin. Mais elles ont aussi le devoir d’agir dignement. Il faut dire qu’elles évoluent dans un ordre mondial qui leur donne accès à tout, ou presque, sans qu’elles ne le méritent vraiment. On a de plus en plus l’impression qu’elles multiplient les exigences et les recommandations où on ne voit réellement ni l’apport ni l’utilité…
Et si les Brics s’avéraient une carte à jouer pour contourner le FMI ? En tout cas, la Tunisie, comme d’autres pays de l’Afrique du Nord, dispose d’options sur lesquelles toute la région peut miser.
Niels Petersen
30 août 2023 à 17:03
En lisant cet article, je me rends compte à quel point les Tunisiens sont désespérés et la Tunisie dans l’impasse…