Développement du commerce électronique: Pour une meilleure intégration des entreprises informelles 

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C’est lors du déclenchement de la pandémie de Covid-19 que le secteur du commerce électronique a connu en Tunisie un boom sans précédent. Les chiffres relatifs aux transactions en ligne enregistrées depuis 2020 attestent d’une dynamique réelle et probablement pérenne qui s’est installée dans un secteur qu’on croyait, à tort, mort-né, souffrant, des années durant, d’une croissance molle.

Selon les statistiques officielles, le taux des personnes âgées de 15 ans et plus ayant effectué des achats en ligne a triplé au cours de l’année qui a suivi la crise Covid, pour atteindre les 17%.

« Même avec cette croissance, le potentiel du e-commerce demeure sous-exploité en Tunisie. On estime que le nombre de personnes pouvant effectuer des transactions en ligne peut atteindre un  tiers de la population si toutes les conditions sont réunies. Je parle ici, notamment, de la cyber-sécurité », a affirmé  Faiçel Belaïd, consultant international auprès de  la Cnuced, dans une déclaration accordée à La Presse, et ce, en marge de l’atelier de sensibilisation et de formation qui a été, récemment, organisé par le ministère du Commerce, en partenariat avec la Cnuced et la Confédération suisse au profit des entreprises du commerce électronique.

Les facteurs primordiaux

Selon l’expert, ce potentiel peut être atteint, voire dépassé, grâce à la formalisation des activités des entreprises informelles qui fleurissent dans le secteur, et ce, à travers la facilitation de leur accès au financement et la mise  à leur disposition des solutions de paiement sécurisées et simples.

Le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée et le renforcement des compétences des jeunes dans le domaine des nouvelles technologies figurent, aussi, parmi les facteurs primordiaux qui contribueront à la dynamisation du secteur.

Interrogé au sujet des défis persistants de paiement en ligne qui continuent d’être la pierre d’achoppement sur laquelle bute le commerce électronique en Tunisie, Belaïd a expliqué que l’étude réalisée par la Cnuced en 2022 recommande, notamment, de  réduire  les coûts des transactions en ligne qui  constituent une barrière à l’entrée pour les opérateurs et d’inciter les banques à promouvoir  leurs solutions de paiement pour encourager les PME à les adopter.

Il a ajouté que l’amélioration du cadre réglementaire relatif aux transactions bancaires avec l’étranger facilitera la formalisation des transactions et permettra aux e-commerçants de disposer d’un compte en devises à travers lequel ils peuvent être payés, mais aussi financer leurs dépenses à l’étranger.

La réglementation de la livraison est nécessaire 

De son côté, Khabeb Hadhri, directeur du développement du commerce électronique et de l’économie immatérielle au sein du ministère du Commerce, a expliqué que  la formalisation des activités des entreprises de commerce électronique, qui font florès sur les réseaux sociaux, constitue le défi n°1 pour le développement de ce secteur.

« L’absence d’organisation représentative, qui peut jouer le rôle d’intermédiation entre les acteurs du secteur et les autorités, rend tâche encore la plus difficile. Ces entreprises échappent au contrôle de l’Etat  qui ne peut intervenir que par le biais d’une décision judiciaire », a-t-il souligné.

Khabeb a ajouté qu’en dépit des difficultés qui brident le potentiel  du e-commerce, celui-ci  demeure un secteur pourvoyeur d’emplois où les jeunes prennent refuge et acquièrent de nouvelles  compétences. A en croire le responsable, le département ministériel s’est actuellement penché sur la question de la livraison qui pose aujourd’hui un vrai  problème réglementaire. Il est à noter que selon les dernières statistiques, il existe en Tunisie 1.100 sites électroniques utilisant des moyens de  paiement en ligne. Le nombre des transactions effectuées au cours du premier semestre de l’année en cours a atteint  7,5 millions pour un volume de 540 millions de dinars.

 

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