Budget 2024 : Les ressources financières, un enjeu de taille 

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En matière de finances publiques, l’année 2023 est, a priori, un pari gagné. Mais à en croire les experts et les économistes, l’année 2024 sera encore plus difficile, car la question du financement du budget de l’Etat n’est pas tranchée. 

Certes, 2023 n’était pas une année de tout repos sur le plan économique. Mais au vu de la mauvaise passe dans  laquelle se trouvent les finances publiques, la Tunisie a pu s’en sortir, non sans douleur. Elle est parvenue à rembourser près de 74% de sa dette extérieure, au moment où le défaut de paiement était la hantise qui horripile les acteurs économiques.

Sans accord avec le FMI, une des hypothèses qui sous-tendent la L.F 2023, l’exploit était improbable. Mais il est encore tôt pour crier victoire : à en croire les experts et les économistes, l’année 2024 sera encore plus difficile, car la question du financement du budget de l’Etat n’est pas tranchée. Réellement, quels choix s’offrent à la Tunisie qui, attachée à sa souveraineté économique, oppose un niet catégorique aux diktats du chef de file des bailleurs de fonds, en l’occurrence le FMI qui conditionne le déblocage de son prêt par des réformes douloureuses sur le plan social, et ce faisant, s’expose au risque de se couper des financements extérieurs ?

Dans ce cas, le gouvernement va-t-il poursuivre la même politique budgétaire de rigueur qui ne sera probablement pas sans effet sur l’ensemble de l’économie ? C’est dire que la mobilisation des ressources pour financer le budget de l’Etat pour l’année 2024, et parvenir à l’équilibre budgétaire, ne sera pas une tâche aisée. « Sans accord avec le FMI, il est difficile d’avoir  l’espace fiscal nécessaire qui va permettre à l’Etat de jouer son rôle économique via l’instauration, par exemple, d’incitations fiscales et de lignes de crédit mais aussi de stimuler les investissements qui sont un des leviers de la croissance », a expliqué, à cet égard, l’expert économique Abdelkader Boudriga, lors d’une interview à une radio privée.

Une politique de rigueur nuit-elle à l’économie ? 

Mais des alternatives, il peut y en avoir. C’est en tout cas ce que pense Skander Sellami, président de l’Association tunisienne pour la gouvernance fiscale qui a affirmé dans une déclaration accordée à La Presse que pour disposer de davantage de ressources de financement,  l’Etat peut œuvrer à l’amélioration du  rendement des entreprises publiques et à l’augmentation des ressources non fiscales, provenant de l’exportation des phosphates et du redressement de l’activité touristique.

Aussi, le gouvernement peut, selon l’expert, travailler sur l’optimisation du potentiel fiscal des acteurs économiques, et ce, en augmentant le volume de l’économie à travers la mise en place de mesures simples visant, à titre d’exemple, à réduire la bureaucratie. Mais rester sur une politique de rigueur en serrant la vis aura, selon Sellami, une incidence sur l’activité de divers secteurs et grippe les rouages de l’économie.  L’Etat peut-il alors  recourir au financement direct par la BCT ou à l’endettement intérieur ? Là aussi c’est un fin et jeu d’équilibriste auquel le gouvernement risque de se livrer où les dérives inflationnistes et l’effet d’éviction exercé sur les PME seraient le mal à endiguer.

Des incitations et de nouvelles mesures planifiées 

Mais malgré les difficultés financières auxquelles fait face le pays, le ministère des Finances s’en tire à bon compte: dans un souci de stabilité fiscale, le projet de loi de Finances 2024 ne prévoit pas  de nouvelles taxes.

C’est rassurant pour les PME dont les nouvellement créées  pourraient bénéficier à partir de l’année prochaine d’une exonération d’impôt pour une durée de trois ans. D’autres mesures en faveur de la mobilité électrique y seront également intégrées.

Dans une déclaration accordée à La Presse, le directeur général chargé du développement régional au sein du ministère de l’Economie et de la Planification, Samir Lazaar, a fait savoir que le PLF 2024 fera la part belle au secteur agricole avec  l’accent mis sur  la mobilisation des ressources hydriques.

Il prévoit, aussi, le démarrage de plusieurs projets de développement régional programmés par le plan triennal 2023-2025 tels que l’autoroute reliant Tunis Jelma et le port en eaux profondes d’Enfidha, avec en point de mire la lutte contre les inégalités régionales.

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