La Grande Mosquée Okba, construite par Okba, le compagnon du Prophète, en 670-674, qui est une référence dans le monde arabo-musulman, est l’un des plus beaux monuments du monde musulman.
Kairouan, cette ville emblématique, a toujours été un symbole multidimensionnel, un centre de rayonnement et un creuset de la culture qui a apporté une plus-value tout au long de l’Histoire.
C’est aussi une cité qui a grandement participé au tissage de la civilisation méditerranéenne sur tous les plans, notamment dans les domaines du savoir, de la science, des arts, de l’architecture, de la religion et d’autres secteurs. D’ailleurs, tous ses monuments historiques témoignent de la richesse de son patrimoine civilisationnel et de ses trésors. On citerait, à titre d’exemple, la Grande Mosquée Okba, construite par Okba, le compagnon du Prophète, en 670-674, et qui est une référence dans le monde arabo-musulman et l’un des plus beaux monuments du monde musulman.
Sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco
En outre, elle est située au cœur de la ville de Kairouan et est inscrite, depuis le 7 décembre 1988, sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Signalée de loin par un minaret d’où est lancé cinq fois par jour l’appel à la prière, la Grande Mosquée Okba occupe une place centrale dans l’espace urbain et elle est au cœur de la vie religieuse et sociale de cette ville musulmane.
Par ailleurs, tous les visiteurs admirent notamment les innombrables colonnes en marbre et en porphyre de la salle de prière et qui proviennent d’édifices antiques, romains et byzantins, cela sans oublier le minbar avec ses panneaux de bois sculptés, décorés de motifs polygonaux et floraux. A côté de cela, le minaret, haut de 31,5 m, s’élève en trois corps inégaux et superposés. A l’exception de quelques ajouts dans le pavillon supérieur, il est tout entier l’œuvre des princes aghlabides du IXe siècle, et inspiré de la silhouette du phare d’Alexandrie.
En ce qui concerne les terrasses qui couvrent une superficie de 4.000 m2, on a procédé, dans les années 1960, à des actions de restauration avec des dalles en béton armé, sans tenir compte de la spécificité de l’architecture traditionnelle des mosquées. Ceci a causé, au fil des décennies, les surcharges sur les colonnes intérieures et a engendré des infiltrations d’eau de pluie au niveau des joints de dilatation de ces dalles. On aurait dû restaurer les terrasses conformément aux traditions des matériaux utilisés, à savoir de la boiserie et des solives en bois, ce qui aurait pu alléger le fardeau sur les chapiteaux.
Il va sans dire qu’à chaque saison de pluie, les fidèles sont obligés de couvrir, avec du plastique, les nattes et les tapis pour les protéger. Et les agents de l’INP entreprennent, d’une façon périodique, des actions de réfection plutôt légères et sans pouvoir aller dans les profondeurs à cause des dalles.
Le projet de restauration en gestation
Notons, dans ce contexte, que depuis 2017, un don saoudien de 15 millions de dollars a été consacré à la sauvegarde et à la restauration de la Grande Mosqué Okba, de la Médina et des Aghlabides, or, cela a beaucoup tardé à se concrétiser, d’où l’exaspération des Kairouanais qui se sentent oubliés et marginalisés.
Mais voilà, enfin, de bonnes nouvelles suite à la séance de travail présidée, le 17 août 2023, par le ministre des Affaires culturelles, en présence de plusieurs de ses cadres. L’exposé présenté lors de cette réunion a mis la lumière sur les résultats des travaux préliminaires réalisés par le bureau des études internationales et par une équipe de chercheurs de l’INP et qui a révélé la présence de fissures profondes. Et un appel pressant a été lancé pour entamer au plus vite les travaux de restauration de la mosquée Okba.
Mme Hayet Guettat Guermazi a souligné la nécessité d’accélérer l’achèvement de la phase d’études au cours des prochains mois et de soumettre tous les documents, à savoir les rapports d’intervention et les photos du bureau des études internationales, afin d’entamer au plus vite les travaux d’aménagement et de restauration.
La ministre a ordonné dans ce contexte la formation de deux groupes de travail dont l’un se réunira périodiquement pour suivre l’avancement du processus de mise en œuvre du projet et une autre équipe élargie qui comprend la ministre de Affaires culturelles, les départements concernés et les institutions y afférentes, les représentants du bureau des études, des ministères intervenants, des représentants des collectivités territoriales de la municipalité de Kairouan et des composantes de la société civile.
Espérons que d’autres projets bloqués, dont l’hôpital universitaire du Roi Salman Ibn Abdellaziz, verront l’accélération de leurs études afin d’entamer au plus vite leur concrétisation.
En ce qui concerne la Médina de Kairouan, il est regrettable de constater que des restaurations de certaines demeures aient eu lieu au cours de la décennie noire avec l’utilisation de briques rouges et de dalles en béton à la place des matériaux de construction traditionnels, à savoir les briques cuites ou pleines fabriquées dans les gallalas, de l’argile mélangé à de la chaux compressée comme mortier, en l’absence de tout contrôle.