«Boomerang» de Hatem Karoui : Sympathique et poétique !

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Genre hybride, entre stand-up et one man show, Hatem Karoui, que nous connaissons slameur et acteur, se donne à cœur dans une aventure qu’il a tant fait rêver. Boomerang est une palette de personnages qu’il dessine à coups de gros traits, qu’il affine par endroits et floute par d’autres. Un beau succès auprès du public et une belle performance sans gêne mais tout en finesse.

«Boomerang» est né d’une expérience personnelle, un vécu et un constat. Parti au Canada pour une courte durée qui s’est relativement et volontairement prolongée. Au bout de six mois, l’expérience s’essouffle et tel un boomerang retourne au pays. D’où le titre de la pièce ou du stand-up que Hatem Kaoui nous a présenté la semaine dernière à El Teatro et ce Week-end à Mad’art Carthage.

«Boomerang» n’est pas un récit de vie mais une œuvre chorale par le biais de laquelle plusieurs personnages présentent un volet d’une réflexion sur l’immigration, l’intégration, le mal-d’être d’ici et celui d’ailleurs, des personnages que Hatem Karoui construit dans les détails d’un costume, d’une manière de bouger, dans un mode de pensée, dans un discours qu’on prête. Et bien qu’aucun lien visible ne lie ces profils différents, chacun est un instant à part qui apporte sa part de rire, de critique, d’originalité, de performance, ils se réunissent tous dans un désir de déclarer son amour et son attachement au pays.

Si le Canada est présenté dans l’imaginaire de plusieurs d’entre nous comme l’Eldorado rêvé, Hatem Karoui ne se gêne pas de nous affirmer le contraire. Chez-soi est un essentiel, les racines, les attachements et bien d’autres détails qu’il nous communique en filigrane dans un texte écrit avec pertinence, finesse, humour et sens critique. Les blagues et autres jeux de mots trouvent un écho chez un public qui détient les mêmes codes, la communication entre la scène et la salle est fluide et les personnages que Hatem Karoui endosse ont un air familier.

Ces multiples voix de l’auteur sont 10 personnages entre hommes et femmes, ils sont croustillants, bien dessinés avec du relief et des traits de caractère qui permettent la caricature et créent une certaine familiarité avec le public. Ce sont des personnages attachants reconnaissables sans pour autant être définis d’une manière nette. Ces contours flous permettent un jeu emphatique, décalé propre au genre.

Genre hybride, entre stand-up et one man show, Hatem Karoui, que nous connaissons slameur et acteur, se donne à cœur dans une aventure qu’il a tant fait rêver. «Boomerang» est une palette de personnages qu’il dessine à coups de gros traits, qu’il affine par endroits et floute par d’autres. Un beau succès auprès du public et une belle performance tout en finesse.

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