Témoignages en provenance de Gaza : Bombes, froid et inondations, l’enfer d’une population prise au piège

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• «Nous mourons depuis plus de 60 jours, et personne n’a rien fait», dénonce une patiente de 20 ans, amputée d’une jambe.
• Une reporter de CNN crie : «C’est l’horreur de la guerre moderne dans toute sa laideur…».

A Gaza, plus le temps passe, plus la situation se dégrade. Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU (Unrwa), a décrit ce qui se passe à Gaza comme «l’enfer sur terre…» ! Une expression qui a depuis fait le tour du monde.

Tous les témoignages en provenance de Gaza décrivent unanimement les horreurs et les atrocités que vivent les Palestiniens qui continuent à résister, en dépit de la puissance de la machine de guerre israélienne utilisée contre les civils. Outre les pratiques humiliantes et dégradantes des soldats de l’armée sioniste contre les prisonniers.

Après plus de 70 jours depuis le début de la guerre, le bilan ne cesse de s’alourdir, le ministère de la Santé du Hamas fait état de près de 19 mille martyrs, majoritairement des femmes, des enfants et des jeunes de moins de 18 ans, alors que le nombre de blessés  frôle les 50 mille.

Et faisant fi de toutes les règles et conventions en temps de guerre, les militaires sionistes continuent à s’en prendre aux populations civiles, y compris dans les établissements hospitaliers dont la plupart sont hors service.

C’est le cas de l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de l’enclave de Gaza, complètement assiégé et bombardé depuis plusieurs jours et où «les militaires israéliens sont allés jusqu’à tirer sur les chambres des patients», comme l’a rapporté l’agence AFP.

Clarissa Ward, reporter de CNN, qui a réussi à déjouer les restrictions imposées et a pu entrer à Gaza, fournit un témoignage vivant et poignant sur les «pratiques épouvantables» qu’elle y a constatées, dans les rues et pendant sa visite de l’hôpital de campagne.

Bâtiments soufflés, rues dévastées, jonchées de détritus

Dans son reportage, la correspondante de CNN explique que «quelques heures sont suffisantes pour avoir un aperçu de l’état catastrophique de la situation dans la Bande de Gaza et de ses habitants».

Et d’enchaîner : «Honnêtement, je pense que nous n’avons jamais vu des destructions d’une telle ampleur… Bâtiments soufflés, rues dévastées, jonchées de détritus et cernées d’eaux stagnantes à cause des récentes pluies. C’est l’horreur de la guerre moderne dans toute sa laideur…».

Evoquant, ensuite, ce qui se passe dans l’hôpital de campagne mis en place par l’Etat des Emirats, la même correspondante de CNN précise, encore qu’il «est difficile de contenir son émotion face aux lits d’hôpitaux occupés par de jeunes enfants gravement blessés, et des adultes mutilés et amputés…».

Le monde ne nous écoute pas

La journaliste cite, également, les propos émouvants et déchirants d’une petite fille, totalement sanglée  dans un plâtre : «Ils ont bombardé la maison en face de nous, puis notre maison. J’étais assise à côté de mon grand-père, et mon grand-père me tenait dans ses bras, et mon oncle, qui allait bien, nous a fait sortir», conclut la fillette en sanglots, à côté de sa mère.

«Le monde ne nous écoute pas», a dénoncé une patiente âgée de 20 ans et amputée d’une jambe. «Personne ne se soucie de nous, nous mourons depuis plus de 60 jours, à cause des bombardements, et personne n’a rien fait».

Toutes ces horreurs semblent laisser de marbre le chef du gouvernement sioniste en disant : «Rien ne nous arrêtera dans la guerre contre le Hamas, ni la mort de soldats ni les pressions internationales en faveur d’un cessez-le-feu…»

Son chef de la diplomatie, Eli Cohen, va plus loin en affirmant que son pays poursuivrait la guerre «avec ou sans soutien international».

Remettre de l’ordre dans la maison palestinienne en Cisjordanie et à Gaza

D’autre part et confirmant les coups qui lui sont portés par la Résistance palestinienne, Tel-Aviv reconnaît la mort de 115 soldats à Gaza depuis le 27 octobre.

De son côté, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a qualifié d’«illusion», mercredi, toute solution politique dans la bande de Gaza sans la participation des «mouvements de résistance» palestiniens.

Et répondant aux propos de Netanyahu, Ismaïl Haniyeh, basé au Qatar, a déclaré dans un discours télévisé que «tout arrangement à Gaza ou concernant la cause palestinienne sans le Hamas ou les mouvements de résistance est une illusion», tout en soulignant, toutefois, qu’il est disposé à discuter d’un «arrêt de l’agression à Gaza» et de «remettre de l’ordre dans la maison palestinienne à la fois en Cisjordanie et dans la bande de Gaza».

Le Hamas, selon lui, est prêt à entamer des discussions autour d’«une voie politique assurant le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant avec Al Qods comme capitale»…

Pendant ce temps, un deuxième point de passage pour l’entrée de l’aide humanitaire a été ouvert hier. Israël a annoncé avoir approuvé «temporairement» l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza par un point de passage, situé à Kerem Shalom. Celui de Rafah, situé entre le territoire palestinien et l’Egypte étant saturé.  Prenant soin d’ajouter que «seule l’aide humanitaire en provenance d’Egypte sera livrée à Gaza de cette façon», précise le bureau du Premier ministre.

En tout état de cause, l’attitude de Washington, qui reste déterminante pour la suite des événements, semble avoir enregistré une certaine flexibilité sans atteindre le degré de fermeté nécessaire pour espérer qu’elle fixe un calendrier ou des conditions pour mettre un terme à cette agression qui n’a que trop duré et ce bilan humain qui ne cesse de s’alourdir.

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